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Lectures queer sous le sapin

Lectures queer sous le sapin
Coming In, d'Élodie Font et Carole Maurel

Chaque mois, Payot Libraire partage sa sélection de littérature queer et exquise. Dans cette édition de décembre-janvier, le choix se porte sur des livres parus tout au long de l’année 2021. À lire et à offrir!

Le coup de cœur du mois – Roman graphique

Coming In, d’Élodie Font et Carole Maurel, Payot Graphic /Arte Éditions
Élodie Font, journaliste, scénariste et documentariste, a réalisé en 2017 pour Arte Radio le podcast Coming In, dont le succès a été énorme; Carole Maurel est auteure et illustratrice de bandes dessinées et d’animations. Toutes les deux vont donner vie au superbe roman graphique qui raconte le vécu d’Élodie. La jeune femme est hantée par cette phrase: «ça se voit que tu es homo!»; durant toute sa scolarité, elle essaye de comprendre pourquoi les gens autour d’elle ont cette image, et pourquoi elle se sent mal à l’aise quand on lui assigne sa sexualité. Encore à l’école, elle sort avec un gentil garçon et tente d’avoir des rapports sexuels, malheureusement très mal vécus et qui l’amènent à avoir des doutes sur elle-même, à inventer des excuses pour éviter tout contact, à consulter un gynécologue pour se rassurer sur son propre corps… Après cette relation, Élodie se confronte pour la première fois à elle-même, et cette question qui l’a tant dérangée remonte des profondeurs. Elle se rend compte qu’elle a toujours aimé les filles. Mais ce moment de soulagement passe vite, car elle ne sait pas comment gérer ni annoncer cette nouvelle vie qui est ancrée dans son cœur. À partir de là, amours et désamours accompagnent son parcours si intense; des joies et des désillusions, le mariage et le divorce marchent côte à côte, des moments complices et des moments de doute alternent. Coming In nous prend par les tripes, nous tire quelques larmes et nous touche le cœur et l’âme.
 

Témoignage

Le bleu ne va pas à tous les garçons, George M. Johnson, Éditions de Saxus
Le bleu ne va pas à tous les garçons est un témoignage touchant et même bouleversant sur la vie d’un jeune Noir américain queer, qui ne trouve sa place ni dans la culture américaine urbaine, ni dans les communautés noires du sud des États-Unis. On se rend vraiment compte, à travers ce récit, à quel point toutes les personnes qui sortent doublement de la «normalité sociale» souffrent, d’autant plus profondément qu’elles sont seules et, parfois, véritablement perdues.
 

Roman

Le rire des déesses, Ananda Devi, Grasset
Il faut un certain optimisme pour trouver du rire et des déesses dans ce quartier d’une ville d’Uttar Pradesh où vivent dans la misère les prostituées, exploitées par les pèlerins (!) en route vers Bénarès, et les hijras, femmes transgenres honnies de tous… C’est pourtant l’une d’elles, à l’intuition aiguisée par de cruelles expériences, qui entraînera ses compagnes d’infortune pour sauver la petite Chinta, enlevée par un prêtre hindou pédophile, et pour renverser l’ordre patriarcal et totalitaire dans un grand «rire des déesses» bouleversant, fascinant et jubilatoire!
 

Société

Le genre expliqué à celles et ceux qui sont perdu·es, Aline Laurent-Mayard, Marie Zafimehy, Buchet Chastel
Le déblocage soudain de la parole, de la visibilité, de la revendication a fait du genre un thème incontournable de ce début de XXIe siècle. Son irruption impacte aussi bien le cadre privé que la société ou la politique, avec pour corollaire une palette sémantique nouvelle, qui illustre la complexité du sujet avec une précision salutaire mais, pour beaucoup, déroutante. Parce que chacun est en droit de maîtriser la réalité, mais aussi parce que les approximations peuvent faire du mal, les auteures ont donc conçu un abécédaire complet du genre, qui en approche et détaille chaque facette. Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement!

Roman

Pussyboy, Patrick Autréaux, Verdier
Zakaria, un jeune homosexuel berbère, vit une liaison cachée avec un écrivain. Mais la religion est un problème pour lui, et certains fantômes du passé vont hanter cette relation: continuer à la faire exister nécessite une réinvention, pour ne pas tout perdre… Après avoir assigné aux objets ou à l’image, à l’écriture ou soin – physique, spirituel – le rôle de révélateur, l’auteur des Irréguliers fond en un texte bref et incandescent ses interrogations sur le rapport à l’autre et l’impossibilité d’échapper au piège (espéré?) du sentiment amoureux.
 

Hommage

La nuit en bleu, Sylvain Dufour, François Soustre, Le Cherche-Midi
Dès les années 1960, le cabaret de Michel Catty, dit Michou, connaît un succès qui dépasse largement le monde queer, alors très en marge. Bientôt fréquenté par le Tout-Paris, il doit sa notoriété sans cesse grandissante à la qualité de ses spectacles de travestis, provocants sans vulgarité, mais aussi à la personnalité hors norme de son meneur, aussi électrique que le bleu, couleur qui allait devenir sa marque. Dynamique, drôle, libertaire, exigeant aussi, il cachait sous son entrain proverbial une faille qu’il maquillait de paillettes… Chez Michou fut bien, durant un demi-siècle, à son image: un lieu attachant et mythique, dont cet album pétillant retrace l’histoire.

Chroniques

Paul Preciado, photo: Olaf Kosinsky

Un appartement sur Uranus, Paul B. Preciado, Points
Si vous avez l’habitude de sauter les pages d’introduction, faites une exception pour ce recueil des chroniques de Paul B. Preciado dans Libération! Signées de l’auteur, philosophe espagnol transgenre, et de Virginie Despentes, iels synthétisent tout l’esprit des articles sélectionnés, fortement marqués par la personnalité fascinante de Preciado, et consacrés au thème de l’errance, de la transition, de la liberté d’être et d’aller sans adhérer ni aux étiquettes ni aux points de chute. Superbement intelligents, ces textes courts et riches, qui placent l’inconnu, l’inaccessible et le démesuré comme objectifs de vie, ouvrent sur l’infini sans renier le réel: un exercice de style brillant et attachant!