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En famille ou entre ami·e·x·s: Happy Queermas!

En famille ou entre ami·e·x·s: Happy Queermas!
Photo: Shutterstock

Famille biologique ou famille choisie? Grande tablée ou plateau repas? Durant les Fêtes, on réinvente notre manière d’être ensemble en essayant de ne pas trop grincer des dents.

On ne va pas se mentir, pour de nombreuses personnes LGBTIQ+, Noël est souvent une période morose. Pour certain·e·x·s, c’est La bûche, façon règlement de comptes en famille, pour d’autre·x·s, c’est Le Père Noël est une ordure, façon jeu de massacre entre connaissances mal assorties; pour d’autres encore, c’est Maman j’ai raté l’avion en version seul·e·x à la maison. Et puis, parfois – et ce tout aussi bien que les queer réinventent la notion de famille – Noël redevient une fête, absolument joyeuse et magique.

Pour les plus jeunes comme Rose, 16 ans, Noël est synonyme de contrainte et de placard: «Je n’ai fait mon coming out qu’auprès de mes parents et ils ne souhaitent pas que j’en parle à mes grands-parents. Résultat, je vais devoir encaisser les remarques homophobes et sexistes de mes oncles et grands-pères…» Mais elle a trouvé une parade pour que la soirée ne soit pas gâchée: «À minuit 30, je m’éclipse et on fait une remise de cadeaux virtuels Secret Santa avec les membres d’une communauté en ligne à laquelle j’appartiens. Je pense qu’on va bien rire en débriefant nos débuts de soirée respectifs!»

Nous avons discuté plusieurs heures de non-binarité, de transidentité, de l’histoire des luttes LGBTIQ+ et je suis extrêmement fièr·e de la curiosité, l’ouverture de ma famille

Trinquer à l’amour
Loin de clichés de la famille réac, chez les parents d’Étienne, 27 ans, Noël est placé sous le signe de l’échange: «J’ai eu la chance d’avoir une famille proche qui a fait de mon coming out gay à 23 ans et mon coming out non-binaire à 26 ans des quasi non-événements, préférant trinquer à l’amour et mettre mon bonheur au premier plan. Passer Noël avec ma famille est pour moi une occasion de se retrouver, discuter, partager, boire et manger, jouer, débattre et échanger. À Noël dernier, nous avons discuté plusieurs heures de non-binarité, de transidentité, de l’histoire des luttes LGBTIQ+ et je suis extrêmement fièr·e de la curiosité, l’ouverture de ma famille, malgré quelques phrases maladroites, petites erreurs, qui se pardonnent.»

Et quand on ne trouve pas cette possibilité d’échange et de partage chez ses parents, on la trouve parfois chez ceux de son amoureux·se·x. C’est le cas d’Avril: «Quand j’ai déménagé au Canada, j’ai commencé à faire Noël avec la famille de mon mari et les fêtes ont changé! Pas de dispute, pas de politique. Juste beaucoup de monde chaleureux et curieux d’avoir une petite Française dans la famille. Beaucoup de très bonne bouffe – on fait un mix canadien-chinois puisque la mère de mon mari est d’origine chinoise. Mais le changement, c’est aussi que personne n’attend quoi que ce soit de moi. Quand j’en ai assez, je sors de table faire une pause et personne ne dit rien. Je respire. C’est agréable de juste pouvoir être présent. Voilà. J’adore Noël avec ma belle-famille!»

J’ai vraiment l’impression de retrouver le Noël de mon enfance – avec beaucoup de Mariah Carey en fond sonore en plus

Réunir les isolé·e·x·s
Si certain·e·x·s sont absolument ravi·e·x·s de zapper complètement Noël – comme Dan, qui a précisément choisi le 20 décembre pour sa torsoplastie et sera convalescent, en solo et bien tranquille devant des séries –, d’autres choisissent de faire la fête autrement. Fred nous raconte qu’une année, alors qu’il était seul, il a passé la soirée du 24 décembre… au sauna et qu’il a passé un très bon moment. Il y a aussi celleux qui ont une approche, disons plus «consensuelle» des fêtes de fin d’année en réunissant la famille de cœur. Depuis quelques années, Alex, 45 ans et son mari, ouvrent leurs portes à leurs ami·e·x·s et aux ami·e·x·s de leurs ami·e·x·s: «De cette manière, on rassemble des personnes (presque 30 l’année dernière) de plusieurs générations, des jeunes qui viennent de s’installer en ville aux sexagénaires qui se retrouvent un peu seul·e·x·s à Noël. On y va à fond sur la déco et les chansons. C’est hyper convivial. J’ai vraiment l’impression de retrouver le Noël de mon enfance – avec beaucoup de Mariah Carey en fond sonore en plus.»

Dans ce type de situation, les personnes qui choisissent de passer Noël en dehors de leur famille éprouvent parfois de la culpabilité, comme Ninon: «L’année dernière, j’ai organisé un Noël entre ami·e·x·s dans mon studio. C’était fait avec les moyens du bord et vraiment sympa. Mais je me souviens m’être sentie coupable de «laisser ma mère» seule avec mon père et mon frère, comme si en tant que femme/fille j’avais le devoir de l’aider à organiser le repas. Malgré cela, je vais quand même refaire le réveillon à la maison cette année parce que j’ai envie que les Fêtes soient joyeuses et de me créer de beaux souvenirs autour de Noël.»

Parce que Noël, c’est aussi et surtout ça: un break heureux, léger et chaleureux avec des gens que l’on aime et avec qui on se sent bien et libre d’être soi.