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«Rien ne sert de se plaindre, il faut agir»

«Rien ne sert de se plaindre, il faut agir»

La Valaisanne Barbara Lanthemann a passé sa vie à se battre: pour elle, pour les autres, pour ses idéaux surtout. Parcours humaniste d'une amoureuse de la femme.

«Que des gens acceptent de subir sans réagir, j’arrive pas à comprendre!» Un coup de gueule qui pourrait résumer à lui seul l’engament politique et associatif, le caractère même de Barbara Lanthemann, secrétaire générale de l’organisation suisse des lesbiennes (LOS) et députée suppléante au Grand Conseil valaisan. Une vie passée à militer, à convaincre, à lutter pour ses idéaux. Un combat personnel tout d’abord, pour qu’on l’accepte telle qu’elle est: «J’ai toujours eu le béguin pour les filles. Je tombais amoureuse de mes voisines, pas de mes voisins», lâche-t-elle en souriant. Barbara a grandi dans un milieu très conservateur où le rôle de la femme était bien défini: «Je n’arrivais pas à accepter que j’allais devoir me marier à vingt ans, être soumise et faire six gosses.»

Devenir soi-même
A seize ans, lorsqu’elle parle de Ruth, un amour de vacances, à ses parents, elle se heurte à un mur d’incompréhension. «Pour eux, c’était un péché! Ils m’ont envoyée dans des familles intégristes pour me redresser!» Deux ans plus tard, elle claque la porte. Déjà elle était têtue. Elle rejoint Alpagai, peu de temps après sa création, «une nouvelle naissance». Au départ, il ne s’agissait pas de militer, mais de faire des rencontres, d’assumer leur identité: «On allait souper au restaurant en groupe, rien que ça c’était quelque chose.»

Elle se souvient, émue, d’un Noël «bouée de sauvetage», dans l’appartement de l’association: «C’est la première fois que j’ai décoré un sapin en me disant que ça avait du sens.» Plus tard, elle deviendra présidente de l’association. Son premier combat politique: la loi sur le partenariat enregistré. «Même lors de la campagne, c’était difficile de s’afficher. J’étais toute seule devant, et il y en avait quinze derrière qui faisaient tout pour pas qu’on les voit!»

Transpireurs
Barbara n’a jamais eu froid aux yeux, un trait qui plaît au valaisan: «J’ai compris que dans ce canton on aimait les transpireurs. Il faut montrer qu’on n’a pas peur et alors on vous laisse être vous-même.» Après la victoire du Pacs en 2005, Barbara rejoint LOS pour reprendre le poste de secrétaire romande, toujours avec le mot d’ordre: «Rien ne sert de se plaindre, il faut agir.» En 2013, elle en devient la secrétaire générale. Son objectif, donner une plus grande visibilité à l’association en Suisse romande et l’installer davantage dans le débat public. Mission accomplie, mais la lutte continue, en bataille rangée!

La militante, employée de commerce de formation, est une gestionnaire hors pair: «Je suis très organisée!» A cinquante ans, elle se lance dans une nouvelle campagne: L’élection au conseil national de cet automne, sur la liste PS. «J’ai toujours été indépendante, mais j’ai aussi toujours été de gauche, pour les valeurs humanistes, la justice sociale, le respect des migrants et, bien sûr, les questions LGBT.» L’une des têtes de liste, Mathias Reynard, «un type exceptionnel», «un hétéro qui se bat pour la cause». Elle partage son projet d’ajouter l’homophobie à la liste des discriminations punies par la loi.

Si Barbara Lanthemann a fait de sa vie un combat, c’est avant tout parce qu’elle l’aime, la vie… les rencontres, la bonne chair, les arts. L’une des ses plus grandes fierté, son livre, sorti cet été. Un ensemble de poèmes, de petits textes et de nouvelles, sur ce qu’elle admire: les battants et, surtout, les femmes… «Ce qui me touche, c’est ce mélange de vulnérabilité et de combativité. Rien n’est plus troublant qu’une femme qui milite et qui craque.»

Rencontre, nature et whisky

Une bonne adresse pour rencontrer des gens sympas ? Les locaux d’Alpagai, rue du Rhône à Sion, tous les vendredis soir. «Il y a un tout nouveau comité et il font vraiment des choses extra.» Celle qui se décrit comme «la personne la moins sportive du monde» aime à se promener avec Douma, son chien «à tête de loup». L’un de ses coins favoris, Derborence, «pour se souvenir de la force de la nature et se rendre compte qu’on n’est pas grand chose». Quand elle a un petit coup de blues le soir, elle se rend chez Paulette and Co, au sommet de la rue de Grand-Pont, à Sion. Un bar tenu par Yasmina, une «nana extraordinaire». enfin, l’un des endroits qu’elle préfère, c’est son carnotzet, au sous-sol de sa maison de Saxon, où «on refait le monde», un bon verre de bon whisky à la main. Vous y êtes invités, chers lecteurs. Il suffit de s’annoncer.