Code pénal liberticide: les LGBT aux premières loges
Les mouvements de protestation s'étendent en Indonésie, alors que le pays se prépare à adopter une réforme à haut risques pour les femmes et les minorités.
La mobilisation – par endroits violente – a été décrite comme sans précédent depuis les manifestations de 1998 contre le général Suharto. Dans tout l’archipel, des dizaines de milliers d’étudiants ont manifesté pour exiger l’abandon d’un projet de nouveau Code pénal censé remplacer celui hérité de l’époque coloniale néerlandaise.
Parmi les dispositions les plus contestées: la criminalisation du blasphème, des rapports sexuels hors mariage, de la promotion de l’avortement et de la contraception, tous passibles de peines de prison. Le texte prévoit aussi des limitations drastiques de la liberté d’expression et de réunion, ainsi qu’une reconnaissance des lois coutumières locales inspirées de la sharia.
LGBT très exposés
Les organisations de défense des droits humains estiment que les droits des femmes et des minorités religieuses (les non-musulmans représentent 12% des 270 millions d’habitants) sont particulièrement exposées. C’est le cas également des communautés LGBT, visées par les articles 421, punissant les «actes obscènes» de six mois de prison, et 417 sur «la pornographie», concept qui pourrait s’appliquer à tous les documents d’information ou de prévention, souligne Human Rights Watch.
«La loi pénale d’Aceh devient loi nationale», résume l’activiste LGBT Lini Zurlia, citée par l’AFP, évoquant la seule province d’Indonésie à avoir adopté la loi islamique, en 2014, et interdit l’homosexualité. Devant l’ampleur des manifestations, le président Joko Widodo a ordonné le report du vote sur le Code pénal. Il pourrait revenir très vite sur les pupitres du Parlement, dont les nouveaux membres, issus des élections de ce printemps, entreront en fonction le mois prochain.