La Chaux-de-Fonds

Bang! Bang!

mer 15 mai - sam 25 mai
Brigue

Regenbogenbombe!

sam 11 mai, 13:00
Genève
#conférence

Le nu féminin dans l’art: un enjeu féministe

lun 13 mai, 18:30
Fribourg

Queer Studies Week

lun 13 mai - ven 17 mai

«Les injures sont devenues vides de sens»

Assistante à la faculté de psychologie et sciences de l’éducation, Caroline Dayer explique ce qui l’a surprise dans son travail de mémoire.

Quel a été l’élément déclencheur, puis le moteur de votre recherche? Qu’est-ce qui vous a poussée à entreprendre ce travail?

Outre ma propre identité d’homo, la fameuse gay pride de Sion a été un des éléments déclencheurs. Etant Valaisanne, j’ai suivi de très près la polémique dans les journaux. J’ai été révoltée par la page homophobe de Romandit. Tout ceci m’a amenée à une question de départ: quelles significations les homos donnent-ils à cette page? Je voulais sortir des données statistiques pour me confronter à leurs représentations et à leurs discours.

Qu’est-ce qui différencie notre communauté des autres?

En fait, les homos sont divisés quant à la question de l’existence même de la communauté. Cela dépend des critères de chacun. Certains parlent de symboles communs alors que d’autres insistent sur les liens de solidarité ponctuels. Le problème c’est que les homos ne peuvent se différencier des autres catégories de personnes, il n’y a pas de signes de distinction, la personne homosexuelle doit aller chercher ses semblables, sa communauté. Cette communauté n’est pas cantonnée dans une langue ou une religion, au contraire, elle transcende tous ces différents modes. C’est à la fois sa force et sa faiblesse, elle est partout et nulle part.

Pourtant la communauté homo revendique des droits comme le PACS ou l’adoption, qui sont des attributs fondamentalement hétérosexuels. Faut-il croire que l’identité homo se construit par opposition à l’hétérosexualité ou gagne-t-elle en autonomie?

Les homos restent toujours déchirés par une certaine volonté assimilatrice. Dans un sens, ils veulent faire comme les hétéros, ils veulent avoir un mariage, être reconnus, avoir leur petite maison, leur chien, etc… Dans l’autre sens, ils refusent de se soumettre aux lois de l’hétérosexualité. Cette question n’est pas résolue, par moment, selon le sujet et l’intérêt des personnes, on choisira une voie plutôt que l’autre. C’est une thématique de la gestion, l’homosexualité doit toujours être en réflexion.

Qu’est-ce qui vous a le plus surprise au cours des entretiens?

J’ai demandé aux interviewés de sélectionner des stéréotypes sur la communauté parmi une liste de mots comme pervers, anormal, etc… Aucun n’a fait de lien entre ces dénominations et la communauté, en revanche, tous ont cité les figures de la folle et de la butch. Personnellement, je m’attendais à des stéréotypes comme «les gays sont tous des coiffeurs, les gays sont spécialement beaux»… Cette réaction m’a beaucoup impressionnée, et cela m’a amenée à approfondir le thème du genre et des rapports sociaux de sexe.
Autre surprise sur le terrain de l’homophobie: les injures traditionnelles comme «sale pédé, sale gouine» ont une moindre importance. Par contre, ce qui fait mal, c’est l’homophobie sournoise, intériorisée, celle des proches, du père, de la mère qui rejettent. C’est une violence pire que la violence physique, car elle est symbolique.

La visibilité de la composante lesbienne demeure l’un des combats que nous devons mener. Quelle est, aujourd’hui, la place des lesbiennes?

Si les lesbiennes ont dû lutter avec leurs propres mouvements pour leurs revendications et leurs droits, dans la communauté, les gays restent des hommes dans une société phallocratique à domination masculine. Les lesbiennes ont beaucoup de peine à faire comprendre aux gays cette double discrimination en tant qu’homosexuelle et aussi en tant que femme. Elles doivent devenir de plus en plus visibles, mais dans une nouvelle forme de visibilité, un nouveau discours en complémentarité avec le discours féministe. J’espère participer de ce mouvement en apportant mon aspect de femme lesbienne dans mon travail.

Quel est l’avenir de ces rapports intra-communautaires?

Aujourd’hui, on ne se bat plus pour justifier son existence mais contre ceux qui ne l’acceptent pas. On peut fédérer gays et lesbiennes, jeunes et vieux, hommes, femmes, finalement nous sommes tous – non pas les victimes – mais la cible de l’homophobie. Se battre contre ces homophobies, c’est un moyen d’avancer.