«On a intérêt à rester soudés face à l’homophobie et la transphobie»
James Alzetta, 24 ans est étudiant en psychologie et cofondateur de Sui Generis à Neuchâtel.
«J’ai réalisé… punaise, c’est possible!» C’est en 2016, alors qu’il a tout juste la vingtaine et entame des études de psychologie, que James découvre sur YouTube des témoignages d’hommes trans. Ils racontent leur expérience et livrent leurs conseils sur la prise de testostérone, les opérations, etc. «C’était inespéré pour moi, qui avait fait mon deuil. Je me disais: cette vie, je la vis en tant que femme et la prochaine je serai un mec… Ils m’ont montré que non.»
La question du genre, James l’avait pourtant perçue très tôt dans sa vie, sans que cela soit un problème, du moins au début. «Tout le monde me connaissait en tant que «garçon manqué» comme on disait à l’époque. Ça s’est corsé à l’adolescence, quand ces différenciations homme/femme sont plus fortes. Pour moi, ça ne faisait pas sens, je ne me retrouvais ni dans l’un ni dans l’autre.» C’est un peu «dans son coin», qu’il a assumé un premier coming-out – à soi-même – en tant que lesbienne. «J’ai toujours été pas mal derrière les écrans, dans les jeux, les séries aussi, où je voyais des femmes qui étaient avec des femmes. Je trouvais cool que l’on sorte du schéma traditionnel. Ça m’a rassuré sur le fait que j’étais pas seul, que c’était un vrai truc.»
Du virtuel à la réalité neuchâteloise, il a fallu que James mette sa timidité dans sa poche pour pousser la porte de l’association Togayther et discuter de vive voix avec d’autres personnes trans. «Petit à petit ça s’est ancré, j’en ai parlé à tout le monde et j’ai rencontré ma compagne, Aline, un soutien inestimable.»
Réagir à l’exclusion
Son cheminement vers la transidentité s’est peu à peu transformé en un projet plus large: Sui Generis. «Avec Aline et un autre ami, Giona, on a décidé de fonder ce collectif pour les personnes trans, parce qu’on s’est rendu compte qu’il y avait beaucoup d’exclusion, de doutes et de difficultés, aussi avec les professionnels de la santé, avec l’école.» Le trio a monté un premier événement très remarqué, en mars 2019 au Théâtre du Concert, alliant discussion, atelier artistique et fête. A suivi la mise en place d’un groupe de parole, qui se déroule pour l’instant à distance. «On se rend compte que l’isolement peut être super difficile dans la communauté LGBT. Il est impensable de dire qu’à cause du Covid on annule tout.»
Au contraire, Sui Generis profite de cette période pour préparer son prochain événement, prévu fin mai. Enfin, le collectif a été sollicité par des écoles pour des sensibilisation, l’amorce d’une future formation sur la transidentité.
Alliance
Pour tous ces projets, James insiste sur l’alliance avec Togayther. «Selon la lettre qu’on représente dans l’acronyme LGBT, on a parfois peu de choses en commun, mais il y a un intérêt à rester soudés face à l’homophobie et la transphobie. Moi je préfère parler de ‘minorités sexuelles et de genre’ parce que ça inclut tout le monde et que malheureusement, on est relativement marginalisés à l’heure actuelle. Mais un jour, ça fera peut-être davantage sens de mener des combats séparés, à condition de rester en réseau – c’est un peu ce qu’on fait à Neuchâtel avec Sui Generis.»
James Alzetta
24 ans
Étudiant en psychologie
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