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Virémie zéro: la fin du «tout-capote»?

«Les séropositifs sous traitement avec une charge virale indétectable ne sont plus contaminants et peuvent se passer de préservatif.» Responsable de l’Unité VIH-Sida aux HUG, le Professeur Hirschel a décidé de frapper fort dans une déclaration à la presse en décembre dernier. Des propos en rupture avec le politiquement correct des discours de prévention officiels.

Pour le milieu de la prévention, l’annonce est embarrassante. Certains la jugent dangereuse et fausse, sans pour autant étayer leurs arguments de données précises. «Que ce soit au sein des couples séro-différents ou dans le contexte de la transmission mère-enfant, en 8 ans d’études approfondies, aucun cas de contamination n’est venu contredire notre théorie, se défend Bernard Hirschel.» Selon lui, il est grand temps que cette réalité soit prise en compte dans les stratégies préventives. Il est vrai que, alors que plusieurs évidences scientifiques semblent connues des médecins et des acteurs de prévention depuis 1999, le discours officiel du «tout-capote» n’a guère évolué. «Il y a une rétention d’information incroyable, dénonce Olivier Jablonski de l’organisation française Warning, je me réjouis que le Professeur Hirschel soit passé en force en s’adressant directement aux média.» De fait, alors que la plupart des spécialistes se montrent prudents dans l’attente de recommandations officielles, les déclarations de Bernard Hirschel ont le mérite de forcer le débat, au risque de dérouter le grand public. «Mentir n’est pas une solution. Pour être crédible, il faut que le discours suive l’évolution des réalités scientifiques, plaide le professeur. J’ai confiance en la capacité des acteurs de prévention à s’adapter.»

Certains spécialistes considèrent même que les trithérapies pourraient constituer une alternative aux difficultés rencontrées par d’autres pistes préventives, comme le vaccin ou les microbicides. Une étude canadienne estime qu’en traitant systématiquement tous les séropositifs de la province de Colombie-Britannique, on parviendrait à endiguer localement l’épidémie dès 2050! Une théorie jugée assez solide pour qu’un programme expérimental ait été mis en place, mais qui ne peut fonctionner que si tous les malades suivent consciencieusement leur traitement. «Les thérapies deviennent toujours plus efficaces, plus simples d’utilisation et avec moins d’effets secondaires, affirme Bernard Hirschel. Je suis confiant dans le succès de cette entreprise.»

Confiance totale
Si elle correspond à une vraie attente de la population concernée, l’utilisation de la virémie comme indicateur de risque pour des rapports non protégés entre partenaires sérodifférents suppose une confiance totale. «Une communication franche entre partenaires est primordiale, car la charge virale peut évoluer rapidement. Une IST ou un problème d’observance au traitement peut faire remonter brutalement le taux de virus dans les sécrétions», souligne Olivier Jablonski. Au moindre doute, le moyen le plus sûr de se protéger reste donc… le préservatif.
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Une véritable révolution

Alors que l’Office fédéral de la santé publique vient de publier de nouvelles recommandations tenant compte, pour la première fois, de l’intérêt des trithérapies dans la prévention, Willy Rozenbaum, président du très officiel Conseil national du Sida, l’instance française de référence, reconnaît que la thèse du Professeur Hirschel est «une réalité» et que «cela fait partie des sujets que [le CNS doit] aborder au cours des semaines à venir.» G.M.

Dialogai organise jeudi 24 janvier dès 20h. un débat sur le thème Séro +/Séro -, vivre ensemble? en présence du Pr Bernard Hirschel
Dialogai; 11-13 rue de la Navigation – Genève