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Sois gay et tais-toi

Fermer sa gueule et encaisser les propos homophobes de certains collègues? Plus jamais ça!

«Sinon, tu n’as pas de problème avec ton homosexualité?», en guise de clôture d’un entretien d’embauche pour un job qui n’est absolument pas en lien avec la sexualité et encore moins la vie privée… On peut naïvement s’imaginer qu’il s’agit là de bienveillance. Pourtant, il n’en est rien. Car dans la pratique, quand des allusions homophobes – souvent camouflées derrière l’excuse d’un humour bien gras – s’immiscent dans des séances de travail, le malaise s’installe.

Réagir? Ah la la, ces drama queens, tout de suite à grimper sur leurs grands chevaux roses, penseront les protagonistes des gags homophobes. Se taire? Est-il stipulé dans le contrat que notre sexualité, où plus exactement les fantasmes qu’elle suscite, peuvent être sujets à des railleries que nous sommes censés encaisser en silence? Non? Alors on décide de ne pas se laisser faire et de se défendre contre la diffamation qui se la coule douce entre deux petites phrases perfides. Au nom de son propre honneur et des instants honteux à être le dernier choisi des équipes de foot à l’école, à jamais gravés dans nos mémoires. Nous sommes malheureusement encore trop nombreux à avoir été contraints de nous fixer un barème de tolérance en solitaire et de prendre notre courage à deux mains pour exprimer tout haut que la limite a été dépassée. SeulE(s) contre tous.

Alors on a développé cette faculté de l’autocensure

Les réseaux sociaux n’ont rien arrangé à nos affaires. Craintifs de voir nos existences géo-localisées dans un premier temps, nous avons vite fait de remplacer nos vies privées par le concept de l’auto-romance. On ne compte plus le nombre de faits divers sordides d’adolescents qui ont préféré mourir après avoir été outé, harcelés et humiliés sur les réseaux sociaux. Alors on a développé cette faculté de l’autocensure. Qui n’a jamais écrit un statut ou un commentaire avant de l’effacer pour ne pas soulever de polémique inutile? Plutôt qu’une réaction d’indignation ne soit lancée sur un malentendu, on préfère garder nos opinions pour soi et pour l’entourage proche. Ou comment se recréer une sphère privée en vue de tous.

Cette nouvelle étape de la courte existence des réseaux sociaux est aussi peut-être la plus intelligente. Mais elle a un prix: celui du lissage et du nivellement, quitte à faire l’impasse aussi sur les belles histoires. Comme cette voisine de palier, une dame âgée, qui lorsqu’elle nous a surpris, mon ami et moi nous embrasser sur le pas de porte, a rétorqué silencieusement à notre réaction gênée d’avoir été chopés sur le vif par un sourire espiègle qui en disait long, semblant nous dire: «Rassurez-vous, j’en ai vu d’autres, il m’en faut plus pour être choquée!»

Une jolie fable moderne, démontrant que face à l’intolérance croissante des plus jeunes, nous avons beaucoup à apprendre de la sagesse des plus vieux. Spontanément, j’ai voulu écrire cette histoire sur Facebook, car je la trouve belle et emplie d’espoir. Je me suis vite ravisé, rappelé par le souvenir de l’homophobie latente de certains de mes collègues…