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Le manteau rouge

Le manteau rouge
Alexandre Lanz. Photo ©Ricardo Caldas

Imprimés, moulés, dézippés, harnachés: façonnés par leur coupe fabuleuse ou leur découpe sulfureuse, certains vêtements

Imprimés, moulés, dézippés, harnachés: façonnés par leur coupe fabuleuse ou leur découpe sulfureuse, certains vêtements symbolisent un climax particulier dans nos vies. Évidemment, on souhaite une razzia sur les robes et costumes de marié·e·x·s déclenchée par celleux qui convoleront dès le mois de juillet en Suisse. Mais le dressing recèle d’autres pièces indélébiles à l’âme. Destin tragique d’un confort sweat chéri, prêté et perdu. Ou encore, la fureur de vivre face à ce touriste allemand qui me troquait son t-shirt LA DALLE à l’effigie de Béatrice contre une bière sur une île grecque. Surtout, le manteau rouge. Le fameux. Celui qui finit toujours par ressurgir des tréfonds de mes traumatismes d’adolescence. La dernière fois que sa couleur vive a été ravivée à ma mémoire, c’était en discutant avec Christine Gonzalez. On rigolait en se remémorant nos grands instants stylistiques d’ados fans de The Cure (elle) et de Jeanne Mas (moi). Prenant à la lettre la bouleversante mélopée chromatique «en rouge et noir» de la chanteuse à l’eyeliner infini, j’avais craqué pour un manteau rouge dans une session shopping avec ma mère et ses ami·e·s. Comme la popstar, j’avais déjà les chaussures de boxe montantes lacées. Il ne manquait alors que le rouge pour compléter le noir. Face à mon insistance, ma mère me mettait en garde: «Ok, ok, je vois que c’est important pour toi. Mais es-tu conscient des réactions que ce manteau pourrait susciter à l’école?» Clairement, je m’en foutais. Je ne voyais que lui, flamboyant sur son cintre, essentiel à ma survie. Non conforme au look uniforme des petits mecs de l’époque, je ne l’ai mis qu’une seule fois. Pièce de tous les dangers, il avait provoqué des heurts d’une violence rare à mon égard par les petites frappes de la classe au-dessus de la mienne. Ma mère avait raison, on vit dans un monde de brutes. Le manteau rouge a disparu depuis longtemps, mais son puissant souvenir est aujourd’hui une façon allégorique d’envelopper l’enfant que j’étais pour le rassurer et lui dire: «Sois fier d’être différent et ne fais jamais profil bas pour te faire accepter. Ce n’est pas toi qui as tort, c’est eux.»