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La détransition, sujet favori des réfractaires à l’existence des personnes trans*

La détransition, sujet favori des réfractaires à l’existence des personnes trans*
Photo: RTS

Léon Salin répond à la diffusion de l'émission Temps Présent «Détransition, ils ont changé de sexe et ils regrettent».

Depuis quelques années, la visibilité de la transidentité prend l’ascenseur. Les médias s’intéressent à nous. Nous devenons des sujets qui ramènent de l’audience. La visibilité trans* est absolument nécessaire à l’amélioration de nos conditions de vie. Mais il y a une certaine déontologie à respecter. Nous sommes des êtres humains, comme vous. Nous ne sommes pas un débat politique qui ramène des clics. Notre existence n’a pas à être débattue.

J’ai 25 ans. Il y a quatre ans, j’ai débuté ma transition en Suisse romande, et c’était le parcours du combattant. Les obstacles soigneusement organisés par les institutions rendent notre transition traumatique. La bureaucratie vient s’ajouter au lourd poids sociétal d’être une personne trans*. Notre existence engendre la panique. Qu’elle soit familiale, amicale ou médicale, tout l’entourage et les différents corps de métier impliqués vivent NOTRE révélation comme une perturbation dangereuse. Alors, il faut absolument nous protéger, de nous-mêmes, et surtout du possible regret qu’on pourrait éprouver après l’aboutissement de nos procédures médicales.

Un discours qui répand une peur vis-à-vis des personnes trans*
Revenons aux faits. Dans une étude de 2019, sur 3398 personnes ayant entamé des procédures de transition, seulement 16 ont exprimé un certain regret. Ce qui correspond à 0.46%. D’autres études mettent en avant divers chiffres, certains plus élevés, certains plus bas. Mais ce sont toujours des pourcentages minimes. Alors pourquoi tant d’attention médiatique? Pourquoi parler de transition via l’angle de la détransition?

Dans le documentaire de Temps Présent «Détransition, ils ont changé de sexe et ils regrettent», deux personnes qui se considèrent «détransitionneuses» sont mises en avant. Elles sont nées femme, ont pensé être homme, puis se sont rendu compte qu’elles étaient bien femme. Aucune d’elle n’avait entamé de procédure médicale. Elles ont uniquement demandé à être genrées au masculin, puis à nouveau au féminin. ET ALORS?

Le genre est un spectre, il est possible de se tromper! Les tâtonnements de genre sont tout à fait sains et nécessaires pour certaines personnes. Pourquoi instrumentaliser ce discours qui répand une peur vis-à-vis des personnes trans*? Les rares cas de détransitions post-opération sont ultramédiatisés, et mobilisés à des fins de limitation d’accès aux soins des personnes trans*. Sanctionner toutes les personnes trans* pour le doute d’une minorité engendre une impossibilité du dialogue.

Approfondir le gouffre de la transphobie sociétale
L’émission est guidée par un ton lourd et alarmiste, sans aucune présence d’association défendant les droits trans*. Aucun·e·x professionnel·le·x de la santé trans en Suisse n’a désiré y participer, au vu de l’approche journalistique qui vise à dénoncer une «épidémie transgenre». Les personnes visibilisant les discriminations transphobes sur les réseaux sociaux y sont décrites comme des propagandistes.

«Secte», «idéologie trans activiste», «ce n’est pas un ressenti, mais une biologie», «propagande trans», «réponse à la mode», «la dictature trans», «patient malade», «protéger vos filles et vos garçons», «expérimentation trans»… Tous ces mots ont été diffusés hier soir à la télévision nationale. La RTS leur a donc donné une légitimité et une audience. Une audience composée de parents d’enfant trans*. Si un parent avait une once de peur face à la transidentité, ce reportage l’a certainement confirmé dans sa phobie. Cette émission a approfondi le gouffre de la transphobie sociétale. Notre sécurité est ébranlée.

En tant que personne trans assumée et militante en Suisse, je ressens une hostilité croissante face à mon existence.

6 thoughts on “La détransition, sujet favori des réfractaires à l’existence des personnes trans*

  1. Salut, je suis tout à fait d’accord que le ton est très alarmiste, un peu à la enquête exclusive. Par contre je ne trouve pas logique de vouloir censurer un reportage sur une minorité des transgenres mais d’encourager des reportages sur une minorité de la population, les transgenres en l’occurrence.

  2. Pourquoi est-ce qu’une minorité d’une minorité n’aurait pas également droit à la parole comme tout le monde ? Il me semble que l’épilogue de l’émission ne dit que cela. Les « détransitionneurs » existent et il faut bien tenir compte de leur existence et de leur parole. Tout comme on tient compte de la parole des personnes transgenre. A mon souvenir, la RTS a également fait des émissions en faveur des personnes transgenre, et cette émission-ci est la première et la seule à faire entendre un autre point de vue. Il me semble que l’écrasante majorité des émissions à ce sujet sont plutôt en faveur de la communauté LGBTQIA+. La diversité des points de vues et le dialogue ne peut pas faire de mal, non ?

    1. Tout à fait d’accord avec vos propos. Je ne vois pas trop pourquoi ne pas donner la parole à celles et ceux qui regrettent. De plus il est bien dit en début d’émission que ce sont les avis des intervenants et non la prise de position de la RTS. Quand on veut faire du scandale pour du vent …

  3. Je n’ai pas trouvé l’émission mauvaise et n’ai sans doute pas prété attention à certains termes “dénigrants”. Par contre, le côté sectaire de certains me parle. Mais, c’est souvent le cas dans les groupes d’adolescents, peu importe le domaine. Donc celleux qui se sent mal dans sa peau et se sent accueilli dans un groupe trans risque d’être influencé, comme la jeune fille dans le reportage. Il n’y a rien d’exceptionnel.

  4. Je rêve d’un monde différent, un monde où on ne mettra plus les gens dans des cases (il, elle, iel) et où chacun pourra être libre d’être qui il souhaite et de penser ce qu’il veut sans plus avoir peur d’être jugé, rejeté ou pas aimé.

  5. Donc Léon dénonce de la transphobie de la part de la RTS alors qu’il a été largement médiatisé par celle-ci.
    Il mélange les avis des personnes interviewés et la position de la chaîne. A croire qu’il n’a pas compris l’émission. Il a été dit dès le début que les associations n’ont pas voulu répondre aux questions et que de fait il n’y a que des personnes ayant detransitionné (encore que…) avec des questions intéressantes à se poser avant de telles démarches.

    Bref, juste faire du vent et crier au scandale sans véritable fondement.

    La RTS n’a donc pas fait un reportage « transphobe » comme veut nous le faire croire Léon et consorts, mais juste fait un documentaire sur les personnes qui regrettent d’avoir fait le choix vers la transition (sans obligatoirement aller jusqu’au bout)

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