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Black Movie, cinéphilie proactive

Des films de Werner Herzog, Wang Bing ou encore João Pedro Rodrigues sont au programme de la 18e édition du festival, du 20 au 29 janvier à Genève.

Réputé pour sa défense radicale d’un cinéma indépendant et international, le festival Black Movie revient en janvier avec une programmation alléchante. Films africains, regards sur le pouvoir et la jeunesse, sexualité, voyage intérieur, défense des droits humains, sont quelques-unes des thématiques qui marqueront cette dix-huitième édition. Sans oublier le petit Black Movie, et ses courts-métrages animés à destination des enfants ; des master class, des débats et des Nuits blanches qui se tiendront à Kalvingrad (Usine), nouveau QG de la manifestation. Une vingtaine de réalisatrices et réalisateurs d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine sont attendus du 20 au 29 janvier, avec au fil des ans, des chouchous et de nouveaux regards émergents. Florilège de quelques pépites à ne pas manquer.

Herzog et Bing
Sorti en 2016, Lo and Behold: Reveries of the Connected World se présente comme une enquête personnelle sur les effets de la digitalisation du monde. A 74 ans, Werner Herzog (Aguirre, la colère de Dieu, 1972) y questionne en dix chapitres l’explosion des technologies de l’information, leur impact sur la vie quotidienne et la conception de l’humain. De la naissance d’Internet en 1969, à des fins militaires, aux avancées révolutionnaires de la robotique, en passant par les témoignages de victimes des réseaux sociaux, le panorama n’est pas une cure d’optimisme. Boîte de Pandore ou progrès pour l’humanité? Herzog demeure sceptique face à l’amour déclaré de certains scientifiques pour leurs intelligences artificielles ; prenant en charge la voix off du documentaire, il se demande face à une grappe de moines en robe safran au bord de la rivière Chicago, tous absorbés par leur iPhone: «Les moines ont-ils cessé de méditer et de prier? Ils semblent tous Tweeter.»

Loin de Chicago et de la Silicon Valley, les «Ta’ang» fuient la Birmanie pour se réfugier en Chine. Ces laissés-pour-compte de l’actualité internationale marchent avec leurs modestes biens dans la nuit, suivis de près par le réalisateur chinois Wang Bing (A l’ouest des rails, 2004 ; Les Trois Sœurs du Yunnan, 2012). Tourné sans autorisation et dans l’urgence, Ta’ang capte le dénuement quotidien de cette minorité ethnique en conflit avec l’armée birmane. Recherche et partage de nourriture, construction d’abris de fortune, maltraitance des militaires, rien n’échappe au cinéma ultra réaliste – à ras d’homme et de sujet – de Wang Bing. Film après film, avec une attention immodérée pour les marginaux, le documentariste dresse le portrait implacable du refoulé de la société chinoise.

Côté fiction, L’Ornithologue de João Pedro Rodrigues (O Fantasma, 2000) revisite le mythe de Saint-Antoine de Padoue sous l’angle homoérotique d’un récit initiatique. Incarné par Paul Hamy (Mon Roi, 2015), un passionné de la faune descend le fil d’une rivière en quête d’une espèce de cigogne en voie d’extinction. Son kayak se brise dans les rapides et il est sauvé in extremis par deux Chinoises fanatiques en pèlerinage pour Saint-Jacques-de-Compostelle. S’en suivent plusieurs rencontres improbables (dont un jeune berger nommé Jesus) dans un monde végétal peuplé de symboles, de rites païens et d’animaux. Filmé comme un western en décors naturels (une réserve au nord du Portugal), dans une mise en scène baroque, ce film de survie en milieu hostile est aussi «une odyssée mystique plastiquement magnifique», estime Pascal Knoerr, responsable des relations presse au Black Movie. Suivi par le festival depuis plusieurs années, notamment lors du focus sur le cinéma portugais en 2013, João Pedro Rodrigues sera présent à Genève avec l’acteur français Paul Hamy.

Chorale gay
Tourné à l’autre bout de la planète, Weekends s’appuie sur les ressorts de la comédie musicale pour évoquer les droits LGBT en Corée du Sud. Un pays majoritairement chrétien, où l’homosexualité reste un tabou et une honte sociale. Militant et drôle, ce docu signé Lee Dongha suit une chorale gay, composée exclusivement d’hommes qui se réunissent chaque fin de semaine pour pratiquer le chant et se soigner collectivement. Entre plans fixes en mode interview, où chaque protagoniste se raconte face caméra, et séquences de tournées à travers le pays, le film laisse aussi entrevoir les actions sociales menées dans la rue par ces citoyens de tous horizons (ils sont employés
lambda, designer, stagiaire, médecin) en faveur de la reconnaissance de leurs droits.

Dans un genre plus spectaculaire, l’ovni de cette édition sera sans aucun doute Baby Bump. Une plongée hallucinée dans les transformations d’un corps à l’adolescence. Avec ce premier long-métrage, le Polonais Kuba Czekaj appuie sur les effets visuels pour accorder la forme aux turbulences physiologiques de Mickey House. Un ado pustuleux, flippé, largué socialement et en proie à des cauchemars surréels que le montage accentue par des gros plans repoussants, des associations d’images, des écrans divisés et anxiogènes. «C’est un film clippé à l’extrême avec une esthétique des fluides et des humeurs sur-bruités, commente Pascal Knoerr, mais il nous fait toucher au plus près les modifications d’un corps adolescent. C’est typiquement le genre de film qu’on aime au Black Movie, décalé, impertinent et un peu punk.»

» Black Movie, du 20 au 29 janvier 2017. Lieux principaux: Maison des arts du Grütli, Spoutnik, Cinélux, Alhambra. Lieu central: Kalvingrad. blackmovie.ch