Un curé homosexuel dans les filets d’un maître chanteur
Un Slovaque est accusé d'avoir extorqué des centaines de milliers de francs à des hommes âgés, dont un prêtre piégé par de fausses photos intimes.
Deux ressortissants slovaques ont comparu cette semaine devant le tribunal de district d’Andelfingen (ZH). Ils feraient partie d’un clan qui s’est spécialisé dans l’extorsion, visant en priorité des personnes âgées vulnérables en Suisse orientale. Dans le cas précis, c’est un prêtre qu’ils auraient fait chanter avec des photos censées le représenter au cours de relations homosexuelles. Le religieux, proche de l’âge de la retraite, y a laissé toutes ses économies en l’espace d’un an. Ainsi que sa paroisse. «Il voulait aider, et maintenant il n’a plus rien», a témoigné son compagnon à l’audience. C’est lui qui a fini par alerter la police, qui a cueilli les deux prévenus venus chez le prêtre pour lui réclamer 1400 francs.
Le principal accusé, Dejan P., déjà condamné en 2008 et 2010, aurait fait récemment au moins une autre victime: un retraité appenzellois de 79 ans atteint de démence. Dans les deux cas, la défense soutient que l’argent versé l’était sous forme de «prêts» sous des prétextes divers, surtout pour aider la famille nécessiteuse restée en Slovaquie. Ces «prêts» se chiffrent en centaines de milliers de francs, rapporte la «NZZ».
Le prêtre a raconté qu’il avait fait connaissance avec P. à la porte de son presbytère. Il avait sollicité l’aide de l’homme d’Eglise, qui lui avait ouvert sa porte, partageant un repas… et probablement aussi son lit. Mais très vite, des membres de la famille avaient pris leurs aises dans le logement du curé, s’y installant même pendant son absence.
Peur des commérages
Pourquoi avoir attendu si longtemps avant d’appeler la police? Bien que le compagnon du curé était convaincu que les photos intimes utilisées pour faire pression sur le prêtre étaient fausses, il avait eu peur des «commérages» au sein de la paroisse. Mais l’affaire a été éventée après que la secrétaire de paroisse a entendu un des accusés parler de «photos compromettantes» au téléphone. Alerté, le diocèse avait relevé le curé de ses fonctions en mars 2017 pour «faute personnelle», deux mois avant l’arrestation de Dejan P et de son complice.
Le Parquet a requis 30 mois d’emprisonnement pour extorsion de fonds et fraude par métier, et une expulsion du territoire suisse assortie d’une interdiction de 5 ans.