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L’édito d’Alexandre Lanz: Des adieux très heureux

L’édito d’Alexandre Lanz: Des adieux très heureux

Les œuvres incomprises des artistes que j’aime, celles qui sont injustement résumées comme étant des

Les œuvres incomprises des artistes que j’aime, celles qui sont injustement résumées comme étant des échecs commerciaux sont souvent mes préférées. Je ne choisis pas. Quand Madonna sort Erotica en 1992, ma passion se corse d’un cran pendant que le monde entier semble (déjà) hurler: «Asseeeeeeez!». Quatre ans plus tard, au creux de la vague, écoeuré par la dahomania des années précédentes, Etienne Daho sort Eden en 1996, son chef-d’œuvre enregistré à Londres pendant que la rumeur le dit mort du sida à Paris. Douze morceaux pulsant au rythme de la torpeur de l’été, du désir brûlant au jardin des plaisirs. Le disque s’ouvre sur Au Commencement, sorte de prélude au sublime Ouverture, premier extrait de l’album Corps et Armes sorti en 2000. «Tout n’est que recommencement, nu⋅e⋅x⋅s et déculpabilisé⋅e⋅x⋅s, allons bâtir ce nouveau monde où l’on ignore le péché. Subjugué⋅e⋅x⋅s l’un⋅e⋅x par l’autre, on s’connaît depuis la nuit des temps. L’amour serait-il donc éternel, comme dans les contes de fées? J’entends ton signal silencieux, même en pleine nuit…»: les mots soufflés par Daho ne cesseront jamais de m’enchanter et de me réconcilier avec la magie du monde lorsque celui-ci se noie dans sa trivialité.

Surtout, l’album se clôt sur une envolée orgasmique, Des adieux très heureux. «… Alors que moi je prendrai congé sans cérémonie, je disparaîtrai dans la nuit. Aucune larme dans nos yeux, des adieux très heureux. Et sans regret s’éclipser, pour mieux se retrouver toi et moi ensemble, à nouveau toi et moi ensemble, fertiles et féconds, toi et moi transmettre, couler des jours heureux, et décoller, s’envoler, ensemble, ensemble… enfin…»

Même les plus belles histoires d’amour et les passions dévorantes ont parfois une fin. C’est le cas pour moi et 360°, ce magazine pour lequel je me suis donné sans compter depuis plusieurs années, avant d’en reprendre la rédaction en chef en 2020. J’ai décidé que le temps était venu pour moi de passer la main. Entouré des nombreuses personnes qui se sont impliquées corps et âme dans ce projet éditorial et digital, la magie a opéré. Ensemble, nous avons façonné une ligne queer qui se love dans une ligne graphique révolutionnaire!

Avant de prendre congé, plutôt que de balancer des noms au risque d’en oublier, je préfère remercier toutes ces personnes du fond du cœur, iels sauront se reconnaître. Je me réjouis de découvrir la suite des aventures de cette unique publication queer en Suisse romande. Et je le dis haut et fort, fendu d’un sourire jusqu’aux oreilles: vive la relève!