Genève défendra la lutte contre l’homophobie à Berne
A la quasi unanimité, le Grand Conseil a décidé de présenter une initiative cantonale visant à protéger, au niveau fédéral, les personnes LGBT des actes de haine, de discrimination ou de dénigrement.
Comme l’y autorise la loi suisse, le Canton de Genève va présenter à l’Assemblée fédérale une initiative demandant d’inclure une référence à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre dans le Code pénal et la Constitution. La proposition défendue par l’écologiste Jacqueline Roiz a été adoptée par 48 oui (contre 1 non et 1 abstention) cette après-midi au Parlement cantonal. En commission, le député UDC Eric Bertinat, familier des dérapages homophobes, avait dénoncé un texte qui, selon lui, «limite la liberté d’expression», comme le notait «Le Temps» de mardi. Manifestement, il n’a pas été suivi par ses collègues du parti populiste.
Norme pénale à revoir
La Constitution helvétique ne protège, à l’heure actuelle, que des discriminations basées sur le concept vague du «mode de vie» – à côté de la race, de la religion ou du handicap. Quant au Code pénal, il devrait être amendé pour que la haine, la discrimination ou le dénigrement systématique des personnes LGBT soient punis, à l’instar des actes racistes ou antisémites, de 3 ans de prison maximum. L’an dernier, le Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, Thomas Hammarberg avait mis en évidence le retard «préoccupant» de la Suisse dans ce domaine.
Le vote intervient juste après la publication d’une étude de Dialogai et de l’Uni de Zurich sur le suicide parmi les homosexuels. Elle souligne que 19% des hommes gay ont tenté de mettre fin à leurs jours – un chiffre cinq fois supérieur que dans l’ensemble de la population. Les initiants espèrent que les futurs amendements aideront les victimes d’actes homophobes à briser le silence. Ils veulent aussi battre en brèche le sentiment d’impunité éprouvé par les auteurs d’agressions.
» Le rapport et la proposition de la Commission des Droits de l’homme (pdf).