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L’agitatrice du positivisme sur les réseaux Juliette Marsault fait campagne pour Zalando

L’agitatrice du positivisme sur les réseaux Juliette Marsault fait campagne pour Zalando
Photo: Jorge Perez Ortiz.

De «Secret Story» à Bodylink, ses cours d’attitude et de confiance en soi par le biais de la danse et du développement personnel, Juliette Marsault se caractérise par sa philosophie mordante et sa positivité. Zalando l’a choisie pour sa nouvelle campagne «Activistes de l’optimisme». Interview. 

Comment est né chez vous ce besoin de partager des cours de confiance en soi?
Depuis petite, ma vocation est d’aider les autres. Mais aussi fort que j’en rêvais, je n’aurais pu imaginer en faire mon métier, cela va au-delà de mes espérances! La confiance que l’on porte aux autres et à soi-même est ce qu’il y a de plus sacré à mes yeux, je suis honorée à chaque fois qu’une femme passe le seuil de ma porte. Pourtant, c’est dans mon ADN car mes deux sœurs qui sont très différentes de moi aspirent aux mêmes valeurs. Ma petite sœur est médecin, ma grande sœur est naturopathe, nous sommes une famille de guérisseuses. La technique Bodylink est un entraînement de confiance en soi mentale et physique, elle repose sur le mouvement et le développement personnel. Le timing entre la création de cette méthode et sa pratique a été absolument parfait, puisque le moment où j’ai commencé à donner des cours correspond à cette période de ma vie où je me suis mise à me regarder dans le miroir avec une douceur, un amour infini et à m’aimer sous absolument tous les angles. Ça a été long et parfois douloureux, mais j’ai appris à me reprogrammer, à lâcher prise et à exprimer et découvrir ma féminité. Bodylink est le résultat de ce grand voyage introspectif.
 
Y a-t-il une personne qui vous a inspiré le corps libéré des diktats comme moyen d’expression?
Avant tout et surtout, ma mère. Sa liberté, son ouverture d’esprit et sa force de caractère m’ont bercée depuis mon plus jeune âge. D’autant plus que c’est une icône de la mode, aussi fougueuse qu’avant-gardiste: elle a toujours porté ce qu’elle voulait quand elle voulait et personne n’avait son mot à dire! Tout comme sa mère avant elle, et moi après elles. Elle est pour moi un modèle de femme puissante, libérée et totalement décomplexée. Je ne serais sûrement pas aussi à l’aise avec mon corps si je n’avais pas grandi avec Janis Joplin comme idole. Ses chansons m’ont fait comprendre que l’enveloppe corporelle n’a de valeur qu’avec un cœur qui vibre et un esprit qui voyage. C’est un tout, je ne me force pas, j’essaie au maximum de me laisser guider par mon intuition quand il s’agit de sexualiser, exhiber, révéler, autonomiser mon corps et ma personne. En fin de compte, je suis la seule à devoir assumer les conséquences de mes décisions, autant jouer selon mes propres règles.
 
Considérez-vous votre démarche comme politique?
J’aime croire que Bodylink a une influence politique. Effectivement, se considérer Femme (avec tout ce que cela implique) tout en refusant de se soumettre aux injonctions de notre chère société patriarcale relève quasiment du militantisme en 2021. Et c’est excellent, car les mœurs telles qu’on les connaît sont faites pour être déconstruites, nos schémas ancestraux doivent être remis en question, et les mentalités doivent être chamboulées. C’est le principe de l’évolution, et également celui de mes cours: un espace de réparation et de construction pour des communautés opprimées depuis la nuit des temps.

Parlez-nous de votre lien avec la mode et les vêtements.
Ma grand-mère m’a tout appris, elle était couturière et même si elle est partie très jeune, je continue d’explorer l’héritage qu’elle m’a légué. Le choix vestimentaire est à la fois une façon de s’exprimer et un moment extrêmement symbolique, un rituel, ma grand-mère en était l’exemple parfait: elle vivait en Algérie dans une colonie pied-noir et était déjà en avance sur son temps, donc il y avait les différentes fêtes juives pour lesquelles il fallait confectionner certaines tenues traditionnelles et le quotidien où elle pouvait être elle-même et porter ses pantalons à paillettes bleu électrique. En ce qui me concerne, quand on me dit «mode», je pense à l’odeur des tissus au marché Saint-Pierre, le bruit de la machine à coudre, les aiguilles qui piquent les doigts. Ce processus de création me remplit de bonheur, ça va bien au-delà de l’apparence, il y a une histoire, un message derrière. La mode c’est un livre de pages blanches que notre humeur réécrit inlassablement.

Votre travail rappelle par moments l’univers de l’artiste plasticienne Cindy Sherman. Que pensez-vous de ses photos? Est-elle une inspiration pour vous?
J’adore Cindy Sherman, merci pour le compliment! Il est vrai que j’ai tendance à m’inspirer d’artistes qui n’ont pas peur de leur folie, du ridicule, de s’amocher, de hurler leur peine comme leur amour. J’aime le bizarre, l’étrange, le loufoque. J’admire les Femmes non conventionnelles qui repoussent toujours un peu les limites du politiquement correct, celles que l’on nomme hystériques, tarées, folles, grandes gueules. Leur émancipation sociale me donne la force et le courage d’exprimer ma lumière comme ma part d’ombre et surtout, d’être moi-même à 100%.
 
Quel est le message que vous souhaitez transmettre aux communautés LGBTQ+?
Très tôt, deux possibilités s’offrent à nous: être malheureux de porter un costume qui n’est pas le sien ou être malheureux de la haine que génère le port d’un costume bien à soi. Notre génération conscientise actuellement la plus grande fraude de l’humanité: avoir fait croire à des êtres humains pendant des siècles que leur sexe et orientation sexuelle définissaient leur valeur et leur statut social. Nos chairs ont été meurtries par ces atroces pensées et il faudra du temps pour guérir et poser les bases d’un monde un peu plus en adéquation avec ses habitants. Je n’ai pas un message en particulier à faire passer, si ce n’est celui que je me répète tous les jours devant le miroir: «Ton existence, tes émotions, tes envies, tes besoins sont légitimes, ils t’appartiennent. À toi d’en disposer comme bon te semble.»
 
Que représente Instagram pour vous et votre travail d’artiste?
Instagram est une plate-forme géniale pour s’exprimer en tant qu’artiste, tant que l’on sait garder une certaine distance, j’y ai rencontré des personnes extraordinaires, certes, mais rien ne vaut d’authentiques expériences, «likons»-nous et partageons dans la vraie vie!
 
Quels sont vos prochains projets? Aurons-nous l’occasion de vous voir un jour performer sur scène?
J’ai envie de faire grandir Bodylink et de partager cette thérapie à travers le monde et ses différentes cultures. J’aimerais construire un empire autour de la confiance en soi, développer des formations, organiser des conférences, créer un talk-show féministe/LGBTQ+ et tant d’autres choses… Je rêve également de remonter sur scène, que ce soit pour une performance artistique ou chorégraphique. Donc Parris Goebel, si tu lis cet interview, je suis disponible les deux dernières semaines d’août!
 
Quelle est votre devise?
«Keep shining.» Si j’ai la chance de voir le soleil se lever et briller, c’est que j’en suis aussi capable!