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«Tante Barbara» à la rescousse des Polonaises privées d’accès à l’IVG

«Tante Barbara» à la rescousse des Polonaises privées d’accès à l’IVG

Le collectif féministe berlinois Ciocia Basia, fondé en 2014, aide les personnes polonaises à avorter en toute sécurité, gratuitement si besoin. L'activiste queer Maria Owczarz, membre du réseau, a répondu à nos questions.

Depuis l’automne dernier, l’avortement est quasi interdit en Pologne. La loi polonaise relative à l’IVG, qui était déjà l’une des plus restrictives d’Europe, ne prévoit désormais plus que deux cas de figure pour autoriser un avortement: le danger de mort pour la femme* enceinte et la grossesse résultant d’un viol ou d’un inceste. Les demandes que reçoit le collectif berlinois Ciocia Basia («Tante Barbara» en polonais) par mail ou par téléphone se sont multipliées ces derniers mois. Et la pandémie actuelle, avec les restrictions qui l’accompagnent, rend la situation encore plus tendue.
 
Combien de demandes recevez-vous par semaine en ce moment et de quelle façon venez-vous en aide aux personnes qui ont besoin d’avorter?
Actuellement je dirais que nous avons 3 à 4 demandes par semaine. Au début de l’année, c’était le double. Nous aidons les personnes qui veulent avorter à se rendre en Allemagne et à obtenir un rendez-vous pour une IVG dans une des deux cliniques berlinoises avec lesquelles nous coopérons. Nous organisons leur séjour de A à Z, qu’il s’agisse du voyage jusqu’à Berlin, du test PCR à passer à la frontière, de l’hébergement chez un·e hôte, dans un hôtel, ou de traduire les échanges avec les docteur·e·s. Nous les soutenons également sur un plan émotionnel si elles·ils en ont besoin. Nous avons aussi des permanences téléphoniques. Il arrive que des personnes qui ont décidé d’avorter chez elles et se sont procurées une pilule abortive nous appellent pour en parler. Nous les accompagnons à distance. Notre travail repose beaucoup sur l’écoute et nous avons aussi un rôle d’information. Nous venons également en aide à des personnes qui vivent en Allemagne mais qui ne savent pas comment procéder à une IVG car elles ne parlent pas la langue ou ne connaissent pas bien le système de santé.

Fournissez-vous des pilules abortives aux personnes qui ne peuvent ou ne veulent pas quitter la Pologne?
Non, nous leur envoyons seulement le nom d’un site web international par le biais duquel elles peuvent l’obtenir. Tout ce que nous faisons est légal.

Comment faites-vous pour assurer la sécurité des personnes qui vous contactent?
Nous essayons d’utiliser des applications sécurisées et nous ne demandons jamais l’identité des personnes qui nous demandent de l’aide.
 

L’activiste queer Maria Owczarz, membre du réseau Ciocia Basia. Photo: Lilli Falzoi

On est loin du cliché stigmatisant de la jeune personne qui ne sait pas ce qui lui arrive. La grande diversité des gens qui nous contactent reflète celle de la société polonaise.

Qui sont les personnes qui viennent vers vous? Plutôt des jeunes personnes ayant déjà des enfants
Il y a aussi bien des personnes très jeunes que d’autres qui pensaient qu’elles étaient trop âgées pour tomber enceintes, des gens super catholiques, d’autres absolument athées. On est loin du cliché stigmatisant de la jeune personne qui ne sait pas ce qui lui arrive. La grande diversité des gens qui nous contactent reflète celle de la société polonaise. On reçoit aussi parfois des demandes de personnes queer, trans, inter ou non binaires. Nous venons en aide à toutes les personnes qui ont besoin d’avorter. Nous ne nous focalisons pas que sur les femmes hétérosexuelles.

D’autres collectifs ont vu le jour dans d’autres pays européens autour de la Pologne ces dernières années. Travaillez-vous ensemble ?
Oui, avec Ciocia Czesia par exemple, qui a vu le jour en République Tchèque il y a un an et que nous soutenons. Ou avec Ciocia Wienia, à Vienne. Nous sommes également en contact avec des collectifs aux Pays-Bas, en Belgique, au Royaume-Uni, et dans d’autres villes allemandes. Il nous arrive d’adresser des personnes qui nous contactent vers ces collectifs, que nous connaissons bien et en qui nous avons confiance. Nous sommes également en contact depuis peu avec un nouveau collectif en Lituanie.

Vous avez lancé une collecte de fonds l’an dernier avec pour objectif de lever 10’000 euros. Les dons n’ont pas cessé d’affluer depuis, et atteignent désormais plus de 45’000 euros. Comment expliquez-vous ce succès?
C’est clairement à cause du durcissement de la loi polonaise, qui a déclenché la colère de beaucoup de personnes qui ont réagi en nous faisant un don.

Le coût d’une IVG en Allemagne est actuellement d’environ 400 euros. Prenez-vous souvent les frais en charge?
Cela dépend des cas. Nous prenons en charge l’ensemble des coûts pour les personnes qui n’en ont pas les moyens, que ce soit l’opération en elle-même, les billets de train, l’hébergement, le test PCR… Celles qui le peuvent payent une partie ou l’ensemble des coûts, histoire de laisser l’argent à celles qui en ont vraiment besoin. Certaines font même un don au collectif. C’est très beau de voir que les gens pensent aux autres.

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