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La Saint-Valentin sera queer ou ne sera pas!

La Saint-Valentin sera queer ou ne sera pas!

Quoi de plus hétéronormé (et hétéronormatif) que la Saint-Valentin, direz-vous… Sauf que nous pouvons très bien retourner la tendance et faire du 14 février une célébration de nos amours queer!

Dans l’imaginaire collectif, la Saint-Valentin, c’est un dîner aux chandelles, un mec cishet qui offre un bouquet de roses rouges (un parfum, un bijou, de la lingerie – barrez la mention inutile) à une femme cishet. Ça dégouline de petits cœurs et de chocolat fondu et ça exalte les valeurs patriarcales et les amours hétéro et monogames. C’est d’autant plus vrai que tout le marketing autour du 14 février est singulièrement genré et binaire et que l’écrasante majorité des films et des séries romantiques diffusés à cette occasion manquent cruellement d’inclusivité.

Il n’en faut évidemment pas davantage pour que la plupart des personnes LGBTIQ+ se sentent franchement exclues de cette fête. Pour autant, il n’y a aucun doute sur le fait que nos amours méritent d’être célébrées et que ce n’est pas lâcher nos identités et nos valeurs que de profiter de la Saint-Valentin pour le faire. D’ailleurs, si l’on regarde d’un peu plus près les racines de cette fête, il y a de quoi trouver un peu d’inspiration.

Cul et polyamour
Au commencement – ou plutôt durant la Rome Antique – étaient les Lupercales. Ces fêtes célébrées en l’honneur de Faunus se tenaient précisément entre le 13 et le 15 février. S’il s’agissait de louer le dieu et de raviver la fécondité de la nature, les festivités se clôturaient par une certaine débauche, pour ne pas dire orgie, pastorale. Les fans de la série Sabrina se souviendront de l’épisode consacré à ces réjouissances dans la saison 2…

Si l’on reviendra plus tard sur l’histoire de Valentin, il nous faut ici parler des valentinages, une coutume en vogue au Moyen-âge et jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Durant un mois (la durée sera ensuite ramenée à une journée), les épouses pouvaient avoir des relations sexuelles hors mariage avec un célibataire – dit «Valentin» ou «Galentin». C’est un véritable espace de liberté qu’autorisent alors l’éthique courtoise puis la philosophie libertine.

Voilà qui nous amène à penser le 14 février sous un autre angle, celui de l’affranchissement des normes du couple conventionnel et exclusif ainsi que du romantisme éthéré.

«Du cul, du cul, du cul … et beaucoup d’amour», réclame Marc, homme cisgay de 31 ans lorsqu’on lui demande son idée de la Saint-Valentin idéale. Et, de fait, la Saint-Valentin pourrait être précisément le bon moment pour partager nos kinks et réaliser nos fantasmes en solo et/ou avec notre Valentin·e·x. Pour Marc, il s’agirait de passer la journée dans un love hôtel avec son compagnon et de convier un autre couple dans leurs ébats.

Cette Saint-Valentin pourrait aussi être l’occasion de célébrer les amours plurielles. Louise, bi et polyamoureuse, nous dit qu’elle aimerait beaucoup organiser un dîner avec sa chérie… et son chéri. «Je n’ai pas la moindre envie d’un plan à trois», précise-t-elle, «je voudrais juste passer un bon moment avec les deux personnes que j’aime le plus.»

Fête des amours interdites
Parlons de Saint Valentin, le personnage. Au IIIe siècle, toujours à Rome, l’empereur Claude le Gothique veut interdire aux hommes de se marier afin qu’ils puissent plus facilement être envoyés à la guerre. Défiant les volontés du souverain belliciste, un prêtre nommé Valentin de Terni (ou Valentin de Rome) continue d’assurer des consultations durant lesquelles il unit les couples. Pour cela, il est envoyé en prison. Rien que pour ça, on aime déjà beaucoup ce Valentin qui célèbre des mariages interdits: une véritable icône de l’amour, qui l’emporte envers et contre tous. Et ça, ça ne peut que nous parler alors que le mariage des couples du même sexe n’est possible en Suisse que depuis 2022. Autant dire que ce 14 février pourrait être le bon moment pour demander votre doux·ce en mariage. Si ce n’est pas au programme, lui offrir les clés de votre appart pourrait être un cadeau très inspiré.

Quality time
L’histoire de Valentin de Terni ne s’arrête pas là. Lors de sa captivité, il rencontre Julia, la fille du geôlier, avec laquelle il entretient une relation amoureuse. Comme la jeune femme est aveugle, Valentin lui décrit le monde. C’est là qu’un miracle se produit: un soir qu’elle apporte son repas au prêtre, Julia recouvre la vue. L’événement arrivant aux oreilles de l’Empereur, qui n’apprécie pas franchement ce genre d’épisode, celui-ci demande l’exécution de Valentin le 14 février 269. Celui-ci sera roué de coups et décapité. Il deviendra plus tard le saint patron des amoureux·se·s. Le dramatique de ce récit d’amours contrariées et prohibées ne peut que nous donner envie de passer du quality time avec la personne que nous aimons.

Nos lecteur·ice·x·s nous prodiguent quelques idées. Tom, jeune quadra gay souhaite «assister à deux à une représentation théâtrale ou à un opéra, puis rentrer à la maison pour partager un bon dîner». De son côté, Elsa, lesbienne de 31 ans se la joue romantique et gastronome: «J’ai prévu un date avec ma fiancée, au calme, chez nous, et de lui faire la surprise d’un savoureux repas. Je vais acheter une jolie nappe et de la décoration de table, lui cuisiner son plat préféré et commander de bons desserts.» Sasha, non binaire, combine pour sa part habilement esprit geek et tendance fleur bleue: «La Saint-Valentin idéale pour moi, ce serait de rentrer à la maison le soir, ouvrir la porte, trouver au sol un chemin de pétales de roses, le suivre jusqu’au salon, où attendraient deux PC reliés en LAN et deux cartons de pizzas vegan encore chaudes, et entendre derrière moi une voix dire “Ce soir, je te mets une tôle à Quake 3!”»

Autant d’exemples qui montrent que la Saint-Valentin peut exploser les codes et les normes et nous permettre de ne retenir du romantisme que ce qu’il a de meilleur, c’est-à-dire de plus éloigné des sirènes du marketing, de radicalement amoureux et convivial.

Saint-Valentin queer, vous disiez…

À découvrir, ce week-end du 10-12 février à Genève, La Saint-Valentin du Q, avec ateliers, perfos et jeux résolument orientés queer. Puis le 14 févier, une Saint-Valentin Queer se profile au Théâtre du Pommier, à Neuchâtel, autour du diptyque Peau de phoque, avec repas et DJ set..