L’homoérotisme du wrestling en cinq prises

La soirée de vendredi au Cruising Canyon de Genève met à l'honneur les fantasmes sportifs, et notamment la lutte, ou «wrestling». Une discipline sportive plutôt confidentielle, mais dont l'imagerie est omniprésente dans le porno gay. Petite récap pour néophytes et curieux.

1. Le sport classé X
Jadis, le rayon «sport» de nos pornothèques était peuplé de Zoltan et ses potes les nageurs, des rugbymen du team Triga ou de Cliff le quarterback, dans son seyant jockstrap. Mais aujourd’hui, les pages de PornHub semblent presque entièrement dévolues à une seule discipline: le wrestling. Cette obsession pour la lutte ne date pas d’hier. Dès l’âge de la VHS, des studios comme Can-Am filmaient des combats (softcore d’abord) entre de massifs gaillards en minislips échancrés, avec gros plans sur des entre-jambes transpirants et des têtes écrasées par de puissantes croupes.
Mais cet imaginaire érotique remonte à bien plus loin encore: aux apollons «beefcake» des revues proto-gay des années 1950-1960, dont les poses étaient elles-mêmes inspirées de la sculpture antique. Un très, très vieux fantasme, donc.

2. «College fantasy»
Le wrestling qui s’affiche sous nos yeux d’internautes priapiques est assez loin des délires testostéronés du MMA ou des extravagances quasi queer du catch, avec ses juste-au-corps et ses divas. À vrai dire, il est bien plus conventionnel. Ici, on s’inspire des mythes d’une certaine jeunesse américaine, celle des sports d’élite dans les «colleges»: privilège, prestige, initiation…
Alabama Takedown (2005), un des classiques pornos du grand Joe Gage, résume bien cette tension entre conventions viriles et fraternité sensuelle, en l’occurrence dans un décor plus redneck. Le réalisateur n’a pas son pareil pour filmer les regards lourds de sous-entendus entre coaches, arbitres, athlètes et aspirants. On recommande le final collectif sur le ring, à vous débraguetter toute la promotion.

3. Un soupçon de BDSM
En général, le fantasme du wrestling semble un tantinet prévisible: «Winner takes all». Le vainqueur prend tout, à commencer par le cul de son adversaire. Une philosophie que suit à la lettre Naked Kombat (NFSW), site qui s’est spécialisé dans les matches nerveux, tendus, ritualisés. Round 1: arrachage des maillots. Round 2: réduction des jockstraps en charpies. Round 3: corps-à-corps huilé.
Petit twist supplémentaire: certaines séquences sont filmées en public, lequel a le mérite de rester très sage même au moment de l’onctueux dénouement.

4. Un préliminaire comme un autre
Ne vous attendez pas à des body slams, mountain bombs, catapults et autres moves acrobatiques. Il n’y en a guère dans ce vaste corpus de vidéos érotiques. Nos lutteurs amateurs sont vite essoufflés, et les combats sur la moquette de la salle à manger ou sur un lit d’hôtel tournent court.
Très vite, on a compris que ces simulacres de combat n’auront servi que de préliminaires à des ébats assez classiques, même s’ils sont ponctués de claques sur les fesses, de gut punches en trompe-l’œil et de grognements de circonstance.

5. L’habit fait le lutteur
Moralité: pas besoin de sortir de l’Ivy League ni d’avoir dépassé la ceinture jaune de judo pour s’initier aux plaisirs du ring. C’est encore mieux, pour faire comme si, quand on peut enfiler le fameux singlet. Le vêtement emblématique, sorte de maillot à bretelles révélateur, ne se trouve pas chez Decathlon. Mais bien sûr Temu – qui n’en rate pas une – propose la paire à 8,90 fr.
Sinon, direction votre sex shop favori. Vous trouverez peut-être ce modèle épatant avec ouverture sur le derrière, pour passer tout de suite dans le vif du sujet. Peu d’occasion de porter ce type d’accessoire en société, hormis à Playa del Inglés et à la Folsom Street Fair… ce qui rend le rendez-vous de ce vendredi à Genève d’autant plus spécial!