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Sveva Alviti fait revivre Dalida

Lumineuse, l’actrice italienne est l’atout maître du biopic émouvant de la star, trente ans après sa mort, réalisé par Lisa Azuelos. Interviews.

Auteure de comédies («LOL», «Une rencontre», «Comme t’y es belle!»), Lisa Azuelos s’attaque pour la première fois au biopic pour son sixième long-métrage, en brossant le portrait intime de Dalida, née Iolanda Gigliotti au Caire en 1933, et morte à Paris 53 ans plus tard. Dans la peau de l’icône de la chanson française, l’Italienne Sveva Alviti. C’est la révélation du film qui, en dépit de son côté hagiographique, séduit par le déroulement de l’intrigue, la qualité de la photographie, des décors, des costumes.

Les grands fans de Miss Bambino n’apprendront rien, mais l’aimeront sans doute encore plus. Les jeunes générations la découvriront. Entre son ascension fulgurante avec son premier Olympia en 1956 et sa triste chute, Lisa Azuelos dévoile une femme complexe, désespérée, amoureuse, mais entretenant des rapports compliqués avec les hommes, Indépendante financièrement et sexuellement, moderne dans une époque qui ne l’était pas, diva adulée par la plupart, raillée par certains, Dalida a suivi une trajectoire hors norme qui s’est dramatiquement achevée par un suicide aux barbituriques le 3 mai 1987. Elle avait laissé ce message: «La vie m’est insupportable. Pardonnez-moi.»

Deux visages
Derrière les triomphes de la légende (quelque 170 millions de disques vendus, dont 70 d’or), à travers les tubes illustrant les événements révélateurs de son existence tragique, (le fameux «Il venait d’avoir dix-huit ans», «Mourir sur scène», «Je suis malade», «Ciao amore ciao», «Gigi L’amoroso»), Lisa Azuelos dévoile une vedette magnétique, énergique, éclatante, mais aussi sombre et vulnérable sous les paillettes, victime du star system. Alors que toutes les femmes voulaient être comme elle, elle voulait être comme toutes les femmes. Avec un fort désir d’enfant. Mais un avortement l’avait rendue stérile.

Vouée aux passions malheureuses, elle apparaît brisée par les morts violentes et successives de ceux qu’elle aime. Celles du chanteur Luigi Tenco, son nouvel amour en 1967, de son ancien mari et pygmalion Lucien Morisse alors directeur d’Europe 1 (Jean-Paul Rouve), de son grand ami Mike Brant ou de son compagnon de neuf ans Richard Chanfray, le prétendu Comte de Saint-Germain (Nicolas Duvauchelle).

Encore fallait-il trouver celle qui allait porter cet hommage émouvant. Avec Sveva Alviti, au cursus cinématographique quasi inexistant, Lisa Azuelos a déniché l’oiseau rare. Bouleversante, magnifique, charismatique, son héroïne représente l’atout majeur de l’opus, la principale raison d’aller le voir. Elle s’est tellement investie dans le rôle qu’elle n’incarne pas, mais est tout simplement Dalida.

» «Dalida», dès le 11 janvier sur les écrans romands.

«Mon rêve s’est réalisé et ma vie a changé»

Sveva Alviti s’est pareillement donnée à fond pour la promotion. C’est peut-être ce qui a provoqué son malaise le 5 janvier dernier sur le plateau du «Grand Journal» de Canal, où elle était invitée avec Orlando, le frère de Dalida et Lisa Azuelos. Elle est hypersensible, ont-ils déclaré. On avait déjà découvert l’émotivité de l’adorable italienne de 32 ans, à l’occasion d’une rencontre à Genève, où elle nous a raconté qu’il lui a fallu du temps pour devenir Dalida.

Joueuse de tennis professionnelle jusqu’à 17 ans, elle part ensuite pour New York. Mannnequin pendant neuf ans elle suit parallèlement des cours de théâtre. «Je voulais être actrice, j’ai passé de nombreux castings. Mais je n’étais jamais prise. Je me suis alors dit que c’était fini pour moi, j’en ai eu marre et j’ai créé une ligne de mode avec ma sœur.»

