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Syd tha Kyd, enfant du groove

Avec son flow acidulé et ses rêves de jolies filles, Syd tha Kyd est à l’avant-garde du hip-hop. Son groupe, The Internet, était nominé aux Grammies.

«D’où est-ce que vous venez?» «On vient d’Internet.» Cela devait rester une simple blague, lâchée à la face d’un journaliste lors d’une interview prise à la rigolade. Peut-être Syd tha Kyd et Matt Martians, les membres du groupe The Internet, ne mesuraient-ils pas à l’époque la portée générationnelle de leur remarque. Toujours est-il que l’idée – et le nom – sont restés. Cinq ans plus tard, The Internet s’est imposé sur la scène musicale américaine par son subtil mélange de hip-hop et d’electronica, ses claviers abrasifs et ses riffs de guitare blottis contre des rythmiques fortement laidback, et ses harmonies héritées d’un bop qui sent bon le vinyle et les dimanches après-midis langoureux que l’on souhaite ne jamais voir finir.

Si leur troisième album, Ego Death, n’a finalement pas remporté le Grammy Best Urban Contemporary, catégorie dans laquelle The Internet était récemment nominé, il continue de planer sur ces douze plages un parfum de «cigarettes and sex on your breath» terriblement addictif. The Internet? Syd tha Kyd et Matt Martians s’y sont rencontrés, littéralement, à la grande heure de MySpace. Le cheveu ras et le débardeur à fleur de peau, Syd, même pas vingt ans, s’illustre alors comme producteur improvisé au sein d’une meute de jeunes rappeurs baptisée Odd Future. Elle a fait ses armes dans un studio de fortune, assemblé dans la cave parentale.

«Je voulais être Pharrell»

«Quand j’ai commencé à faire de la musique, je voulais jouer le rôle du producteur qui assure les secondes voix dans les refrains», dit la Californienne dans un entretien pour Time. «Je voulais être Pharrell [Williams], franchement, celui qui fabrique les beats et qui s’affiche entourés de jolies filles dans les clips.» C’était sans compter sur les affinités musicales que Matt et Syd vont se découvrir. Ensemble, ils s’enivrent de soul et de RnB première vague, remontent les origines de la culture ghetto pour en extraire toute la veine mélodique. Outkast, Erykah Badu (en particulier l’album «Baduizm»), mais aussi Jamiroquai ou Amy Winehouse («In my bed») fournissent la sève qui coule dans leurs première maquettes. Ils ont d’abord l’intention de les proposer à d’autres interprètes; et puis Syd se met au micro. Miracle. Chaleur, flow acidulé, sensualité rentrée: la voix de Syd tha Kyd agit comme un élixir.

Sur Ego Death, il est question de désir, de stupre, de rupture. De filles, aussi, auxquelles Syd fait la cour avec une galanterie effleurée ou une insistance assumée («Now she wanna fuck with me, Live a life of luxury, […] Such beautiful company»), voire une malice saupoudrée d’un nuage de poudre comme à l’époque Cocaine, l’un des premiers titres de The Internet.

Icône gay, Syd? Tha Kyd ne rejette pas le qualificatif, qu’elle juge flatteur, mais pas indispensable non plus. Sa sexualité n’offre qu’un ton parmi d’autres dans la garde-robe identitaire de The Internet, représentant d’une nouvelle garde hip-hop au sein de laquelle la diversité des orientations et des genres est en train de se normaliser. «Personnellement, je n’ai jamais cherché à porter l’attention sur ma sexualité, non pas parce que je n’en suis pas fière, mais parce que je pensais que cela ne devrait pas compter, et je continue de le penser», déclarait récemment Syd tha Kyd au blog australien Faster Louder. «Je n’aborde presque jamais le fait d’être gay. Mes chansons parlent de femmes, mais ça, ça vient simplement du fait que j’écris à propos de ce que je connais le mieux.» Touché.