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Zoubisoubisous

Depuis le 24 mars dernier, 110 affiches montrant des couples homos qui s’embrassent sont placardées sur les murs de Genève à l’instigation de Dialogai. 360°, de son côté, a pris ce «message de la tolérance» au pied de la lettre et l’a testé en situations réelles... Où peut-on se bécoter tranquilles dans cette ville?

Café Le Remor
OUI Lieu cher à l’intelligentsia locale, le Remor est le rendez-vous des Genevois. Vendredi et moi entrons dans l’arène le grand bistrot ronronne et s’asphyxie de fumée. Assis sur une banquette en demi-cercle, je saute aux lèvres de Vendredi et lui enfonce ma langue dans sa bouche charmante.
Résultat: Quelques regards interloqués mais aucune agression.
Remarque: La glace à la cannelle est toujours aussi bonne.

Le Tram 13
NON Le réseau TPG vient d’inaugurer de nouveaux modèles de trams bien plus exigus que les traditionnelles rames. J’en profite pour m’asseoir sur les genoux de Vendredi. Il m’enlace la taille et nous nous embrassons sur la bouche. Une auguste dame entre deux âges s’écrie: «Mais enfin! Il y a des lieux pour ça.» Je lui rétorque: «Mais, Madame, nous ne faisons rien de mal.» Sur quoi un homme très bien mis s’en mêle «Arrêtez votre grabuge, elle a raison.»
Résultat: Abstenez-vous.
Remarque: Les TPG ont augmenté leurs tarifs.

Migros Jonction
OUI Vendredi et moi allons à la Migros seulement le samedi, parce que nous sommes un couple de travailleurs comme les autres. Au rayon fruits et légumes, une botte d’asperges nous inspire les désirs les plus lubriques. Mais nous contrôlons nos émois. Vendredi me poupoune le cou, car il aime ma nouvelle eau de toilette. Sa lippe s’empare du lobe de mon oreille en même temps que ma main caresse ladite botte d’asperges. Les ménagères continuent leur ballet incessant autour de notre petit manège frivole. Personne ne nous voit, tant les prix des promotions sont attractifs chez Migros.
Résultat: Rien à signaler.
Remarque: Il y a un grand arrivage de nouveaux articles M-Budget.

La Poste du Stand
OUI Cet office du centre ville a la particularité de laisser patienter les gens à la queueleuleu sans leur permettre de s’asseoir. Heureusement Vendredi et moi sommes très vigousses et avons les cuisses musclées. L’attente est longue et pour passer le temps je l’embrasse comme de raison.
Résultat: Tout le monde s’en fout.
Remarque: La poste ressemble de plus en plus à une épicerie.

Les Rues-Basses
MOUAIS Quoi de plus délectable qu’un bain de foule dans les rues marchandes? Mon chouchou et moi avons eu un coup de foudre pour un petit plaid en cachemire dans une boutique dont les tarifs sont hors de nos moyens. Nous errons sur le macadam en nous riant de notre manque d’argent. Là Vendredi m’empoigne et c’est toute l’histoire du baiser hollywoodien, mais version homo, qui s’offre au vu des passants. Une bande de petit miquelets traîne dans les parages. L’un d’eux: «Mate les bouffons!» Un autre: «Laisse tomber. Y font comme y veulent.»
Résultat: Aléatoire.
Remarque: Tout est cher aujourd’hui.

Chez Lipp
OUI Cette brasserie est la cantine des working boys et la dînette des élégantes. Les serveurs en uniforme de pingouin sont dynamiques et très pro. Vendredi et moi avons la passion des fruits de mer et Lipp s’avère être la meilleure adresse en la matière. A table, nos doigts entrent en contact par-dessus nos assiettes garnies. Enfin au moment de recevoir l’addition toute douce un petit bisou tout doux aussi couronne notre repas.
Résultat: No blème.
Remarque: Le mille-feuille aux fruits rouges, un régal.

Devant un poste de police
OUI C’est par hasard que nos pas nous conduisent rue Michel-Roset vers ce haut lieu de la maréchaussée. Vendredi a peur et je ne me sens pas bien dans mes chaussettes. Oserons-nous? Deux uniformes sortent du bâtiment, l’occasion de rejouer notre scène. Avec la langue. L’un des agents: «Ils font quoi?» Et Vendredi: «Il vient de me faire sa demande en Pacs.» Le policier: «Ah bon!» Tout le monde tourne les talons dans ses petits souliers.
Résultat: La police est charmante.
Remarque: Ils pourraient changer d’uniforme.

A la piscine des Vernets
NON Vendredi nage comme un poisson dans l’eau. Moi, je meurs après une traversée. Mais il me pardonne car je le laisse lorgner les autres mecs dans les douches communes. Comme nous sommes à nos ablutions, je colle mon corps contre le torse de Vendredi qui s’enflamme et m’embrasse gentiment. Un quinquagénaire passant par-là nous rudoie: «C’est pas bientôt fini oui?»
Résultat: Abstenez-vous.
Remarque: Vendredi a chopé un mycose plantaire.

