L’heure de gloire de Frigide Barjot

Catho exaltée, comique à la carrière contrariée, fêtarde invétérée: la porte-parole du mouvement anti-mariage pour tous exaspère la droite conservatrice. Mais elle est aussi leur caution (douteuse) contre l'homophobie.

Mais qui est donc cette égérie en fanfreluches roses qui s’est donnée pour mission de «déringardiser» l’opposition au mariage gay? Souvent présentée comme une «humoriste», Frigide Barjot n’a jamais vraiment crevé l’écran. Cette Lyonnaise a fait ses débuts au sein du groupe Jalons, qui publiait des parodies de grands journaux, avec son mari Basile de Koch et son beau-frère Karl Zéro.

Depuis, c’est un peu le désert. Des chroniques à droite à gauche, mais surtout à droite. Et de plus en plus rares depuis son «coming-out catho» de 2004. Désormais «porte-parole de Jésus», elle s’étonne de voir se raréfier ses piges dans les médias. En revanche, ses apparitions se multiplient lors de débats et de plateaux consacrés au mariage pour tous. Ça ne nourrit pas son homme. Dans «L’Express», Barjot a confié être dans la dèche. «J’habille mes enfants grâce au stock de vêtements de ma paroisse, dit-elle. Mais je ne regrette pas d’avoir investi tout l’argent que m’avait laissé ma mère dans la construction de ce personnage, Frigide Barjot, porte-parole portée par sa foi chrétienne au service de tous ceux à qui les médias ne donnent jamais la parole… et j’ai confiance pour la suite: Dieu y pourvoira.»

«Fachos» fâchés
Pestiférée à gauche, Frigide Barjot ne plait guère plus à droite. «Elle ne représente qu’elle-même», fulmine la revue «Présent», qui enrage depuis que l’humoriste a promis que la manif du 13 janvier serait «nette de fachos». «Ces relégations dans les ténèbres extérieures sont le plus souvent malhonnêtes et malvenues, [elles interdisent] de droit de cité une pensée, une doctrine, des opinions, des préférences parfaitement légitimes», réplique l’organe du FN. Dans «Libération», une personnalité influente au sein du bloc anti-mariage gay, estime que la chroniqueuse «cherche surtout à prendre la lumière». Sa volonté de rallier à la cause un maximum d’homosexuels ou d’imposer un dress-code rose aux manifestants des précédents rassemblements a fait un flop, hormis dans son cercle de fans mené par le jeune élu UMP ouvertement gay Xavier Bongibault. C’est d’ailleurs Barjot qui aurait trouvé le nom du groupe que ce dernier a formé: «Plus gay sans mariage».

«Tous nos voeux, mille baisers»
Pire, aux yeux de la droite conservatrice: Frigide Barjot est coupable d’avoir soutenu le pacs et de continuer de défendre les unions gay. Elle se dit surtout contre la filiation. «L’Express» a déniché un contrat de mariage fictif entre deux hommes (dont l’ex-RPR Jean-Luc Roméro) datant du 13 juillet 2007. Le document est signé de l’humoriste, avec la mention «Tous nos voeux, mille baisers». Il avait été rédigé dans un boîte de nuit: un «pastiche», explique Barjot aujourd’hui.