Quand «Billy Elliot» menace la virilité des petits Hongrois
L'Opéra national hongrois a annulé un tiers des représentations de la comédie musicale tirée du célèbre film de 2000, sur fond d'accusations de «propagande gay rampante».
La pièce a triomphé à travers le monde. Mais dans la Hongrie de Viktor Orban, «Billy Elliot» passe pour une dangereuse «propagande gay rampante». La comédie musicale, à l’affiche du Théâtre Erkel, une des scènes du vénérable Opéra national, vient d’annuler 15 des 44 représentations prévues jusqu’au 14 juillet. En cause, une «campagne de presse» visant le spectacle, qui raconte la vocation d’un jeune garçon pour le ballet, dans une cité minière britannique des années 1980, où ce talent provoque le rejet et l’homophobie.
«N’importe qui peut voir que Billy danse avec un autre garçon plutôt qu’avec une fille. Il y a une scène où le garçon essaie des vêtements de femme et des lumières arc-en-ciel apparaissent à l’arrière-plan», s’était indignée Zsofia N. Horvath, dans le «Magyar Idők», quotidien proche du gouvernement nationaliste-conservateur. Aux yeux de l’auteure, l’adaptation signée Elton John et Lee Hall sabote la politique nationale de lutte contre la dénatalité, une des obsessions (avec bien sûr la lutte contre l’immigration) du Premier ministre Viktor Orban. «Comment une institution d’importance nationale ose-t-elle utiliser un spectacle fait pour les jeunes d’une dizaine d’années, l’âge où ils sont les plus fragiles, pour une propagande gay aussi ciblée et débridée?», se demandait l’éditorialiste.
Evoquée par la direction de l’Opéra pour justifier les annulations, la «baisse des réservations» consécutive à la «controverse médiatique» a toutefois laissé bon nombre d’observateurs perplexes. Les sites de vente de billets consultés par le site d’info 444.hu montraient que la plupart des représentations affichaient désormais complet.