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Plastique fantastique

Mi-designer mi-alchimiste, la Fribourgeoise Vanessa Schindler subjugue la fashionsphère avec ses tenues retrofuturistes qui se passent des points de couture grâce à l’uréthane.

Le polyuréthane est un matériau qui sert à plusieurs usages. Il est par exemple utilisé pour réaliser les patins à roues alignées, la colle, les gants chirurgicaux ou encore dans la construction pour l’isolation thermique. La designer d’origine bulloise Vanessa Schindler en a fait son objet de recherche durant son master en mode à la Haute école d’art et design (HEAD) de Genève avec un résultat bluffant qui lui valu le premier prix du 32e festival de Hyères. En plus d’avoir convaincu un jury composé d’experts et présidé par le directeur artistique de la griffe Schiaparelli Bertrand Guyon, elle a conquis les non avertis en gagnant le prix du public et de la ville de Hyères. Cette double récompense, ou mieux triple si on considère qu’elle a également raflé le premier prix au défilé de la HEAD en novembre dernier, témoigne la portée de son innovation et de son accessibilité.

Le vocabulaire vestimentaire élaboré par sa collection Uréthane 2 part du parti pris de ne pas utiliser des points de couture. En effet l’uréthane est un polymère liquide qui pénètre dans les fibres textiles et qui, durcissant avec le séchage, soude les tissus entre eux. Vanessa Schindler a mené ses expériences pendant deux ans pour maîtriser la forme et l’épaisseur de cette matière plastique, en s’attaquant d’abord à des sacs puis à des vêtements. La technicité de cette sorte de résine chimique devient étonnement un élément sensuel, même hautement érotique, qui joue avec les transparences et les effets de lumière. Parmi les silhouettes ultra féminines de la jeune designer, l’uréthane frémit dans les volants ondoyants, s’affiche en bijoux translucides de formes variables ou brille en tant qu’ourlet qui contraste parfaitement avec le jersey et la fausse fourrure.

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– Vanessa, comment tu te sens en revenant victorieusement de Hyères?
– Je suis heureuse mais aussi un peu dépassée, submergée par les demandes. Je m’apprête à partir pour un petit break à Athènes et viens de me rendre compte que je serai obligée de prendre mon ordinateur avec moi.

– Après avoir ratissé tous ces prix, quelles sont les prochaines étapes qui t’attendent?
– En tant que lauréate du festival de Hyères, j’ai obtenu une bourse pour une nouvelle collection qui sera présentée au festival de Hyères. Je dois donc réaliser douze tenues pour l’année prochaine. Mais il y a des échéances plus proches comme la création d’une édition de t-shirts pour Petit Bateau et une collaboration avec la Maison Lesage, un atelier d’art spécialisé dans la broderie haute couture.

«Je désire surtout continuer ma recherche dans l’artisanat et produire en Suisse.» Vanessa Schindler

– Si on commence à se professionnaliser, il y a toujours un grand saut entre les expérimentations des premières collections et une éventuelle production en série.
– Absolument! J’ai fait le choix de ne pas prendre cette voie. Je suis bien entendu ouverte, à côté de mes collections personnelles, à collaborer pour des éditions, mais je désire surtout continuer ma recherche dans l’artisanat et produire ici en Suisse. Même si je vais créer trente fois le même pull, le geste artisanal comportera toujours une petite composante aléatoire, car c’est la main qui le fait.

– Tu as effectué des stages chez Etudes Studio et Balenciaga mais il me semble que la marque danoise Henrik Vibskov a marqué un moment important dans ta carrière?
– Oui, cette expérience m’a redonné le souffle pour commencer un master à la HEAD pendant lequel j’ai pu aller au bout de mon idée. J’ai beaucoup aimé l’atmosphère et l’opportunité de pouvoir travailler dans de bonnes conditions. A l’instar de cette maison, je peux très bien m’imaginer m’attaquer à des costumes pour l’opéra et le théâtre ou à la scénographie.

– Tes robes me font penser à une élégance d’une époque lointaine. Quelles sont tes sources d’inspiration?
– Effectivement, j’ai eu envie de faire du vieillot (rires) avec une matière innovante. J’étais la seule à Hyères à travailler dans un registre extrêmement féminin. Je m’inspire beaucoup des années 60, mais plus du versant du design d’intérieur que celui de la mode.

– Est-il vrai que tu as toujours été attirée par le design industriel, même avant d’entamer des études dans la mode?
– Effectivement, j’avais d’abord considéré l’option d’étudier le design industriel. J’en garde indubitablement une certaine rigueur. Dans ma façon de procéder je porte une attention particulière à la fonctionnalité, ma recherche ne débute jamais par l’aspect ornemental.

» vanessa-schindler.ch