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Coiffure et stéréotypes: la coupe est pleine

Coiffure et stéréotypes: la coupe est pleine
Coiffures lesbiennes selon Dis

Plus une femme est homo, plus ses cheveux sont courts. C’est ce que prône le site américain Dis, via une compilation de coiffures queer. Bonjour le cliché. Décryptage des vraies tendances capillaires 2011.

Tout le monde ou presque a déjà vécu une expérience désastreuse avec son coiffeur. Surtout à l’instant où il s’agit de lui expliquer la nouvelle tête dont on rêve. Voilà pourquoi le site américain Dis dresse l’inventaire, non exhaustif, d’une vingtaine de coiffures prêtes à l’emploi d’une main experte. Selon les auteurs de ce poster, la tignasse est une fenêtre sur une sexualité assumée. D’où cette source d’inspiration pour des filles radicales en quête de modèles. D’où ce guide pour les professionnels de la tondeuse en mal de repères quant aux coiffures lesbiennes. Puisque ces coupes, asymétriques, dressées en crête, dégagées sur les oreilles ou rasées de près dans la nuque, ne sont jamais répertoriées dans les catalogues des enseignes habituelles.

Mais bon, au-delà des goûts et des couleurs, on remarquera à quel point ces vignettes participent aux clichés ambiants. Il suffit de quelques clics sur Google pour se rendre compte que l’identité d’une femme est encore réduite à la longueur de ses cheveux. Extrait: «J’ai remarqué que toutes celles qui avaient les cheveux courts étaient lesbiennes… Je ne savais pas que c’était un signe pour se reconnaître…» Réponse: «Eh bah il doit y avoir la moitié des femmes qui sont lesbiennes car presque la moitié des femmes ont les cheveux courts…» Commentaire: «Mauresmo a les cheveux longs? Lesbienne quand même! Cécile de France, cheveux courts, hétéro…» Dernière interprétation de l’actrice Natalie Portman au sujet de sa boule à zéro: «Certaines personnes penseront sûrement que je suis une néo-nazie, que j’ai le cancer ou que je suis une lesbienne.» Pas la peine de se pincer, nous sommes bien en 2011 et ses remarques sont on ne peut plus réelles.

Bref, même si on a toutes une vieille copine qui a le look de Josiane Balasko dans Gazon maudit, on a toutes aussi une jeune voisine qui a les boucles de Jennifer Beals dans L Word. A partir de-là, il est temps de voir quels sont les exemples des nouvelles générations, en sachant que les lesbiennes sont quasi invisibles dans le paysage médiatique. Notre sélection repose donc sur des vedettes qui s’amusent d’un esthétisme saphique et marketing lié aux fantasmes masculins, sur des personnages de fictions qui surfent sur des sujets tendances comme Annette Bening et Julianne Moore, homoparentes dans «Tout va bien» ou sur quelques vraies personnes qui s’affichent sans complexe comme Beth Ditto. La diversité de ce panel prouve que le style camionneuse a fait long feu. Car non, les lesbiennes ne sont pas toutes mal peignées.

L’avis des pros

Existe-t-il des coiffures typiquement lesbiennes? Peut-on afficher sa sexualité par une coupe de cheveux? En général, les professionnels sont indignés par ces questions, voire par l’existence même d’un panel qui serait spécialement dédié aux femmes gay. Pire, ils se disent choqués par ces propositions homo-dirigées qu’ils trouvent réductrices. «Clichés», «étiquettes», et «effets ghetto» sont d’ailleurs les trois formules qui traduisent à chaud la première réaction des deux spécialistes. Interview croisée de Zamila à Genève et de Salvador à Lausanne, dont les propos étoffent puis nuancent cette problématique capillaire.

Qu’est-ce que vous inspire le poster du site américain Dis?
Salvador: Ça fait un peu londonien, ghetto, lesbienne, queer. On n’est pas du tout dans la représentation dite glamour de la fille ou de la femme en général. Plusieurs modèles ressemblent clairement à des hommes. Il y a des lesbiennes extrêmement glamour, et d’autres qui s’affichent clairement lesbiennes, sans être la camionneuse de service.
Zamila: Ce sont vraiment les coupes des années 80. C’est du déjà vu, ces nuques courtes, ces crânes rasés sur les côtés, ces coupes au bol, cela fait dix ans que je n’en fais plus!

Sexualité et coupes de cheveux sont-elles liées?
Salvador: Philosophiquement parlant, je trouve cette idée absolument nulle. D’un point de vue purement esthétique, je me fiche de savoir si une femme est une lesbienne ou non. La démarche du site Dis me heurte un peu. Genre, j’ai un panel de coupes pour toi ma chère lesbienne…
Zamila: Je pense qu’il n’est plus nécessaire de s’afficher en portant une étiquette. On vit sa sexualité comme on le peut, et ce n’est pas une coupe de cheveux qui fera la différence. C’était peut-être le cas pour l’ancienne génération, mais certainement pas pour la nouvelle.

