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L’infertilité des transsexuel-le-s n’est plus une fatalité

En choisissant la réassignation de genre, les transsexuel-le-s se condamnent à la stérilisation. Nous avons rencontré le Pr Petra de Sutter, médecin gynécologue. Elle dirige le centre d’infertilité de l’hôpital universitaire de Gand en Belgique. Son service répond à de nombreuses personnes trans souhaitant réaliser leur désir de parentalité.

Pourquoi les trans s’adressent-ils à un service comme le vôtre?
Le problème, c’est que leur traitement mène nécessairement à la stérilité. C’est pour remédier à ce problème qu’ils viennent nous voir. De nos jours, avec le développement d’Internet et la diffusion de l’information, les gens se découvrent trans de plus en plus tôt. Ceux qui souhaitent changer de sexe biologique le font désormais à un âge où l’on peut encore envisager de concevoir des enfants. Actuellement, nous recevons entre 10 et 20 couples trans par an. A l’avenir, ils seront certainement de plus en plus nombreux.

La stérilisation est-elle vraiment inévitable?
Elle résulte inévitablement du traitement hormonal et surtout chirurgical. Dans plusieurs pays (dont la Suisse, ndlr.), la loi impose même une stérilité irréversible afin de permettre le changement d’état civil et d’éviter les problèmes de filiation après la transition. Dans le passé, la stérilité était inévitable en raison du traitement. Aujourd’hui, cela n’a plus de raison d’être, car avec les progrès de la médecine et notamment les techniques de préservation, l’infertilité n’est plus une fatalité. La loi doit suivre cette réalité et non pas imposer une condition dont le maintien n’est plus que discriminatoire.

Que faites-vous exactement pour contourner le problème de la stérilité?
Les compagnes des F to M (féminin vers masculin, ndlr.) peuvent être inséminées grâce à un donneur anonyme. On peut aussi congeler le sperme d’une M to F (masculin vers féminin, ndlr.), ce qui permettra, dans le cadre d’une relation lesbienne, d’inséminer sa compagne et de préserver un lien génétique. Pour l’instant, c’est à peu près tout. Dans 10 ans, la recherche nous permettra certainement de congeler et de transplanter des ovaires, ou d’effectuer des transplantations utérines.

Est-ce que toutes les personnes trans sont intéressées par ces méthodes?
Nous avons effectué une enquête dernièrement qui montrait que 77% des M to F étaient favorables à la possibilité de la congélation du sperme avant une opération. Et plus de la moitié des personnes interrogées auraient conservé leur sperme si on le leur avait proposé. Certains trans refuseraient la congélation de leur sperme car pour eux, cela reviendrait à garder une trace de leur passé. L’important est néanmoins que chaque personne ait la possibilité de le faire.

Est-ce que ces deux types d’insémination permettent la reconnaissance d’un lien de filiation au niveau juridique?
Comme dans le cas général, aujourd’hui, la loi reconnaît la filiation d’un F to M, dont l’état civil aura été modifié, si sa compagne est inséminée. En revanche, la loi ne reconnaît pas encore la filiation dans le cas d’une M to F et de sa compagne, donc de deux lesbiennes. La loi permet, dans certains pays, l’adoption ou l’autorité parentale de deux parents de même sexe, mais pas la procréation conjointe. Pour qu’une nouvelle loi soit discutée, il faudrait qu’une situation de ce genre se concrétise. Or nous effectuons les congélations de sperme depuis 5 ans seulement, et pour l’instant, aucun couple n’est passé à la procréation.

Vous suivez donc les couples qui viennent vous voir?
Malheureusement, nous manquons de moyens pour l’instant. Nous aimerions avoir une psychologue qui suivrait les enfants de parents trans car nous manquons d’études dans ce domaine. Cela nous permettrait de prouver que ces enfants se portent très bien et que les parents trans sont aussi bons parents que les autres. Nous gardons donc les coordonnées des personnes qui nous ont consultés en espérant un jour pouvoir faire ces études.

Lire sur www.caritig.org l’article «Le désir d’avoir des enfants et la préservation de la fertilité chez les femmes transsexuelles».