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Entre étreinte et fracture: Bast Hippocrate met l’amour à nu

Entre étreinte et fracture: Bast Hippocrate met l’amour à nu
Bast Hippocrate dans Joyaux lourdement sous-estimés

Avec "Joyaux lourdement sous-estimés", Bast Hippocrate transforme des fragments d’histoires d’amour en une fresque sensorielle, charnelle et politique. Entre autofiction et expérimentation, il interroge les désirs, les blessures, les dynamiques de pouvoir, et l’art de se rendre vulnérable. Un spectacle de danse contemporaine présenté à l’Arsenic

Sur la scène de l’Arsenic, deux corps s’étreignent, se repoussent, se confondent et se libèrent. Joyaux lourdement sous-estimés, la nouvelle pièce de Bast Hippocrate, n’est pas une histoire d’amour à l’eau de rose. C’est une exploration brute, sensorielle et déchirante de ce qui nous lie, nous brise, nous transforme.

Fragments d’un amour queer

Bast, chorégraphe et interprète, signe ici une autofiction à la fois personnelle et universelle. Si le point de départ est intime — une relation longue et chaotique, des lettres retrouvées, une histoire marquée par l’interdépendance, la blessure et l’amour — le propos dépasse le cadre autobiographique. «J’ai pris une loupe pour décortiquer mes histoires, puis j’ai fait un dézoom pour que cela parle au plus grand nombre. Ce n’est pas une pièce sur moi, c’est une pièce sur nous touxtes.»

Amour, pouvoir, consentement

Sur fond de pop culture, entre effusions charnelles et jeux de pouvoir, Joyaux lourdement sous-estimés aborde des thèmes aussi complexes que la dépendance affective, le chemsex, la solitude ou encore la question du consentement. «Le consentement, ce n’est pas juste dire oui une fois. C’est une dynamique vivante, qui se réactualise en permanence. C’est accepter d’être vulnérable, mais aussi savoir se retirer quand c’est trop.»

«Ce que j’ai vu dans le chemsex, c’est des solitudes qui gravitent autour d’autres solitudes»

Dans cette fresque intime, le chemsex participe à l’atmosphère générale de fuite et de recherche de connexion, comme symptôme d’une époque et de ses blessures. Bast y dépeint une réalité faite de solitude masquée par l’ivresse des corps, de rencontres facilitées mais vite vidées de sens, d’engrenages addictifs où la recherche du lien s’efface sous le poids du toujours plus. «Ce que j’ai vu dans le chemsex, c’est des solitudes qui gravitent autour d’autres solitudes, sans jamais vraiment entrer en contact. C’est triste, parce qu’au fond, il y a un désir très fort de se connecter.»

Danser pour dire l’indicible

La tempête qui gronde sur scène est née de plusieurs histoires d’amour, rassemblées en un mash-up de souvenirs et de réflexions. L’écriture s’est ancrée dans la pratique corporelle: à partir d’une image d’étreinte, Bast a laissé parler le corps, pour traduire ce que les mots peinent parfois à dire. Et le résultat est vertigineux: une pièce où l’on ne sait plus où commence un corps et où finit l’autre.

Mais qui regarde qui? Et sous quel angle? «Je ne voulais ni de gentil ni de méchant. Les rôles changent. Les corps sont des espaces de projection pour le public. Ce que tu vois dépend de qui tu es.»

«On ne peut pas tricher. Il n’y a pas de place pour l’égo.»

Dans cette esthétique du trouble, læ spectateur·ice·x est mis à l’épreuve. Pas de récit linéaire, mais une expérience sensorielle: lumière, son, tension, silences et frictions. Le tout orchestré dans une proximité intense avec le partenaire de jeu, Marcos Arriola. «On ne peut pas tricher. Il n’y a pas de place pour l’égo. Tout repose sur l’écoute, la porosité, la capacité à se laisser traverser. C’est exténuant, mais jouissif.»

L’empathie comme force

Et le joyau alors? «C’est l’individu dans sa vulnérabilité», répond Bast, les yeux humides. «C’est là qu’on trouve l’empathie. Et peut-être une manière de prendre soin de soi, des autres, autrement.»

Joyaux lourdement sous-estimés ne cherche pas à guérir. Il ne cherche pas non plus à réconcilier à tout prix. Mais il pose un regard nu, critique et tendre sur ces histoires d’amour qui nous hantent, nous révèlent, nous changent. «Un amour d’été peut être magnifique pour ce qu’il est: une saison.»

Une saison de corps emmêlés, de douleurs, de désirs, de musique et de fureur. Une saison qui, le temps d’une pièce, se grave dans la chair.

Joyaux lourdement sous-estimés sera présenté à l’Arsenic à Lausanne les 3, 4, 5 avril à 19h30 et le 6 avril à 17h00.
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