Il n’y a, selon vous, pas de coupes de cheveux lesbiennes, mais existe-il une tendance?
Salvador: La tendance pour la jeune génération s’inscrit dans l’esthétisme manga: punkettes en haut, tempes rasées, mèches plus longues qui tombent sur les épaules. Les plus âgées, en revanche, sont davantage portées sur le court au naturel: si elles ont des cheveux blancs, elle les assument et si c’est du court, c’est franchement très court.
Zamila: La tendance va vers plus de féminin. Des coupes souples, souvent moins courtes, qui permettent aux cheveux de bouger.

Coiffure Zamila, Rue Saint-Joseph 37, Carouge GE
Coiffure Salvador & Mathieu, Passage Saint François 2, Lausanne

Homos ou non, elles nous inspirent

S’il y a une actrice à qui les cheveux courts vont mieux qu’à Desireless, c’est Cécile de France. Depuis le rôle d’Isabelle, la lesbienne sympa de L’Auberge espagnole, on adore cette garçonne au sourire omniprésent. On la copie en sachant que ce n’est pas parce qu’on est lesbienne qu’il faut tirer la gueule.

Depuis qu’elle a partagé son lit avec Annette Bening dans Tout va bien, on craque pour la flamboyante Julianne Moore. Malgré la longueur de ses cheveux, elle campe une homo lipstick des plus convaincantes. Preuve que ce n’est pas la forme qui dicte le fond. On laisse repousser sa tignasse.

Ah Catherine Lara, l’inoxydable rockeuse au violon fou aura inspiré plus d’une génération. Elle assume son âge en affichant un plumeau poivre et sel dans un flou artistique savamment étudié. Si le coiffeur le trouve trop ringard, on achète un sèche cheveux performant pour s’ébouriffer à la maison.

C’est la benjamine de L Word, la série qui a féminisé le monde lesbien. C’est aussi un modèle de sex-appeal pour les plus jeunes. Avec son look androgyne et ses tifs en pseudo bataille, Shane (Katherine Moennig) en connaît long sur l’amour et la coiffure. On se met la tête au carré pour adopter son mode de vie.

Avec des rôles de femmes fortes qui lui ont garanti l’amour du public lesbien, Nathalie Portman ose tout. Même d’échanger une étreinte torride avec sa rivale dans son dernier film, le grandiose «Black Swan», le 9 février au cinéma. On opte pour la boule à zéro, juste pour voir si on a aussi un joli crâne sans bosse.

Avec raison, Virginie Despentes se fiche pas mal de son image. Mais avec l’avantage certain d’avoir du talent. Il faut la prendre au naturel pour apprécier les réalités crues de son style littéraire. On se plonge illico dans son dernier livre, Apocalypse bébé. Et pour paraître plus net, on n’oublie pas le shampoing.

Jouant de l’ambivalence des discours fictifs et autobiographiques, Christine Angot a écrit dans «L’inceste» en 1999 qu’elle avait été homosexuelle pendant trois mois. Un penchant plus bref que sa coupe de cheveux qui, elle, ne bouge pas. On essaye ce classique capillaire intello.

Grosse et homo, Beth Ditto, la chanteuse militante du groupe Gossip, est une féministe impressionnante de vitalité. Elle donne de la voix quand elle ne défile pas pour Jean-Paul Gaultier sans passer pour un porte-manteau. Avec elle, les XXL sont bien plus sexy que les XXS. Allez, on se défrise illico.

Elle n’a plus tourné que des nanars depuis Basic Instinct. Mais Sharon Stone peut rompre la glace, surtout quand il s’agit d’orchestrer des mondanités en faveur de la lutte contre le sida. La gay friendly glamour est un as du marketing. Pour elle, on se teint volontiers en blonde, sans aucun espoir de lui ressembler.

«Il n’y a pas de malheur homosexuel, il y a un malheur amoureux.» Nina Bouraoui, prix Renaudot 2005 pour Mes mauvaises pensées, n’a jamais caché ses préférences saphiques qui sont au cœur de plusieurs de ses romans. Avec ou sans mèches, on donne du volume à ses cheveux

Elle porte du rouge à lèvres, tant mieux pour elle. On ne sait pas avec qui elle couche et tant pis pour nous. On l’envie. pour énergie virile, Regina Spektor est une musicienne américaine d’origine russe aux mains de pianiste envoûtantes. On dort avec des bigoudis pour avoir des frisettes pareilles.

Pas de doute, les blacks peuvent tout se permettre. Sur les traces de Grace Jones, Skin, l’ex-chanteuse du groupe Skunk Anansie n’a peur de rien. Surtout pas de poursuivre sa carrière en solo. A défaut d’être une bête de scène, on se procure une tondeuse et du mascara pour éviter l’effet butch.