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La bête qui monte: Marc Bauer

La bête qui monte: Marc Bauer

Dans chaque numéro, 360° pose à une figure montante du monde des arts les questions qu’adresse MTV au héros de Bret Easton Ellis Victor Ward dans son dernier roman «Glamorama» (Ed. Robert Laffont). Un questionnaire de Proust revu et corrigé par les restes de la colère du Pop Art.

Première «bête qui monte» à s’y coller: Marc Bauer, peintre, vidéaste et sculpteur genevois qui vient d’exposer «Archeology» à Attitudes (Genève) et dont le travail est présenté en mai dans le cadre du concours fédéral des Beaux Arts à la Messe de Bâle. Il est également l’auteur de «Across the great channel» publié par Memory/Cage Editions (Zurich).

Restaurant «Le Comptoir», Genève. La salle immaculée est comble. Marc Bauer commande une bouteille de Cabernet californien après nous avoir fait remarquer que l’endroit était cool «parce que personne ne porte de chaussures à moins de 350 francs». Il écrase une Dunhill internationale rouge et demande si la personne installée deux tables plus loin est un enfant ou un nain. Après avoir bu un Martini blanc:

Alors quel effet ça fait d’être la bête qui monte?
C’est cool, parce que tout le monde t’offre à boire. C’est super sensuel. C’est assez fou. Du reste, souvent dans la rue je me dis: «Je sens la bête qui monte». Comme quand t’es hélitreuillé, mais d’une manière statique.

Comment penses-tu être perçu par les autres?
Comme quelqu’un à qui on doit toujours offrir à boire: quelqu’un qui est cool. Comme je suis sympa et que je dis toujours des trucs intelligents et que je donne toujours des idées à tout le monde, on m’offre toujours à boire. Ceci dit, cette question est vraiment trop intime, parce qu’après, tout le monde va voir mes névroses d’image.

Justement…
Si on me sourit, ça va.

C’était bien d’être la guest star de «Beverly Hills 90210»?
C’était assez fou, parce que tout ça était assez virtuel, en fait. J’avais pas la conscience véritable d’être là où j’étais. Comme dans un rêve, mais ils ont coupé toutes les scènes où j’apparaissais.

Tu te considères comme un symbole d’une nouvelle génération en Europe?
Non, parce que la génération actuelle se drogue, s’amuse et fait plein de choses stupides.

Mais qu’est-ce que tu vois quand tu prends en considération ta génération?
Je vois des gens beaux, bêtes et méchants.

Et qu’est-ce que tu en penses?
Que c’est sexy mais que j’en fais pas partie.

Mais les années 90 sont terminées non? Tu ne penses pas que faire ce que tu fais est une régression vers une époque que la plupart des gens veulent oublier? Est-ce que les jeunes ne veulent pas moins d’opulence?
Je pense que tout est fini, quelque part. C’est comme dans «La quatrième dimension»: il y a cette bombe qui explose et il y a ce type dans sa bibliothèque. Il se dit: «Ah, je vais pouvoir lire jusqu’à la fin de ma vie.» Et puis, ses lunettes tombent. Il les voit pas et il marche dessus. C’est un peu comme: «Que devient le blanc quand la neige fond?» Ou: «Qu’est-ce qu’on rajoutera au sel quand celui-ci aura perdu sa saveur?» C’est hyper tragique.

Qu’est-ce que tu penses de la mode?
C’est n’importe quoi. Moi, je suis à côté. Y’a tellement de gens qui la suivent et qui espèrent être devant un jour que vaut mieux être à côté. Comme ça t’as le courant de face. Y’aura toujours quelque chose qui te reviendra dessus.

Des éclaboussures?
Ouais, mais tu pourras dire: «J’ai été éclaboussé par la mode!»

Est-ce que tu as quelqu’un dans ta vie?
Oui.

Comment il s’appelle?
Il s’appelle… (silence hésitant) il s’appelle… Oh, non, je suis obligé de dire que je suis seul maintenant!

Il y a des rumeurs selon lesquelles…
Ouais, mais j’attends toujours…

Tu as quel âge?
21 ans.

Non, vraiment. Précisément.
Et neuf mois.

Le succès c’est quoi? C’est s’aimer soi-même et ceux qui pensent différemment peuvent aller se faire foutre?
Non, c’est idiot. Faut aimer les autres. Faut aimer les enfants.

Qu’est-ce qui fout en l’air Marc Bauer?
De grossir. Et aussi: quand tu fais quelque chose de vraiment bien et que personne ne le remarque. Style: t’es à un banquet, tu paies pour tout le monde et tout le monde trouve ça normal.

Mais de la reconnaissance dont tu parles alors?
Ouais, pourquoi? C’etait sur le succès la question?

Non, sur ce qui te fout en l’air…
Ah! ben, alors ça, justement, c’est un truc qui me fout en l’air.

Non. Qu’est-ce qui te rend vraiment furieux? Qu’est-ce qui te fout en colère?
Les files d’attente.

Nous pensions à des choses comme la guerre en Bosnie ou l’épidémie du sida ou le terrorisme aux Etats-Unis. La situation politique actuelle, par exemple?
Ouais, je pense que si j’étais soldat ou femme violée, ça me foutrait aussi en l’air.

Quoi d’autre?
Ce qui m’a vraiment foutu en l’air dernièrement, c’est les gens qui disent que le sexe c’est juste pour procréer. J’ai vu ça à la télé. C’est pour ça qu’il faut à mort être bonobo. Ou dauphin.

Tu as… compris la question?
(silence)

Tu as déjà souhaité disparaître de tout ce truc?
Ouais, mais je pense que je vais me réincarner. Je serai une sorte d’entité flottante. Je vais me réincarner dans le cœur des gens pour leur apporter un peu d’humanité. Parce que les gens sont tellement méchants. L’autre jour, je me suis fait agresser à la Coop. J’ai acheté trois tresses précuites et j’ai mis du temps à les mettre dans mon sac. Et la cliente d’après qui avait acheté plein de trucs a complètement écrasé mes tresses avec ses boîtes Del Monte de tomates. Ça m’a complètement déprimé… Ah! voilà, ça aussi c’est hyper énervant! Donc, ça va passer à MTV? Il est où, le caméraman?