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L’Amérique anale et anar de Colby Keller

L'enfant chéri du porno gay a la ferme intention de voter Trump... pour mieux faire sauter les carcans de l'Amérique d'aujourd'hui, explique-t-il dans une interview décoiffante.

On l’a récemment vu dans un photoshoot sulfureux de Vivienne Westwood, comme modèle pour le photographe allemand Juergen Teller ou encore dans la série de HBO «High Maintenance». Rarement un acteur de porno gay aura autant attiré la lumière que Colby Keller. Cet intello au corps de rêve (diplômé en anthropologie) sait aussi jouer la provoc – au risque de faire débander quelques uns de ses fans. Ainsi dans une interview à la revue «Office», l’enfant chéri du X gay révèle qu’il va voter pour Donald Trump à la présidentielle de novembre.

«Au minimum, Trump va faire de la Maison-Blanche un reality-show. L’Amérique va adorer, non?»

Mais attention: Keller n’est pas à proprement parler un fan du milliardaire populiste – au contraire. Selon lui, Trump est surtout «une force de déstabilisation» pour le Parti républicain, dont il se réjouit de l’implosion. «Il multiplie les ouvertures en direction de la Russie et de la Chine, ce qui d’une certaine manière est encourageant. Je ne soutiens ou n’approuve aucune des politiques de Trump, je pense juste qu’il va provoquer une escalade du problème, c’est le mieux que nous puissions espérer. Au minimum, il va faire de la Maison-Blanche un reality-show. L’Amérique va adorer, non?»

Vivienne Westwood DR
Vivienne Westwood, comme un parfum de backrooms
Ce choix électoral, Keller l’explique par sa déception du mouvement gay – désespérément capitaliste et conventionnel aux yeux de ce «communiste» autoproclamé. «Nous cédons sur plein de choses qui, dans le fait d’être gay, libèrent et émancipent. J’aime le sexe, j’aime les corps, j’aime partager mon corps avec d’autres. C’est une chose émancipatrice que nous pouvons offrir. Seulement, nous avons laissé tomber cette vision de ce que nous pouvons accomplir en tant que culture. Je vois beaucoup de gamins vraiment conservateurs, ils veulent un copain, un mariage, une maison avec des gamins derrière une jolie barrière blanche, et ils tombent dans ce piège.»

raciste, toxique, misogyne
A 36 ans, Colby Keller ne cache pas que le porno dans lequel il a fait carrière est lui-même une manifestation de la pire forme de capitalisme. «C’est une culture raciste, toxique, misogyne. Mais il n’y a pas d’autre moyen de créer une culture dans le régime capitalisme. On ne peut pas empêcher, dans un système comme celui-ci, de faire appel à cette négativité qui structure notre désir. Vous savez, j’ai essayé dans ma vie personnelle de penser des voies différentes pour présenter la sexualité, de faire en sorte que les gens trouvent cela excitant, et d’exprimer peut-être des valeurs différentes.»

Entamé il y a deux ans, son projet artistique «Colby Does America» (Colby se tape l’Amérique) s’inscrit dans cet effort. Le film consiste en un tour sexuel du pays, Etat après Etat. Pour Keller, Texan élevé dans un milieu pentecôtiste, le projet vise à éclairer de manière nouvelle l’histoire et la foi des Américains contemporains. Il lui a aussi ouvert les yeux sur ses propres limitations en tant qu’acteur et en tant qu’homme: «Je pense que jusqu’à un certain point on a tous en nous une petite voix de slut-shaming, et j’ai dû me confronter à cela.»

» L’interview complète, par Jocelyn Silver, dans «Office»