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Dans l’oeil de VIU

Dans l’oeil de VIU
Le creative director de VIU, Fabrice Aeberhard. Photo: Sandra Kennel/DR

Dans la pure lignée des success stories qui font la réputation prestigieuse du design suisse, la marque de lunettes zurichoise VIU voit loin et impose son style sur la scène internationale. Rencontre avec son creative director, Fabrice Aeberhard.

Allier style, urbanité, qualité et prix abordables tout en célébrant la personnalité individuelle, il fallait y penser: VIU l’a fait. Brisant les codes des marques de luxe, VIU se veut accessible pour tous, en un clic ou au coin d’une «shopping avenue» à Londres ou au détour d’une rue lausannoise. Nous sommes allés à la rencontre de Fabrice Aeberhard, fondateur et directeur de création de la marque, pour lui poser quelques questions, entre souvenirs d’enfance et métaphysique. À 40 ans, le designer basé à Zurich, né d’une mère française et d’un père suisse allemand, jongle entre différentes cultures qui ont forgé son regard sur le monde.

– Y a-t-il un·e designer qui vous a donné envie de faire ce métier?
Fabrice Aeberhard – À 18 ans, j’avais lu une interview de Karim Rashid (designer canado-américain d’origine égyptienne, ndlr.) dans laquelle il expliquait que chaque jour, nous sommes en contact avec environ 500 produits sur le chemin du travail et du retour, tous créés pour le quotidien. J’ai compris ce jour-là que le design industriel serait mon futur métier.

– Si vous n’étiez pas devenu designer, que feriez-vous aujourd’hui?
– J’ai toujours voulu être architecte, c’est un métier très universel. Le design industriel me permet aussi de faire de l’architecture si j’en ai envie, ce que l’inverse ne permet pas.

– À quoi sert le design?
– À définir le monde. Le design peut être une solution autant qu’une destruction. Cela nous donne la possibilité de repenser le mode de vie humain, car nous avons besoin de la nature, mais elle n’a pas besoin de nous.

– Une pièce de design qui vous a marqué?
– Pour moi, la création est directement liée à la fonction. Quand je repense aux jouets de mon enfance, LEGO me saute immédiatement à l’esprit: une petite pièce en plastique avec un tel potentiel de création. C’était mon premier contact avec un objet qui donnait une multitude de possibilités. En terme de design pur, je me souviens de mon premier couteau suisse à l’âge de 7 ans, incroyablement ingénieux. Et puis, d’un point de vue plus personnel, il y a ce petit pape que mon grand-père avait créé à base de coquilles, duquel je ne me sépare jamais. Il est magnifique.

– Quelle est votre période de design préférée?
– J’aime beaucoup la période des années 1920 à 1950. Jean Prouvé, Charlotte Perriand et Le Corbusier ont défini une approche de création très particulière. Créé vers 1880 lorsqu’on a commencé à introduire de la création dans les machines, le design industriel annonçait cette volonté de savourer le moment, de s’émanciper du rythme de six jours de travail par semaine.

– Une esthétique qui vous touche particulièrement?
– La physique, la chimie, les mathématiques et la géométrie m’ont toujours beaucoup inspiré. La création découle en grande partie des mathématiques, ne serait-ce que pour gérer les proportions.

– Comment avez-vous commencé à dessiner?
– Par le manga japonais. À 7 ans, j’étais complètement accro aux «Chevaliers du Zodiaque» et «Dragon Ball» dans Club Dorothée. Cette esthétique m’a aidé à comprendre le graphisme, la 3D et les couleurs. Mon père a travaillé pendant 16 ans pour Sony et j’aime beaucoup la culture et la tradition japonaise, je trouve ça assez magique.

– Qui était votre héros de fiction?
– C’était Superman. Il volait avec ses yeux laser et avait le don de chauffer et refroidir les choses. Les premiers films avec Christopher Reeves sont tellement bien réalisés qu’on y croit réellement.

– Quel est votre émoi en terme de voiture?
– Ma voiture préférée, c’est toujours la même aujourd’hui. Il s’agit de la Lamborghini Miura, produite entre 1966 et 1973. Elle est magnifique.

– Vous en avez déjà conduit une?
– Non, elle coûte plus d’un million et personne ne prêterait la sienne (rires).

– Votre lien avec la mode?
– La grande différence avec le design industriel, c’est l’effet «all about now» de la mode. Je suis fasciné par cette capacité de se réinventer tous les trois mois avec une telle rapidité de création. Je porte du Acne Studios, Etudes, Dries Van Noten, Martin Margiela, tout ce qui est sur le fil du rasoir, mais avec un certain classicisme. Encore une fois, j’aime la fonctionnalité et le streetwear amorce une phase très différente. Au-delà des T-shirts et des hoodies, on remarque plus de complexité, de détails et d’éléments de haute couture. Et la durabilité trouve enfin son chemin dans la mode, pour aider à changer la façon de consommer.

– Quelle figure de la nature représente la forme parfaite pour vous?
– La forme naturelle la plus forte vient des proportions du nombre d’or, il s’agit de la recréation de la nature en géométrie. Mais la forme parfaite pour moi reste la sphère, c’est infini. Elle a un pouvoir universel, c’est la perfection en soi.