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Pas de cadeaux pour le sexisme!

NOËL – Ah ! Noël, sa dinde, ses boules, ses poupées pour les filles, pour faire comme maman, ses armes pour les garçons, pour être fort comme papa. Exaspérant, non? Dans plusieurs villes de France, trois associations féministes et LGBT, Mix-cité, les Panthères roses et le Collectif contre le publisexisme, partent en campagne contre les jouets sexistes.

Vous pensez que les stéréotypes sont en voie de disparition ? Eh non, toujours pas! Cette année, nous avons trouvé dans la rubrique « Côté filles » des magasins JouéClub, un superbe chariot-ménage livré avec seau, balai et serpillière, conseillé dès 3 ans. Nous avons craqué pour «Zoe, ma poupée bavarde», de Berchet, qui dit « Oui maman, vite j’ai faim ! Allez viens m’habiller ! Câlin maman ! » Vraiment trop chou ! Pour les garçons, nous sommes tombés sur un véritable arsenal, par exemple un coffret «Multi target», contenant un fusil à air comprimé, un revolver à air comprimé et des cibles, dès 6 ans. Chez Toys‘R’us, dans la rubrique «Jeux filles», on découvre la Coiffeuse lumineuse et musicale de Dream Dazzlers, livré avec un tabouret, contenant «tout le nécessaire pour être coquette». Chez Apache, on est plus loquace. On nous explique que le chariot bricolage Black & Decker de Smoby est «un jouet réaliste qui permet aux petits garçons de s’initier aux joies du bricolage en suivant l’exemple de papa!» Astucieux! On nous présente également un jeu «d’imitation et de projection pour faire comme maman»: la très jolie «Cuisine métal concept», une kitchenette remplie d’accessoires, «pour que les petites filles puissent faire comme les grandes», toujours dès 3 ans. Après lecture des différents catalogues, on se demande finalement si l’étude réalisée au Canada en 2002 indiquant que 10% des jouets sont violents et que 21% des jouets sont «genrés» ne serait pas un peu optimiste.

En rose et bleeeeu !
Ce formatage n’attendrit pas du tout les associations féministes et LGBT. « C’est en réalité une forme d’oppression extrêmement violente qui atteint son paroxysme à Noël, affirme Sandrine Natal, membre des Panthères roses.» Alors, à l’occasion des fêtes et pour la 6e fois consécutive, l’association Mix-cité s’associe aux Panthères roses et au Collectif contre le publisexisme pour organiser une campagne contre les jouets sexistes dans plusieurs villes de France. L’opération comporte des distributions de tracts et de contre-catalogues, des débats et des actions surprises dans les grands magasins. C’est Noël, les militants s’amusent. L’action la plus cocasse étant de mettre tous les jouets filles chez les garçons et vice versa (pauvres vendeurs qui remettent tout en place). Idée qui rappelle celle des féministes américaines qui ont, une année, réussi à placer dans les rayons certains jouets dont les paroles avaient été inversées. Les poupées disaient «Je vais te tuer!» et les G.I. Joe «Change-moi ma couche!». Tous les coups sont permis. Autre action ludique, le détournement de chansons célèbres. Ça donne par exemple, sur l’air de En rouge et noir: «En rose et bleu, j’apprendrai mon rôle / On m’offre des jouets pour mieux me formater / En rose et bleeeeu ! » Sûr que Jeanne Mas n’avait pas imaginé qu’elle rendrait un tel service au féminisme.

Mon fils? Une poupée? Jamais!
La prise de conscience menace néanmoins d’être longue : « De manière générale, nos actions suscitent encore trop d’indifférence, explique Thomas Lancelot, co-fondateur de Mix-cité. La plupart des gens ne voient pas où est le sexisme et ils ne se sont jamais posé de questions. ». Les réactions négatives ne manquent pas : « Avec les jouets, nous touchons le cœur des stéréotypes. Les gens nous disent souvent qu’offrir une poupée à un garçon, c’est forcément en faire un pédé. Le comble, c’est que Bernard Stasi, responsable de la mise en place de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (HALDE), nous a dit la même chose!» Les Français ont du souci à se faire.

Un landau pour Paulo, une pétoire pour Victoire
C’est très bien tout ça, mais que commander à la Mère Noël ? Pour Sandrine Natal, c’est une question de bon sens: «Il faut se concentrer sur ce que l’enfant aime.» On trouve sur le site du Collectif contre le publisexisme un contre-catalogue, édité par les trois associations, qui propose des listes de livres de jeunesse non-sexistes et des jeux de société qui ne mettent pas en avant la compétition et sensibilisent les enfants à l’écologie. Des magasins comme La Redoute ont fait l’effort de créer des rubriques mixtes où figurent des legos, des jeux de construction, des jeux éducatifs, musicaux, artistiques, sportifs. « En réalité, ce ne sont pas les jouets qui sont sexistes mais les intentions », précise Thomas Lancelot. L’important étant de réfléchir aux idées que l’on véhicule et de rester vigilants.

Semaine d’action contre les jouets sexistes à Paris du 11 au 16 décembre 2006.
Pour plus d’infos :
www.mix-cite.org
www.pantheresroses.org
www.publisexisme.samizdat.net