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T’as le look hétéro ?

Un bon pédé est-il un pédé qui a «le style hétéro»? A chatter sur Internet, la question se pose tant la référence est répandue dans les petites annonces. Elle induit l’idée qu’il existe une hiérarchisation au sein de la communauté gay où les acteurs les plus virils sont les plus désirables. Qu’est-ce à dire?

La drague internautique a encore de beaux jours devant elle, comme l’atteste le nombre croissant d’annonces que les sites de rencontres vomissent chaque jour. Ce jeu de dupes, qui pour beaucoup, peu imaginatifs, s’apparente à un vaste «boxon», s’impose comme le médium favori de la jeunesse homosexuelle en Suisse romande. La raison de cet engouement demeure que l’internaute ne prend aucun risque de confrontation directe en naviguant, l’identité masquée, sur ces eaux virtuelles. Faut-il percevoir un paradoxe entre ce jeu de cache-cache, ou plutôt de dissimulation, et l’aspiration à briser le cercle de la honte, tâche qui incombe à la communauté LGBT elle-même? L’expression de ce paradoxe trouve sa forme la plus manifeste dans la description que de plus en plus de jeunes gens fournissent aux autres chatters sur leur propre compte en se qualifiant d’hétéros, ou en usant de formules telles que «look hétéro» ou «style hétéro». Qu’est-ce à dire dans les faits?

«Plus de succès»
Nicolas*, 25 ans, est un inconditionnel des rencontres sur le net, il se décrit comme ayant un look hétéro. En creusant un peu et en insistant beaucoup, ce jeune homme nous résume ce qu’il entend par cette appellation. «Ça veut dire que je ne fréquente pas le milieu et que, point de vue fringues, je ne porte pas des trucs moulants ou fashion victime. Je m’inspire plutôt du style hip-hop ou R&B. Je ne fais pas des gestes efféminés et d’ailleurs, j’aime les mecs vraiment virils. Ne crois pas que j’aie honte d’être homo, mais je ne veux pas ressembler à une caricature!»

En résumé, il est donc préférable de singer Eminem, plutôt que Zaza Napoli. Plus sérieusement, ce témoignage corrobore la pensée assez répandue qu’il existe une hiérarchie au sein même de la communauté induisant que ses acteurs les plus virils sont les plus désirables. Laurent*, 30 ans, par e-mail: «J’avoue que j’ai plus de succès avec les mecs si j’indique que j’ai un look hétéro.» En découle la fascination codée et flagrante dans l’iconographie gay pour les uniformes, les muscles, la taille du sexe, les skins, les rappeurs, les punks, etc. Ces derniers archétypes représentant la défaite de toute féminité ou faiblesse inhérentes aux mâles. L’homosexualité, rappelons-le pourtant, n’est ni la féminisation du mâle, ni la surenchère virile. Elle est multiple, plurielle et autre.

Toutefois, il se trouve un internaute, Willy l’abeille*, 22 ans, pour dénoncer cet abus de langage. «Mais qu’entendez-vous exactement par “look hétéro”? On peut, selon vous, caractériser l’orientation sexuelle d’un individu d’après ses vêtements (?). A croire que vous vivez dans la honte de l’homosexualité, qui ne serait acceptable qu’une fois revêtue de l’uniforme de l’impersonnalité. Heureusement, les hommes d’esprit ne se soucient guère de la garde-robe d’autrui lorsqu’ils aiment. Pour ma part, je change de vêtements tous les jours, et ma virilité, je la porte entre les cuisses.» Dont acte.

Cette tournure de langage dénote-t-elle un malaise: la non-acceptation de soi? De l’avis d’un psychiatre genevois (désirant conserver l’anonymat), la question reste naturellement ouverte. «En théorie, chez l’homosexuel, la tentative de coller à l’image d’une hétérosexualité perçue comme plus saine implique l’idée que l’homosexualité est une tare. Quand il déclare avoir un look hétéro, il tend à faire croire qu’il est “sphinctérisé”, qu’il croit contrôler son sphincter. Il nie en somme sa capacité à être pénétré. Il faut néanmoins entendre le contraire, soit un réel fantasme d’analité. Par cette négation du pénis, le sujet ne parle que du “trou”. La pénétration étant considérée comme sa propre disparition, sa désintégration dans l’autre et, par extension, il s’agit d’une angoisse de mort. Un homme devrait avoir le choix de son ouverture ou de sa fermeture anale. Je note, chez mes patients homos, la puissance destructrice de la référence constante à l’hétérosexualité, qui est malsaine. Ces sujets ayant tendance à se dévaloriser et à nier leur identité sexuelle.»

Il est pourtant intéressant de jauger cette référence à la mesure des petites annonces teintées de dépits amoureux ou larmoyantes, qui inondent tous les sites, du genre: «J’aimerais enfin connaître une vraie histoire d’Amour avec un mec sérieux». Soyons pragmatiques. Puisqu’une majorité d’homos rêve du couple parfait, pourquoi les incompatibilités se montrent-elles si profondes? Bien malin qui, un jour, dira si les homosexuels désirent être les hommes qu’ils ne sont pas ou s’ils aiment les hommes hétérosexuels qu’ils ne seront jamais.
L’expression «look hétéro» n’est peut-être pas une régression en soi, mais elle imprime un sentiment de culpabilité et de profonde détresse chez les homos. Ce constat nous ouvre la perspective du long chemin encore à parcourir en direction de sa pleine acceptation par les autres et par soi-même.

(*) prénoms fictifs

One thought on “T’as le look hétéro ?

  1. Cet article est vraiment un torchon et un ramassis de betise : entre le témoignages de pseudos psychologues qui reprochent aux homos d’avoir et de ne pas s’accepter alors qu’eux memes desirent rester anonymes : mort de rire quelle ironie… qui a honte??? …
    Je ne connais pas votre magazine j’en ai juste lu un extrait via un site mais franchement le ton désinvolte et pathético ironique du journaliste est digne d’un torchon comme Gala !
    Je ne perdrais même pas mon temps à continuer à casser l’article ligne par ligne ce que malgrès mes 20 ans je pourrais faire car sa serait donné bien trop d’importance au journaliste qui a écrit ce rammassis de bêtises.
    Je finirais juste en disant que le témoignage de Willy Labeille résume la seule chose sensé de cet article est l’avis de la partie ´non-taré´ d’homo qui cherchent par l’appelation look hétéro à ne plus être catégorisé puisque pour la majorité des gens être hétéro c’est la normalité on s’est simplement aligné au langage ce qui ne veut en aucun cas dire qu’on se considère comme pas normal comme veut l’insigner l’article et une grande majorité de psy dès qu’on emploi le mot hétéro! En résumé je pense que comme moi ceux qui disent ça veulent: être un hétéro qui aime les hommes, et extérieurement ce qu’il est réellement!
    Car sois dit en passant tous les hétéros ne sont pas des modèles de virilité et ceci de plus en plus en france, europe et ailleurs… Alors revoyez votre vocabulaire ou affinez en le sens pour que tous le monde se comprenne !

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