Il était une fois…
Au commencement était la Fin et la Fin était auprès du Commencement. Et la Fin était le Commencement. Il était une fois...
Une certaine tristesse, lorsqu’un navire rentre au port après un dernier voyage, abaissant définitivement ses voiles. Assise sur la berge, je contemple la mer, repense à toutes les traversées de ses équipages au fil des années. Avec nostalgie? Un peu, j’avoue. Une nostalgie douce, de marraine ayant assisté à tant de naissances, accompagné les derniers souffles de certain·e·x·s de ses filleul·e·x·s, à l’instar du regretté squat des Brigittes aux robes éponge et soirées copines, dont les levers du jour au jardin resteront précieusement inscrits dans ma mémoire.
Tout comme leur désir d’alors, exprimé lors d’une de nos rencontres, de se lancer en une Pride sauvage, à la fraîche, sans solliciter d’autorisation, juchées sur un tracteur pour parcourir follement les rues de la Cité, munies de confettis. Serais-je partante pour les accueillir avec une fête triomphale à leur arrivée à L’Usine? Ma part sauvage exultait à cette idée. Le temps passant, au fil des réunions, d’autres directions se sont dessinées et la première Pride romande a pris de l’ampleur, perdant certes un peu de spontanéité mais gagnant en organisation et visibilité. Dans son sillage est née une association et, au cœur de celle-ci, une publication qui fait ici sa dernière apparition.
Alors, nostalgie? Tristesse? Un peu, oui. Mais aussi la conscience (la consolation?) que cette fin n’éclipse en rien tout ce que l’engagement des un·e·x·s et des autres, tout au long de cette aventure, a fait émerger, labourant, fertilisant des terres en friches, les ensemençant de graines bricolées avec soin pour y faire naître jardins improbables, nouvelles promenades, haltes et gîtes accueillant·e·s pour tous·tes·x. Ici, ces derniers mots posés en hommage à tous·tes·x celleux qui, contre vents et marées, ont élaboré, construit, élaboreront et construiront encore avec élan et conviction, pour conjurer des cieux de moins en moins cléments, les chemins de traverse qui manquent à nos paysages et dont nous avons tant besoin. Que mes fées se penchent sur leur berceau et leur offrent grâce, force et courage. Avec tout mon amour.