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«J’étais le seul au monde à désirer les garçons»

«J’étais le seul au monde à désirer les garçons»

Entre interdit et amour secret pour d’autres garçons, Antonio, 50 ans, a longtemps fantasmé sa sexualité. Puis à 19 ans, au parc des Bastions, tout a basculé…

Discret, look décontracté et regard rieur, Antonio arrive à la table du restaurant. Elle est au calme et proche de la fenêtre comme il me l’a demandé. Alors que nos cafés arrivent, Antonio remonte le fil de ses souvenirs pour nous ramener près de 40 ans plus tôt. A cette époque, l’homosexualité est un tabou absolu.

« A 7 ans déjà, j’ai ressenti un désir très clair pour un autre garçon. Je voulais être proche de lui physiquement mais ça n’avait rien de sexuel. Cette attirance non réciproque a duré jusqu’à mes 16 ans. Très jeune, j’ai alors compris que le désir envers une personne du même sexe était tabou. Les insultes comme « pédé» étaient là pour me le rappeler. Il y avait un interdit évident et un manque d’information total.

Au début de l’adolescence et alors que mon attirance était devenue très intense, j’ai dû me construire ma propre théorie: comme moi, tous les garçons étaient attirés par les garçons uniquement, mais ils devaient le cacher puisque ces sentiments était inadmissibles. Tous ressentaient la même chose que moi mais prétendaient, par convention sociale, être attirés par les filles. Une théorie qui est tombée à l’eau dès mon arrivée au cycle d’orientation bien sûr. En voyant l’importance incroyable que prenaient les histoires sexuelles et sentimentales entre les deux sexes, j’ai dû me rendre à l’évidence. J’étais donc le seul à désirer des hommes. Le seul au monde. Une longue période de solitude s’est alors installée.

C’est la frustration qui m’a conduit un soir d’été dans le Parc des Bastions à Genève, lieu alors connu de rencontres entre hommes. J’avais 19 ans. Dans les toilettes, j’ai échangé des regards avec cet homme beaucoup plus âgé. Avait-il 30 ans ou 40 ans? Difficile de le savoir. Très vite il m’a abordé et nous sommes allés chez lui. Sur le canapé de son salon, les premières caresses et les baisers m’ont vraiment apporté les délices espérés.

«J’ai passé des heures à me masturber en repensant à cette rencontre.»

Le plaisir avait fait une violente apparition. C’était la brutale confirmation que l’intimité physique avec un homme était aussi savoureuse que je l’imaginais. Le plaisir augmentait le désir et je me collais à lui tout habillé. Lorsqu’il a interrompu nos ébats pour m’emmener dans la chambre, j’ai été surpris. Cette pause m’avait décontenancé mais l’excitation est rapidement revenue. Sur le lit, nous avons roulé en slip, l’un sur l’autre, peau contre peau. Toutes ces nouvelles sensations et ces frottements m’ont rapidement fait jouir.

La fièvre passée, les préoccupations ont afflué et avec, un déluge de questions. Allait-il vouloir me pénétrer de force? A l’époque le VIH faisait des ravages et cette pensée ne m’avait pas quitté un instant. Elle s’était seulement estompée pendant l’excitation. Allait-il me laisser partir? Il avait fermé plusieurs portes à clé et ce constat me mettait inconfortable. Envahi par l’anxiété, je suis parti au milieu de la nuit. Arrivé chez moi, j’ai passé des heures à me masturber en repensant à cette rencontre. Malgré cette première expérience, j’ai à nouveau vécu une période de solitude qui a duré plusieurs années. C’est en quittant Genève que je me suis véritablement senti libre et que j’ai pu m’épanouir sur le plan sexuel. Aujourd’hui, ça fait près de dix ans que je suis en couple avec un homme qui est devenu mon mari.»

Souvenir érotique

«Mon premier cours d’éducation sexuelle m’a beaucoup marqué. J’avais dix ans. Je me souviens de ce dessin en coupe de l’homme sur la femme et son sexe simplifié dans le corps féminin. L’homme était bleu et la femme rose. Ce qui m’excitait, plus que la pénétration, c’était l’évocation des caractères sexuels secondaires chez l’homme comme l’élargissement des épaules, la voix grave et les poils sur le torse. pour moi, il s’agissait d’un vrai récit érotique. en revanche, on ne nous a pas parlé d’homosexualité ou de bisexualité, ni alors, ni plus tard.» Antonio

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