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«Les droits des gays sont des droits humains»

Saluée par une standing ovation, Hillary Clinton a lancé hier à Genève un appel en faveur d'une reconnaissance universelle des droits des LGBT. Elle a plaidé pour un dialogue accru, y compris avec les régimes les plus hostiles. Extraits.

Devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, qui en juin avait adopté une résolution historique en faveur des minorités sexuelles, la secrétaire d’Etat américaine a livré un appel d’une rare intensité à l’inclusion des minorités sexuelles dans les normes onusiennes. Dans un long discours entièrement consacré à cette question, la cheffe de la diplomatie américaine a décrit une «longue route» qui ne pourra être parcourue que par le dialogue. Hillary Clinton a également, à cette occasion, annoncé la création d’un fonds mondial pour l’égalité doté de 3 millions de dollars (2,2 millions d’euros / 2,4 millions d francs). Ils seront consacrés au soutien des organisations de la société civile luttant contre la discrimination et les persécutions basées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre.

«Je veux parler aujourd’hui du travail qu’il nous reste à accomplir pour protéger un groupe dont les droits humains sont encore niés dans de trop nombreuses parties du monde, a commencé Hillary Clinton. De beaucoup de manières, ils sont une minorité invisible. Ils sont arrêtés, battus, terrorisés, voire exécutés. Beaucoup sont traités avec mépris et violence par leurs concitoyens tandis que les autorités censées les protéger détournent le regard ou, trop souvent, participent aux abus. Ils sont privés de travail et d’éducation, jetés dehors de leurs foyers et de leurs pays et forcés de réprimer ce qu’ils sont afin de se protéger des mauvais traitements. Je parle des personnes gay, lesbiennes, bisexuelles et transgenres, d’êtres humains nés libres et investis de l’égalité et de la dignité, et qui ont le droit de les réclamer. Ceci reste l’un des défis des droits humains à l’heure actuelle. Je parle de ce sujet tout en sachant que le bilan de mon propre pays est loin d’être parfait dans ce domaine. Jusqu’en 2003, c’était toujours un crime dans certaines parties des Etats-Unis. Bien des Américains LGBT ont subi la violence et le harcèlement dans leurs propres vies, et pour certains, y compris des jeunes, le bullying et l’exclusion sont leur lot quotidien.»

Forger un consensus mondial
Le discours de la ministre a accordé une large place au nécessaire dialogue avec les pays hostiles aux droits des LGBT. «Le fait d’aborder cette question est, je le sais, sensible pour bien des gens. Les obstacles qui se dressent sur la route vers une protection des droits humains des personnes reposent sur des valeurs personnelles, politiques culturelles et religieuses. Je me présente donc devant vous avec respect, compréhension et humilité. Même si les progrès sur ce front ne sont pas faciles à accomplir, nous ne pouvons plus retarder l’action. C’est dans cet esprit que je veux parler des questions difficiles et importantes que nous devons aborder ensemble pour forger un consensus mondial qui reconnaisse partout les droits humains des citoyens LGBT.»

Hillary Clinton a d’abord relevé les objections concernant le caractère prétendument particulier des LGBT, non mentionnés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme, datant de 1948. Elle rappelle que les populations indigènes, les enfants ou les handicapés n’y étaient alors pas non plus explicitement cités. Et pourtant, leurs droits se sont imposés. «Cette reconnaissance ne s’est pas faite instantanément. Cela a évolué dans le temps. Ce faisant, nous avons compris que nous honorions des droits que ces populations avaient toujours eus, plutôt que de créer des droits nouveaux ou spéciaux. Comme le fait d’être une femme, d’appartenir à une minorité raciale, religieuse, tribale ou ethnique, le fait d’être LGBT ne vous rend pas moins humain. C’est pourquoi les droits des gays sont des droits humains, et les droits humains sont les droits des gays.»