Au cinéma Les Rex
OUI Nous mâchouillons du pop- corn assis au dernier rang tout en sirotant des boissons alcoolisées. Vendredi m’embrasse puis pose sa caboche sur mon épaule. Il me susurre: «J’en ai marre de jouer l’amoureux pour ton test idiot. J’en ai marre de mon célibat à la con et, en plus, tu pues de la gueule. Tiens, tu veux un chewing-gum?»
Résultat: Tout baigne.
Remarque: Vendredi s’est pris une beigne.

One thought on “Zoubisoubisous

  1. Ouf ! C’est fini !

    Les murs de Genève ont enfin été nettoyés. Ces photos inesthétiques et tristes qui rendent mal à l’aise les gays qui s’assument et les lesbiennes bien dans leur peau ont enfin disparu de nos rues , cette campagne datée et inaboutie qui ne fait qu’enfoncer des portes ouvertes est enfin derrière nous.
    Voilà la conclusion que l’on pourrait tirer du mini-dossier « Zoubisoubisous » du n° 36.

    De quoi parlez-vous ? D’une campagne de pub instrumentalisant le couple homosexuel à des fins commerciales, d’une action de communication d’un groupe homophobe ?
    Non, seulement de la campagne de visibilité de l’homosexualité auprès du grand public initiée par Dialogai.

    D’abord quitte à paraître ringard, moi, je les trouve pas si tristes ni si moches, ces photos et il n’est pas encore là le jour où la police prendra les photos des casiers judiciaires aux Bains des Pâquis ou devant « La Clémence ». Et puis elles ont plutôt majoritairement plu, à ce que je sais, mais bien sûr un succès populaire ne peut pas être un gage de qualité face aux conclusions assenées de haut par deux ( 1 + 1) professionnels sensées être l’avis des (tous ?) professionnels.

    A Genève, donc, les portes comme les mentalités sont ouvertes (Merci pour Sion et Fribourg, et tous les autres !). Quelle arrogance ! Mais à part Vendredi et Emmanuel pour s’amuser (peut-être même juste pour se moquer), vous voyez souvent des couples homo s’embrasser ou même seulement se tenir la main au « Rémor », « Chez Lipp » ou dans les rues basses ? Mais bien évidemment c’est juste parce que tous ces gays ne s’assument pas et que toutes ces lesbiennes sont mal dans leur peau ? Mais peut-être est-ce aussi parce que 35% des gais genevois affirment encore avoir subi une forme de violence au cours des derniers 12 mois et donc qu’ils se méfient un peu des réactions qu’ils pourraient susciter en montrant seulement qu’ils sont amoureux…d’un homme .

    Il y a les portes qu’on croit ouvertes mais qui se referment sitôt qu’on les lâche : celle de l’homophobie en est une qu’il faut encore avec opiniâtreté toujours et toujours enfoncer.
    Parce qu’elle nous revient souvent dans la figure. Une petite preuve : petit florilège d’un article du journal de la Fédération des Entreprises Romandes sous le titre « Sodome et Gomorrhe à l’affiche » : « les gays ….qui hormis quelques expéditions punitives condamnables et condamnées dont ils ont pu être les malheureuses victimes …ne souffrent pas en général de discrimination particulière.», « Ils ont le droit de s’aimer. Mais cette ostentation est en elle-même suspecte. Provocatrice et prosélytiste. », « Même soft, ils (les homosexuels sur les murs) agressent, ils bafouent la plus évidente des normalités»,« On ne saurait occulter qu’ils (les adolescents, acteurs des affiches) pourraient contribuer à perturber des enfants ou des jeunes qui se cherchent en brouillant les dernières valeurs de référence qui leur restent. » . Alors toujours ouvertes, les portes ? Alors utile, cette campagne ?

    Et pour juger de l’efficacité, il faut avoir la patience et l’honnêteté d’attendre un peu qu’une étude d’impact puisse être réalisée. Mais il y a déjà un résultat indéniable : l’un des buts de cette campagne était de rendre l’homosexualité présente (et non tolérable) dans la cité et de susciter un débat sur cette présence dans la cité. Ce but est déjà atteint vu la couverture médiatique de l’événement et le nombre de signes d’intérêt positifs qui se sont manifestés dans la communauté homo et au-delà.

    Je connais des rédactions qui ont sauté pour des erreurs de clairvoyance journalistique bien moins flagrantes … Peut-être qu’un peu plus de respect et d’approche positive du travail des autres aurait permis de garder un peu plus de distance et d’objectivité dans le traitement que votre rédaction a fait de ce sujet.

    Richard BONJOUR

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