«Fermé temporairement»
Avec la pandémie, saunas et clubs de sexe ont fermé, et toute une vie sociale s’est interrompue. Immersion dans le dédale du Pink Beach, à Lausanne, pour dire ce qui nous manque depuis novembre 2020.
Depuis des mois, la vie s’est rétrécie sans les saunas et les clubs de sexe, lieux de convivialité uniques, à l’image du Pink Beach, sauna lausannois inauguré il y a trente-deux ans. Nous avions envie de rendre hommage à ces espaces de liberté pour les gays, les bi et les hétéros qui fréquentent les soirées mixtes. Revisiter la boîte à fantasmes et dire tout ce qu’on lui doit.
Déambulations et cristallisation des désirs
Un sauna est un lieu de déambulations. On y prend le risque d’aller à la rencontre de l’inconnu. Quelque chose d’essentiel s’y répare: les corps adoucissent ce qui blessait, mettent un peu d’ordre dans la haine du monde, la transforment en quelque chose de beau et de doux.
C’est une forme de prière. Une baise pratiquée au nom de l’humanité, pour réparer, un peu, la violence des hommes.
Les deux-mille mètres carrés de déambulation qu’offre le Pink sont dédiés à cela: cristalliser les désirs, donner corps aux fantasmes, par une subtile architecture en circonvolutions, en labyrinthe, qui jamais ne piège mais permet d’infinis croisements pour écrire le désir. «Fantôme» et «fantasmes» ont la même racine: dans les deux cas il s’agit de faire apparition.
Trente-deux ans d’orgasme
Ce jour de fermeture temporaire, la statue d’Atlas qui décore le hammam est seule, sans la brume et les corps qui l’entouraient. On se perd dans le dédale du bunker, à la recherche d’une odeur de peau, d’une présence pour rédimer la nuit. En passant près du sauna, nous accueille un effluve froid d’huile essentielle d’eucalyptus.
Trente-deux ans d’orgasme ont dû imprimer les murs de cet ancien lieu de formation pour banquiers. Il doit rester une empreinte, forcément. Peut-être la silhouette du beau Yannis, au fond d’un miroir sans tain. Ou l’haleine d’un garçon à la démarche féline, qui avait l’habitude de mâcher des chewing-gums à la fraise en faisant l’amour.
À cause du Covid, toute cette vie a momentanément disparu, et dans les couloirs et le bar déserts, on ne croise que des souvenirs et les chats joueurs du patron, Alain Henguely. Patience, en juin, date de la réouverture espérée, on pourra sentir à nouveau le parfum d’eucalyptus et de fraise de la liberté.
Les saunas et les sex-clubs pourraient-ils avoir temporairement une autorisation spéciale qui leurs accorderait un statut de “Musée” afin que le public, en compagnie d’un guide, puissent les visiter et ainsi mieux connaître ces institutions ?
Cela pourrait faire rentrer aussi quelque argent dans les caisses ?
J’ai quelques idées !
Vous embrasse !
Salut Kakou! Je travaille justement sur un projet que je vais soumettre au Pink!
Je serai ravi d’échanger avec toi!
Welcome ! Ravi aussi !
kakou.suisse@gmail.com
Kakou