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Janus en transit

Parce qu’il a le cul entre deux chaises, ce numéro de 360° des mois de décembre et janvier se place sous la haute autorité de Janus, divinité bicéphale de la transition, du passage chez les Latins.

Sans prétention lubrifiante mais afin que votre confort soit accru, vous trouverez quelques clés de lecture semées au fil de ces lignes éditoriales. Si nos éditions souvent tancent avec vigueur l’idée du repli sur soi nationaliste, celle-ci en premier lieu s’intéresse à une Suisse accueillante et touristique qui, à des fins économiques bien sûr, fait de l’œil aux folles au-delà de son enclos verdoyant (p. 4). Mais Janus, philosophe qu’il est, assis sur la barrière de l’enclos comme un douanier suisse, trouve aussi que l’herbe est plus verte de l’autre côté et ne voit aucun inconvénient à jouer les filles de l’air en charter (p. 30). Paradoxalement, Janus a deux têtes, mais il n’a qu’un cul. Ce bisexuel intersexué aime s’envoyer en l’air avec le steward ou l’hôtesse de passage et ne pense plus à rien d’autre malgré ses deux cerveaux, A tel point qu’il joue l’amant marri quand on lui dit que la partie est finie et qu’il doit soigner cette addiction perverse et dangereuse pour sa santé (p. 10). Durant cet acharnement thérapeutique sur sa petite personne, il balance entre la conviction qu’il est malade et celle qu’un contexte bien-pensant, religieux et moral l’empoisonne plus qu’il ne le sauve. Cela lui rappelle son passé de musulmane lesbienne en Orient sous un joug de terreur (p. 32), comme cela lui rappelle son avenir d’excentrique pasteur en balade dans le Jura occidental (p. 8). Tragique ou riant, Janus alterne ses deux masques et les mêle l’un à l’autre. Cet art, il l’apprit auprès de son ami Dürrenmatt (p. 39) qu’il côtoie aujourd’hui au pays des ombres. Il est comme ça Janus, encore vivace et déjà un pied dans la tombe.
Toutefois, ses amis sont aussi de bons vivants au nombre desquels il faut compter Albertine. Il lui tenait la main quand elle traçait les contours d’un calendrier sans date (p.26) et lui embrassa le cou pour la remercier de son offrande profane. Les calendriers, Janus adore ça, mais il regrette aussi les horoscopes de son ami Snoopy argenté disparu trop jeune au champs d’honneur des plumes en transit intestinal à 360°. Un sacrifice sur l’autel du rite du passage. Il aime, autre ambivalence, sa vive cousine Greta parce qu’elle le fait rire, même si parfois elle lui casse les pieds à Noël (p.17).
En fait, Janus, comme la Suisse et 360°, oscille entre folklore d’un passé idéal et fantasme d’anticipation, de science-fiction. Et cette appréhension de l’avenir comme chaque année trône entre deux calendriers. Janus la connaît et tente le bilan en même temps qu’une vison extralucide, mais l’exercice s’avère une réelle prise de têtes.