«Nous allons entendre des propos extrêmement violents»
La Genevoise Olga Baranova a pris la direction de la campagne Mariage civil pour toutes et tous. L’occasion de faire le point avec elle sur ce sujet qui nous occupera jusqu’à la fin de l’année.
Figure bien connue des milieux politiques romands, et reconnue pour sa pugnacité, Olga Baranova est en ordre de marche pour couper la route aux trois comités référendaires constitués pour faire capoter le projet adopté par les Chambres, fin 2020. Les opposant·e·s ont jusqu’au 12 avril pour récolter 50’000 signatures.
360° – Olga Baranova, quel est le calendrier sur lequel vous tablez?
Olga Baranova – Si les opposant·e·s arrivent à leurs fins en termes de signatures, deux dates sont hautement probables: la votation de fin septembre ou celle de novembre 2021. Les Suisse·sse·s devraient donc être fixé·e·s cette année. La campagne se déploiera concrètement dès le mois de juin.
Quelle est la stratégie que vous poursuivez pour cette campagne?
Il s’agit avant tout d’une campagne de mobilisation de celles et ceux qui sont favorables au mariage civil pour toutes et tous. Il s’agira bien sûr de convaincre, à la marge, les indécis. Il sera également important pour nous de limiter la casse. Nous allons entendre un certain nombre de propos homophobes extrêmement violents dans les médias. Il ne faut pas oublier que nos adversaires sont des réactionnaires. Ce sera l’occasion de voir à quel point la nouvelle norme anti-discrimination va pouvoir nous aider. Quoiqu’il en soit, nous allons préparer nos bénévoles à faire face à ces propos et leur donner les outils pour pouvoir répondre de manière adéquate. Il s’agira d’une campagne de terrain afin de renforcer les communautés LGBT dans les régions. En Suisse, nous avons un énorme potentiel pour le community building. Le message est celui de l’égalité et de l’ouverture. Une ligne de campagne tout à fait universelle.
Est-ce qu’il y a un enjeu autour des régions linguistiques?
Si l’on regarde les différentes statistiques à disposition, il n’y a pas vraiment de röstigraben sur cette question. C’est un sujet qui dépasse également les frontières partisanes. En tant que Romande, je suis ravie que les francophones soient d’emblée partie prenante. Il n’y aura pas deux campagnes, mais une campagne nationale adaptée aux régions. Mon ambition de directrice, c’est aussi d’avoir suffisamment de ressources pour que nous soyons mobilisés au Tessin, par exemple.
Qui sont les adversaires au mariage pour toutes et tous, quel est leur vrai visage?
Il y a deux groupes distincts. Le premier groupe est celui de l’extrémisme religieux. Il s’agit de l’UDF et consorts. Ils portent des croyances extrêmement traditionalistes des relations humaines et de la société. Cela ne sert à rien d’essayer de les convaincre. Cela sera également compliqué pour eux de rallier largement, puisqu’ils ont une forme de mépris pour des modes de vie au-delà de l’acronyme LGBT. Ce groupe représente, si j’ose le dire comme ça, le moindre de nos problèmes.
L’autre groupe est beaucoup moins religieux, beaucoup plus politique. Je pense bien évidemment aux membres de l’UDC et du PDC. Certains de ceux qui s’affichent comme opposants ont déjà été condamnés pour racisme. Nous les connaissons bien. Il y a peu de personnalités surprenantes, mais ils savent parler aux médias et les médias leur donnent de la place. Ils sont aussi beaucoup plus stratèges que les premiers. Ils utiliseront sûrement les enfants comme cheval de bataille avec tous les arguments que nous connaissons aussi. La bonne nouvelle, c’est que nous avons la science et l’expérience des autres pays de notre côté pour infirmer leurs thèses. Nous ferons tout notre possible pour ne pas se faire amener sur ce terrain ultra-émotionnel.