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DESIGN - La dernière édition du Salon international du meuble de Milan marque une tendance au repli esthétique dicté par la morosité économique ambiante. Après les inspirations 70ies sous Lexo des années précédentes, c’est à un XIXe conservateur et nostalgique que font rêver les grandes marques.

L’édition australienne de Vogue Living l’annonçait à l’été 2004 déjà: «Classic Cool / A grand new order for decorating». Un ordre nouveau, tel est effectivement le rêve que vendent aujourd’hui les grands noms de l’édition de meubles contemporains ainsi que les plus petites maisons, qui leur emboîtent le pas, voire les devancent. Ainsi du label Moooi, qui n’a pas attendu la tendance lourde de 2005 pour flairer la belle opportunité en s’intéressant au travail de diplôme, présenté à Milan en 2003, de Maarten Baas, frais diplômé de l’Académie de design d’Eindhoven. Intitulé Smoke Collection, son travail présente des chaises, commodes, meubles de style, tous brûlés, carbonisés à la main avant d’être recouverts, pour les préserver, d’une couche de résine epoxy et d’être tapissés de tissu noir (pour les assises). Moooi a donc entrepris d’éditer certaines de ces pièces offrant ainsi la meilleure interprétation de l’humeur du moment: une référence claire à un classicisme rassurant, auquel on s’accroche avec la nostalgie des moments d’inquiétude comme à un eldorado perdu, réinterprété par le feu, comme une conjuration, un désir de renaissance et de purification. Ici, de réappropriation stylistique avant tout.
Tandis qu’en 2003, Milan consacrait le repli sur soi sur le mode d’intérieurs très 70ies façon fin de règne Pompidou (meubles larges et bas, prédominance des couleurs sombres telles que les bruns nègres, voire effacées comme les beiges et gris, B&B Italia et Minotti en tête), les lourds rideaux protégeant la bourgeoisie calmée aux Lexomils tandis que fanaient les 30 glorieuses, 2005 signe une profonde nostalgie vers les débuts de la Révolution industrielle, quand triomphait la bourgeoisie industrieuse laquelle reprenait à son avantage les attributs stylistiques de la monarchie impériale.
Dernière et meilleure illustration en date de la tendance, le «Faena Hôtel+Universe» que vient de réhabiliter Philippe Starck à Buenos Aires: dominé par le style Empire, l’hôtel et ses restaurants décline les dorures, le satin, les cristaux et pampilles dans une théâtralisation revendiquée qui n’est sans rappeler le mythique Pavillon Chinois de Lisbonne, vrai-faux club du début de siècle, où les colonies ne seraient pas loin et la promesse de lendemains qui chantent à portée de main…

Promesses radieuses
Revenons à Milan, les exemples de cette volonté de faire mentir l’époque toute en morosité pour se confondre dans un rêve de promesses radieuses sont partout, seules les matières changent pour afficher l’esprit contemporain de cette nostalgie et ne pas laisser le marché échapper aux enseignes modernes: comme la série des New Antiques dessinée par Marcel Wanders pour Cappellini (pieds en plastique moulé et pla-teau de verre fumé donnent l’illusion de l’ancien, sans rien lui abandonner de la modernité); plus loin ce sont les grands verriers de Murano qui trouvent là l’aubaine de revendiquer leur savoir faire pour revenir sur le devant de la tendance. Ainsi, La Murrina qui scande son nouveau slogan, «New Classic», sur ses publicités, ou la Gallery vetri d’arte de Vetro qui demande à Carlo Nason de redessiner ses lustres à multiples branches. Même les constructeurs de salles de bain, tel Antonio Lupi, imaginent des surfaces murales et des luminaires éminemment baroques à côté des lignes épurées à l’extrême de leur mobilier d’eau. Dire si la tendance est lourde: Donatella Versace, pourtant connue pour ses débordements de faste muticolore, s’y met en imposant la sobriété à la Versace Home Collection.
Et chacun de ces témoignages d’un âge d’or révolu mais ardemment désiré d’en assumer l’impossible accessibilité au-delà de la mise en scène: partout le noir drape et teint les lignes et silhouettes. Comme un voile de deuil. Celui de la dignité des pauvres, mieux: l’orgueil des désargentés.