La défense des pères, cheval de bataille des anti-mariage pour tous
La loi suisse sur le mariage égalitaire n'est pas encore sous toit qu'elle fait déjà l'objet d'un tout-ménage dénonçant pêle-mêle oblitération des pères, PMA et «lobbies LGBTQIA+». Pour vous en épargner la lecture, on l'a parcouru pour vous.
«David & Goliath», c’est le titre très biblique du No 1 d’un tout-ménage qui a débarqué dans les boîtes à lettres romandes au début du mois. La publication, repérée par la page Facebook O’Dace, est la première salve des opposants au mariage civil pour tous dans la perspective d’un probable référendum. Elle nous vient du Valais, plus précisément de la Fondation pour la famille, structure créée en 2019 dans la constellation des organisations «pro-life» du canton.
Il n’y a pas à dire, les arguments de ces mouvements se sont modernisés depuis l’épique croisade contre la Pride de Sion, en 2001. On ne diabolise plus l’homosexualité et le principe même du mariage civil entre personnes du même sexe n’est pas ouvertement remis en cause (ce sera sans doute pour le No 2). En revanche, on brandit la menace de la destruction de la famille traditionnelle, a priori bien plus efficace.
Ornée de la photo d’un petit garçon accroché à la chemise à carreaux de papa, la Une de «David & Goliath» est ainsi consacrée à la disparition du mot «père» au profit de «parent» dans la proposition de loi (art. 252 du Code civil). Cette modification doit permettre l’ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de lesbiennes, principal point d’achoppement des débats en cours au Parlement.
Ton alarmant
L’article interpelle pères et futurs pères sur un ton alarmant: «Pour que deux lesbiennes puissent accéder à la PMA, vous avez été supprimés de la loi, ni plus ni moins. Vous n’existez plus en droit suisse! Et elles appellent cela le mariage pour tous!»
À la page suivante, le Conseil national est accusé d’ignorer, par «hypocrisie», les limitations imposées par la Constitution à la PMA – une critique martelée par l’UDC lors des débats aux Chambres.
Une hypocrisie assez partagée, quand «David & Goliath» qualifie de «discriminatoire» l’accès des couples de femmes aux dons de sperme, car «elle cause du tort également aux gays qui voient leur rêve de paternité s’évanouir, n’ayant ni l’accès à la GPA, ni même la possibilité d’être père, l’appellation étant ensevelie sous les pelleteuses du ‘mariage pour tous’.» La Fondation pour la famille qui défend la GPA? Mettons ça sur le compte de l’ironie…
«La déviance qui nous pend au nez»
Les masques tombent quand le tout-ménage se livre à une petite leçon sur l’acronyme LGBTQIA+, relevant son inflation au cours des années et s’inquiétant de ses revendications. Ici, c’est le vieille dénonciation de l’engrenage qui s’exprime, autrement dit «la déviance qui nous pend au nez». «Après tout, pourquoi refuser le mariage polygame et aussi le mariage polyandre? Pourquoi également encore discriminer les amours incestueuses puisqu’il s’agit du «mariage pour tous»?»
Tremblez, familles suisses, devant la «volonté tentaculaire» du lobby LGBTQIA+: un goliath qui «bénéficie de larges soutiens sur le plan politique et médiatique», ainsi que d’«appuis économiques», nous prévient-on. Heureusement, David est là, avec sa fronde: «S’opposer aux lobbies LGBTQIA+ relève du courage, car les exactions et les sanctions ne se font pas attendre»…