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Colin Firth, le fidèle allié

Colin Firth, le fidèle allié
Colin Firth face à Stanley Tucci dans Supernova, de Harry Macqueen.

Hétéro à la ville, Colin Firth revient dans le rôle d’un homme gay dans le film dramatique Supernova du réalisateur britannique Harry Macqueen. Nous avons calculé son Quotient Queer.

Le grand public l’avait découvert dans les mégahits au cinéma Bridget Jones et Love Actually au début des années 2000. Puis, la communauté LGBTQIA+ avait fondu pour lui dans A Single Man, adaptation du roman de Christopher Isherwood et premier long-métrage de Tom Ford en 2009. Sa bouleversante interprétation d’un prof d’université gay endeuillé dans le Los Angeles des années 1960 lui avait valu la récompense du Meilleur acteur aux BAFTA Awards en 2010. En 2021, l’acteur de 60 ans revient avec un autre rôle de personnage gay dans Supernova aux côtés de Stanley Tucci, dont le récit s’articule autour de la démence. Et pose au passage une nouvelle fois la question de la légitimité d’un acteur hétéro pour interpréter un personnage homosexuel. Voici quelques éléments de réponses par Colin Firth himself.
 
Un hétéro dans la peau d’un gay
Interrogé à ce propos par le magazine gay Attitude, l’acteur anglais ne prend pas la chose à la légère, bien au contraire. «Après toutes ces années à jouer la comédie, je n’ai pas de position définitive à ce sujet, a-t-il répondu. La question est toujours d’actualité, j’y ai beaucoup réfléchi avant de faire mon choix. À chaque fois, pour chacun des rôles que je choisis, j’ai le sentiment d’une présomption insupportable. Quel droit aurais-je de jouer tel ou tel personnage? C’est toujours le point de départ. Que sais-je de la vie de cette personne? Comment puis-je présumer une appropriation du vécu de cette personne, comment essayer de la représenter?» Hmmm, ça en fait des questions, Colin. Pour éviter de répondre à la question initiale? Cette façon d’éluder est un rien agaçante, tout comme la question de départ estiment certain·e·x·s. Mais elle n’enlève rien à la charge dramatique des personnages gay interprétés par l’acteur, diamétralement opposé aux clichés du genre.

7

Le combat contre l’homophobie à Hollywood
Dans la course pour l’Oscar du meilleur acteur pour son rôle dans A Single Man en 2010, c’est Jeff Bridges qui avait remporté la statuette cette année-là. Questionné à propos de la difficulté d’incarner un personnage gay quelques mois plus tard, Colin Firth répondait – non sans humour – dans les colonnes du Japan Times: «C’est marrant, on ne se demande jamais comment jouer un hétérosexuel. Cela dépend du caractère individuel. Quant au « risque » en tant qu’acteur, on voit très souvent dans des films hollywoodiens des acteurs pas gay jouer un personnage gay et être nominés pour des prix. Un gay incarnant un gay n’est généralement pas nominé. Je pense que le système hollywoodien maintient les acteurs homosexuels dans le placard, l’industrie les discrimine. Il y a encore très peu d’hommes de premier plan ouvertement homosexuel». Des propos recueillis il y a dix ans, beaucoup d’eau a heureusement coulé sous les ponts depuis. Ce qui est certain, c’est que Colin Firth a toujours œuvré pour la visibilité de l’homosexualité dans l’industrie du cinéma.

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Une filmographie très gay
Il y a une vie avant et après A Single Man dans la carrière de Colin Firth. En 1988, l’acteur âgé de 28 ans campait son premier personnage gay dans le film culte Apartment Zero. Il y incarnait un Britannique sous le charme d’un Américain terroriste de droite. Vingt ans plus tard et deux ans avant le film de Tom Ford, il rejoignait le casting de la comédie musicale Mamma Mia! dans le rôle de Harry Bright, un des pères possibles de Sophie ouvertement gay. Lui-même dit ne pas s’expliquer pourquoi on lui propose systématiquement ce type de rôle. «Peut-être parce que je suis timide, ou simplement parce que je suis britannique, déclarait-il toujours dans le Japan Times. À Hollywood, on considère qu’être anglais et gay est assez proche.» En tout cas à celles et ceux qui en doutent encore, Colin Firth prouve que l’humour anglais l’emporte à tous les coups.

8

 

Résultat: Humain avant tout

Avec 8,3 sur 10, Colin Firth remporte un score plus qu’honorable. Loin d’être le premier acteur à incarner des rôles gay à l’écran, il ne force pas le trait contrairement à beaucoup d’autres. Par ailleurs, il n’est jamais tenté par une interprétation clownesque de ses rôles, qu’il prend très au sérieux. Diamétralement opposé à l’inoubliable Michel Serrault dans La Cage Aux Folles, Colin Firth ne cherche pas à «performer» et dans le cas de George dans A Single Man, l’acteur réussit ce tour de force de rendre secondaire le fait que son personnage soit homosexuel, jusqu’à le rendre terriblement humain, tout simplement. Ce qui se révèle certainement le meilleur des éclairages sur la communauté LGBTQIA+.

8.3

Barème du QQ

1 hostile
2 méprisant
3 indifférent
4 opportuniste
5 amical
6 défenseur
7 allié
8 engagé
9 très engagé
10 militant