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Elvis Presley: le King des Queens?

Elvis Presley: le King des Queens?

De la trempe des plus grandes stars américaines, au même titre que Marilyn Monroe et James Dean, l’étoile d’Elvis Presley ne ternit pas 45 ans après sa mort. En attendant le biopic de Baz Luhrmann sobrement intitulé «Elvis» et dont la sortie en salle est prévue le 22 juin, calculons le Quotient Queer du King pour en avoir le cœur net.

Dans la royauté rock’n’pop, l’or est la couleur des souverain·e·x·s. Banane gominée défiant fièrement les lois de la pesanteur, Elvis Presley revêt son habit de lumière en positionnant son fameux pelvis en avant en 1957. Le King, c’est lui. Flairant le coup, sa descendante Madonna, dont l’anniversaire correspond à celui de la mort du rockeur, le 16 août, enfile à son tour une guêpière aux seins obuesques en lamé or signée Jean-Paul Gaultier pour accéder au trône au début des années 90. A leur mariage imaginaire, le King of Rock’n’roll et la Queen of Pop offrent des déhanchés délicieusement indécents au monde à leurs pieds. Ils ont même une fille, une princesse, qui entame les années 2000 en se trémoussant sur le bar en micro-short doré. Elle s’appelle Kylie. Cette famille royale a la particularité d’avoir une fan-base très queer-friendly. Cher, Dolly Parton, Britney Spears et Lady Gaga ont toutes tenté une version cross-dressing d’Elvis pour s’approprier un peu de la lumière du King souvent imité, jamais égalé.

Fantasme et révélateur de jeunes hommes gais

Lorsque Télérama lui demande en 2020 quel était son premier émoi au cinéma, le réalisateur John Waters répond: «Le premier film sur lequel je me suis branlé? Certainement Le Cavalier du crépuscule (Robert D. Webb, 1956) avec Elvis Presley. Elvis m’a permis de me rendre compte que j’étais gai. Personne ne m’avait jamais parlé de masturbation et quand j’ai découvert cette pratique, j’étais persuadé de l’avoir inventée!» Le roi du cinéma underground de Baltimore n’est évidemment pas le seul à qui Elvis provoque ce spasme révélateur de gaies pulsions. Plus lisse que Marlon Brando, moins torturé que James Dean, Elvis a la gueule d’amour du gendre idéal. Alors qu’il met mères et filles au diapason sur ses rythmes endiablés, toutes trop occupées à se pâmer devant l’idole, se trame dans son ombre la silhouette de l’idéal gai de l’Amérique puritaine des années 50. Sans qu’il n’en parle jamais ouvertement, mais pas non plus allergique à l’idée, Elvis Presley, si conscient de son image, ne peut décemment pas ignorer l’effet qu’il a sur les hommes. Prototype de la machine à fantasme gaie, il est cloné jusqu’à nos jours, en passant par la pub (Calvin Klein) et les boys bands des années 2000.

5/10

La rumeur gaie

Déjà, c’est pas cool de chercher à outer des personnes de leur vivant, on ne va pas s’y mettre après leur mort. Malgré la tentation à titre posthume, il n’y a aucune intention ici de s’approprier un défunt à nos propres fins. Toutefois dans le cas d’Elvis, les rumeurs persistantes sur sa prétendue homosexualité ont assez titillé le journaliste Rob Buchanan pour qu’il enquête séreusement sur le sujet. Le résultat, peu probant, est publié sur le site GCN (Gay Community News) en 2014. Plutôt que les tabloïdes, le journaliste commence par se plonger dans l’analyse des professeur·eure·s universitaires Albert Goldman et Marjorie Garber quant à la mystique androgyne et les qualités féminines d’Elvis. Il rappelle que de son côté, J. Edgar Hoover, le directeur du FBI, tristement connu pour se détester en raison de sa propre homosexualité, voit le King comme un dangereux pervers toxicomane. Le Bureau conserve un dossier complet de 683 pages sur la star. Son chauffeur et ami proche, Gerald Peters, l’affirme lui-même: «Elvis était un homme à hommes. Bien qu’il aimait tendrement Priscilla, il préférait la compagnie des mecs.» Ses hommes de compagnie sont connus sous le nom de Memphis Mafia. Il n’en faut pas plus pour voir défiler les images homoérotiques. Parmi ces hommes, l’acteur Nick Adams, qui n’est autre que l’ex de James Dean, devient le meilleur ami de Presley après la mort de l’acteur à 24 ans. Désormais inséparables, le King demande souvent à Adams de «rester pour la nuit», selon la biographe d’Elvis, Kathleen Tracy. Bromance platonique ou torride romance? Elvis n’est plus là pour le dire. Le fantasme lui a survécu.

5/10

Strass et extravaganza à Las Vegas

Elvis est la toute première et la plus grande star du rock’n’roll. Son aura est constituée d’une multitude d’éléments. C’est avant tout une voix, unique, chaleureuse, réconfortante, sexy. C’est aussi une façon de bouger et de se déhancher comme personne n’avait osé le faire jusque-là. Enfin, Elvis, c’est un look reconnaissable entre mille et déclinable à l’envi en costume de cabaret… ou de carnaval, selon les humeurs. Faux noiraud, il dissimule sa blondeur et dompte savamment sa chevelure en une banane lustrée, impeccable en toute épreuve. Après son grand comeback à Las Vegas en 1968, il laisse tomber le cuir noir pour des costumes extravagants inscrustés de pierres en toc à faire pâlir Elton John. Il n’y a jamais assez de strass et ses lunettes noires ne sont jamais assez grandes pour camoufler sur scène la décadence de sa dérive personnelle jusqu’à sa mort survenue le 16 août 1977. Il n’a que 42 ans.

4/10

Résultats: icône gaie malgré lui

4.6 sur 10

Un peu moins de 5 sur 10, Elvis fait un score posthume amical, sans plus. Pas étonnant en recontextualisant l’époque homophobe des années 50 et 60 aux Etats-Unis. Le monde se trouve alors à des années lumières de Years & Years. Quelques décennies plus tard, il porterait sans doute du vernis à ongle, des hauts talons et irradierait le public de Coachella en duo avec Harry Styles.