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Solidarité!

Pour répondre aux violations des droits des personnes LGBT, Peter Tatchell, président de l’organisation britannique Outrage! opte pour l’action spectaculaire et médiatique, tandis que Rosanna Flamer-Caldera, co-secrétaire générale sri-lankaise de l’ILGA, penche pour le lobbying patient et déterminé. Deux voies, une conviction: les communautés LGBT européennes doivent se faire entendre. Pas seulement par solidarité, mais parce que la vigilance reste de mise chez nous, en Europe.

Le mouvement LGBT en Europe a-t-il atteint le terme de son combat?
Tatchell: Beaucoup reste à faire. Il s’agit de bien davantage qu’une simple égalité formelle : il faut s’assurer que les nouvelles lois sur l’égalité sont appliquées et s’attaquer à des questions, plus larges et difficiles, d’homophobie culturelle. Pour cela nous avons besoin d’un mouvement LGBT vigilant et actif. N’oublions jamais le terrible prix à payer pour l’apathie et la complaisance: en 1930, Berlin était la capitale gay du monde!
Flamer-Caldera: Le combat est toujours à recommencer. Aux Etats-Unis, les gens pensent qu’ils ont acquis des droits, mais des menaces graves pèsent sur les droits de personnes LGBT. Je pense qu’un même type de situation peut intervenir en Europe si l’on n’est pas extrêmement vigilants.

Percevez-vous une démobilisation des gays et lesbiennes en Europe?
Tatchell: Le mouvement LGBT en Europe traverse une phase de dépolitisation et de démobilisation similaire à ce qui est arrivé au mouvement des droits civiques aux Etats-Unis après l’abolition des lois sur la ségrégation; plus tard, des millions d’afro-américains continuent de vivre dans un cycle de pauvreté et d’exclusion – comme si le mouvement de droits civiques n’avait jamais existé.
Flamer-Caldera: Il est difficile de rester concentré sur ses objectifs. Il y a un risque que le message se dilue, entre autres à cause d’une certaine institutionnalisation. Mais ce n’est pas une fatalité.

Est-il possible de «mondialiser» les droits des personnes LGBT ?
Tatchell: Nous pensons que c’est l’une des responsabilités du mouvement gay-lesbien d’affirmer sa solidarité avec nos frères et sœurs LGBT qui luttent dans les pays en développement. Les droits humains sont universels et indivisibles, et les droits des personnes LGBT en font partie intégrante.
Flamer-Caldera: On ne peut pas rester sans rien faire quand on voit les exécutions en Iran, les agissements contre les gays et lesbiennes en Pologne, en Russie ou au Zimbabwe… En tant qu’être humain, comment dire que cela ne nous concerne pas? Il faut être vigilants à un niveau mondial et être actifs à cette même échelle. Plus nous aurons de voix, plus fortement nous pourrons faire passer le message, par exemple aux Nations Unies! Mondialiser ces droits n’est pas une option – c’est un devoir!

L’ILGA tenue à distance de l’ONU

Sur le point de réunir sa conférence mondiale à Genève, du 26 mars au 3 avril, l’ILGA, est un réseau de plus de 400 groupes dans 90 pays. Depuis sa création en 1978, elle s’est imposée comme la voix des personnes LGBT à travers le monde, et a obtenu en 1993 un statut consultatif auprès de l’ONU. Mais celui-ci est retiré l’année suivante, au prétexte que des groupes membres de l’ILGA maintiennent une attitude ambiguë face à la pédophilie. Malgré leur radiation par l’ILGA, l’exclusion perdure jusqu’à aujourd’hui. En janvier dernier, elle a même été reconduite à la faveur d’une alliance implicite entre les régimes islamiques et les Etats-Unis. Pour contourner cette mise au ban, l’ILGA coordonne ses activités avec plusieurs organisations de défense des droits humains.