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Barbara ressuscitée

Loin du biopic traditionnel, le film de Mathieu Amalric cherche à faire partager la fascination de son auteur pour l’artiste insaisissable à laquelle il déclare sa passion.

Avec «Barbara», qui avait ouvert la section Un certain Regard au dernier festival de Cannes, Mathieu Amalric rend hommage, dans son septième film, à la célèbre chanteuse disparue il y a 20 ans. On est toutefois loin du biopic traditionnel auquel on pouvait éventuellement s’attendre, avec arrêts prolongés sur les épisodes déterminants de son existence. C’eût été en effet mal connaître les impératifs créatifs d’Amalric. Ne faisant qu’effleurer, par allusions, des blessures d’enfance comme la guerre ou les abus d’un père incestueux, il ne raconte donc pas la vie de Barbara, mais met en scène Yves Zand, un réalisateur roux en veste de tweed, aussi timide qu’ensorcelé par son héroïne et rêvant de la ressusciter à l’écran. Il est incarné par Mathieu Amalric qui engage une actrice, Brigitte – campée par son ex-compagne Jeanne Balibar – pour tourner une biographie de la sublime interprète de «L’aigle noir», «Dis quand reviendras-tu?», «Göttingen», «Marienbad», «Ma plus belle histoire d’amour»…

Imaginée avec l’écrivain Philippe Di Folco (ils avaient déjà travaillé ensemble sur «Tournée», Prix de la mise en scène Cannes 2010), cette mise en abîme aux frontières de la réalité et de la fiction, propose, entre poème et rêverie musicale, un portrait complexe, captivant, émouvant de la mythique, insolente capricieuse, autoritaire, fantasque, mélancolique Dame brune.

Magnifique Balibar
L’excellente Jeanne Balibar se révèle impressionnante. Habitée, naturelle, elle travaille son personnage, les chansons, composant au piano, s’entraînant à imiter la voix, s’appropriant les gestes, les accessoires, lunettes noires et boa, les attitudes de son modèle. Tout en ne cherchant pas le mimétisme. La ressemblance n’en est pas moins troublante quand Amalric lui fait rejouer des scènes. Par exemple celle où on voit Barbara en voiture en train de tricoter et de batifoler sur le siège passager. Elle est tirée du documentaire de Gérard Vergez durant la tournée de la chanteuse en 1972.

Le cinéaste s’est également appuyé sur le roman de Jacques Tournier paru en 1968, «Barbara ou les parenthèses». Entre les archives, les rencontres, les séquences du métrage en train de se faire, le dialogue à distance entre les deux femmes, le jeu de miroirs, on n’arrive pas toujours à distinguer la vraie de la fausse Barbara. Ce film envoûtant, qui peut en dérouter certains, cherche surtout à faire partager la fascination de son auteur pour l’artiste insaisissable à laquelle il déclare sa passion. Il lui a valu le prix Jean Vigo.

» Depuis mercredi en salles