Deuxième objection, typique de l’opposition menée par les pays de la Conférence islamique au sein de l’ONU: l’homosexualité serait un «phénomène occidental». La secrétaire d’Etat poursuit: «En réalité, les personnes gay naissent et appartiennent à toutes les sociétés du monde. Ils sont de tous les âges, de toutes les races, de toutes les confessions; ils sont docteurs et enseignants, paysans et banquiers, soldats et athlètes. Que nous le sachions ou non, que nous l’admettions ou non, ils sont notre famille, nos amis, nos voisins.» Et de prendre les cas de la Constitution sud-africaine post-Apartheid, qui garantit les droits des LGBT, d’un arrêt anti-discrimination de la Cour suprême du Népal ou d’une récente loi allant dans le même sens en Mongolie – autant d’exemples de reconnaissance non occidentale des minorités sexuelles.

Un luxe?
Protéger les droits de ces minorités serait-il un luxe que seul les nations riches pourraient se permettre?, se demande alors la secrétaire d’Etat. Certes, appliquer des lois coûte de l’argent, mais, argumente-t-elle, «il y a des coûts également à ne pas protéger ces droits: dans les vies d’homosexuels et d’hétérosexuels perdues dans la maladie et la violence, dans le fait de réduire au silence les voix qui pourraient renforcer les sociétés, dans les projets que des entrepreneurs gay ne pourraient jamais mener à bien.»

Madame Clinton met alors l’accent sur le fait que la tradition et la religion ne peuvent être vus comme des barrières au respect des droits des LGBT. Elle rappelle que la défense de l’esclavage comme la lutte contre cette pratique se sont enracinés, tous deux, dans des valeurs religieuses. Mais la première étape est de vaincre les préjugés. «Tous les gays sont des pédophiles, l’homosexualité est une maladie qui peut être guérie, les gays recrutent d’autres individus pour les rendre gays: eh bien, ces notions sont tout simplement fausses. Mais elles ne disparaîtront pas si ceux qui les professent ou les acceptent sont disqualifiés plutôt qu’invités à partager leurs peurs et leurs préoccupations. Personne n’a jamais abandonné une conviction parce qu’il y était forcé.» Une invitation au dialogue, dont la No.2 de l’administration Obama reconnaît qu’il sera ardu: «Cela demande de la volonté de voir dans les différences extrêmes de convictions une raison d’entamer le dialogue, et non de l’éviter.»

«Le lois ont un effet pédagogique»
Ce qui n’empêche pas Hillary Clinton de penser que la loi peut précéder et accompagner le changement de mentalités. «Le lois ont un effet pédagogique, affirme-t-elle. […] Celles qui exigent des protections égales renforcent l’impératif moral d’égalité. D’un point de vue pratique, il arrive souvent que les lois doivent changer avant que les peurs inspirées par le changement se dissipent.»

«Le progrès se réalise quand on est prêt à se mettre dans la peau d’autrui. Nous devons nous demander: Comment me sentirais-je si le fait d’aimer la personne que j’aime était un crime? Comment me sentirais-je si j’étais discriminé pour quelque chose en moi que je ne peux pas changer? Chacun de nous se confronte à ce défi quand on réfléchit sur ses convictions profondes, quand on travaille à atteindre la tolérance et le respect de toutes les personnes et quand nous on s’engage humblement au côté de ceux avec lesquels on n’est en désaccord afin d’engendrer davantage de compréhension.»

«Comme il en a été tant de fois par le passé, on assistera à une convergence d’opinion vers la vérité, la vérité immuable, que tous les individus naissent libres et égaux en dignité et en droits, conclut la secrétaire d’Etat. Nous sommes appelés une fois de plus à réaliser les mots de la Déclaration universelle. Répondons à cet appel. Plaçons-nous du bon côté de l’histoire, pour notre peuple, pour nos nations et pour les générations futures dont les vies seront façonnées par le travail que nous accomplissons aujourd’hui. J’ai grand espoir et confiance que cette route, aussi longue soit-elle, nous la parcourront ensemble avec succès.»

L’allocution intégrale (via Huffington Post):