Protégeons les enfants?
Dans cette chronique, je continue de discuter avec Julien. Un homme cisgenre, hétéro, avec qui je partage certaines de mes pensées. Il est fictif, sans être irréel. Julien, ça pourrait être toi, moi et/ou nous.
Cher Julien, n’aie pas peur, je n’essaie pas de rendre ton fils transgenre!
Depuis quelque temps, je vais dans les classes de Suisse romande pour expliquer la transidentité à travers mon parcours personnel. Vaillant, j’affronte des centaines d’adolescent·e·x·s à l’affût, prêt·e·x·s à prouver leur virilité ou leur féminité. Si seulement c’étaient mes seuls adversaires! Il semblerait que je porte atteinte à la pureté de l’enfance en prêchant la parole trans. Je n’ai jamais reçu autant de menaces de mort que depuis mes contacts avec cette population sacrée. Un tsunami composé d’adultes enragé·e·x·s se soulève et hurle à la propagande: «NE TOUCHEZ PAS À NOS ENFANTS!». S’est emparée d’elleux une indignation incontrôlée: «Je vais te brûler à l’acide!!»
Tu as raison de crier, Julien. Tu as raison de laisser la rage s’emparer de ton corps lorsque les enfants sont en danger, mais tu te trompes de cible. Laisse l’acide pourrir dans les sols et pas sur ma peau. La panique que tu ressens est justifiée, car l’avenir des enfants est de plus en plus incertain compte tenu de la chaleur d’un mercredi d’octobre en 2023 alors que j’écris ces mots.
Alors, arrête de transformer les personnes trans* en récipients de ton anxiété climatique. Joignons nos forces. Je continuerai d’aller dans les classes pour éduquer sur la transidentité et on se retrouve à la manif pour le climat ce vendredi?