360° – Juste avant d’être choisie pour le film, vous aviez donc tiré un trait sur le cinéma.
Sveva Alviti – J’étais sur le point de le faire. Puis mon agent m’a appelée pour le rôle de Dalida. Certaine de n’avoir aucune chance, j’ai juste envoyé une vidéo sur mon iPhone avec les textes qu’on me donnait. Les événements se sont alors enchaînés. Je suis allée à Paris, j’ai chanté Je suis malade, qui me parlait particulièrement. On m’a ovationnée et j’ai dit à Lisa Azuelos: je suis Dalida. C’est elle qui m’a envoyée. Elle m’a répondu: je sais. Mon rêve s’est réalisé et ma vie a changé.

– Non seulement vous étiez une inconnue au cinéma, mais vous ne parliez pas français.
– C’est vrai. Je me suis installée à Pars en 2015. J’avais neuf mois pour apprendre la langue, suivre des cours de chant et de danse. J’ai évidemment aussi vu des tas de documentaires pour m’imprégner de la manière dont Dalida parlait, bougeait, marchait, interprétait.

– Quelle image aviez-vous d’elle jusque là?
– Je connaissais ses chansons, mais pas sa personnalité. J’avais trois ans quand elle est morte. Je l’ai découverte à travers son frère Orlando. Il m’a invitée dans le bureau qu’il partageait avec elle et m’a fourni beaucoup de détails.

– N’est-ce pas intimidant pour une débutante de personnifier un mythe?
– Bien sûr. Mais en préparant le personnage, je ressentais sa sensibilité, sa fragilité, sa force. Je le comprenais. Dalida est toutes les femmes, c’est pourquoi elle est éternelle. Avant-gardiste, elle n’était pas que chanteuse, mais une artiste complète. Elle ne cessait de chercher, notamment l’amour. En plus, je suis comme elle. J’ai envie d’avoir un enfant.

– Quelle a été la scène la plus difficile à tourner?
– Celle du suicide. Je me suis posée beaucoup de questions sur la mort. Et encore plus sur la vie. Elle est trop importante pour qu’on se l’enlève.

Lisa Azuelos: «J’ai surtout fonctionné à l’intuition»

D’ordinaire Lisa Azuelos, 51 ans, s’inspire de sa propre vie. Là elle raconte celle d’une autre. «C’est troublant. Une grande responsabilité. Je ne l’avais jamais imaginé, bien qu’on m’ait proposé le film il y a trois ou quatre ans. Mais je devais juste le mettre en scène et j’ai refusé. On me l’a reproposé il y a deux ans et cette fois j’ai décidé de me lancer dans l’écriture en me disant que j’allais le faire pour expliquer les choix de Dalida, pour qu’on lui pardonne son geste final.»

Liza Azuelos s’est énormément documentée. «Son frère Orlando m’a aussi nourrie en me racontant des choses sur son père, son enfance, de sa vie de famille. Chacun s’y est mis pour me donner des infos, mais j’ai surtout fonctionné à l’intuition »

Le principal objectif, c’était de trouver la comédienne idoine. «Sinon j’aurais renoncé. Dalida n’est pas un personnage que l’on construit. Il faut avoir sa vibration. Sur un casting de 250 candidates, j’ai dû en auditionner une cinquantaine. Mais aucune n’avait la grâce, le feu. Quand j’ai vu Sveva, j’ai senti très vite qu’elle était ma Dalida ».

Fille de Marie Laforêt, Liza Azuelos connaît l’univers du spectacle des années 70-80, ce qui lui a facilité les choses. «Cela m’a aidée pour éviter de me tromper et pour pénétrer l’intimité de la chanteuse. Décrire par exemple ce qui se passe quand on se retrouve dans une chambre vide. Dalida est aussi un film sur la solitude. Même célèbre, le soir on rentre chez soi et on regarde la télé. Comme tout le monde ».