Montreux
#places à gagner

Henry Moodie + Lauren Spencer Smith

ven 5 juillet, 20:30
Lausanne

Talent Show Chaud Cho

dim 30 juin, 16:00
Genève

Le Temple: Fusion

sam 6 juillet, 23:00
Lausanne

La Messe 3.0

sam 22 juin, 22:00

Clubbing: les girls attaquent

La Chocha, Princess Rakaï, P’tite Brosss, Fanny, Yauss, Maryem... A Paris, les stars de la nuit se déclinent au féminin. Dans un milieu plombé par la rentabilité et la concurrence, elles réussissent à sauver le clubbing de la morosité et de l’uniformisation. Bruxelles, Genève et Zurich ne sont certes pas Paris, mais là aussi, des filles ont l’énergie pour donner le tempo des nouvelles tendances. Portraits des faiseuses de soirées branchées.

PARIS
La diva

A tout seigneur, tout honneur. Depuis dix ans, la Chocha (photo ci-dessus) enflamme les plus grandes salles parisiennes. «Entre la musique électronique, le grand public, les filles, les copains, l’humour, la marginalité, la norme, pourquoi choisir?» se dit-elle. Précurseuse de la techno et de la house, elle a contribué à faire découvrir les premières filles DJ, de Sextoy à Chloé ou Jennifer. Pour elle, «organiser des soirées lesbiennes de qualité ouvertes à tous, c’est donner une image positive des lesbiennes, c’est contribuer à faire avancer le milieu». Pas évident pourtant. Les boîtes parisiennes sont devenues d’imposantes entreprises où la qualité, l’innovation, le risque passent, sous la pression de la concurrence, bien après le chiffre. Certains propriétaires éjectent leurs directeurs artistiques au bout de deux ou trois soirées, après avoir recopié leur carnet d’adresses. Erreur stratégique: si aujourd’hui la Chocha blinde ses soirées, les Chochacabana et les Lucky ladies, c’est grâce à sa personnalité et à ses choix: tarifs abordables, DJ talentueux, ambiance feutrée et chaleureuse, performances, vidéos et même parfois stands de godes! Tout cela assorti d’une rare solidarité avec les artistes qu’elle accueille et d’idées généreuses, comme celle récemment de booker pour une nuit au Twin’s les DJ préférées de trois bars lesbiens. A noter également, et ce n’est pas négligeable, que l’on trouve aux soirées de la Chocha les filles les plus sexy de la capitale…

Freeeeaks!
On a pu voir Princess Rakaï et P’tite Brosss, alias les Beatnikeuz (en photo page de gauche), chez la Chocha mais c’est Nicole, propriétaire du bar le Boobsbourg – et dont on ne dira jamais assez le bien qu’elle fait au milieu lesbien – qui leur a donné leur chance. Le groupe n’existe que depuis avril 2003 mais pour ces deux filles-là, la chanteuse et la DJ, c’est déjà le carton plein, qu’elles soient aux platines ou en concert. Là où les soirées parisiennes pêchent de plus en plus par leur manque de créativité, les Beatnikeuz leur redonnent une impulsion et surprennent leur public en offrant de vrais shows visuels. On reste scotché devant leurs mises en scène inventives et déjantées: gueules à la Claude Cahun, costumes de jeunes créateurs et son expérimental pêchu extrêmement travaillé qui associe hard core, techno, électro, opéra, performance vocale et chansons à textes! Les Beatnikeuz sont assurément les pionnières d’un nouveau courant artistique et les fans se bousculent. Leur dernier concert à la Scène a rassemblé près de 400 personnes. Elles seront ce mois-ci au Nouveau Casino et déjà elles commencent à tourner à l’étranger. On les attend prochainement à Moscou et au festival international de musique de Bogota. A découvrir d’urgence.

Pôle de résistance
Là où la Chocha milite pour l’image des lesbiennes, Fanny, elle, «milite avant tout pour la musique et embarque les filles!». Elle a la chance d’officier dans une boîte, le Pulp, relativement petite, où, dit-elle, «il y a moins de pression commerçante et où on peut encore se permettre ce qu’on veut.» C’est à dire programmer de la musique pointue, éclectique, qu’on n’entend pas ailleurs, dans un cadre «politique», car le poing du Women’s Lib est sur tous les flyers. Fanny peut s’enorgueillir d’avoir soutenu Yvan Smagghe, Peaches, Optimo, bref, la fine crème du djing international. Qu’un garçon comme Laurent Garnier vienne régulièrement mixer en ami est assez révélateur de son succès. Mais cette notoriété, la boîte la doit avant tout aux soirées lesbiennes du week-end qui voyait défiler, encore récemment, tous les grands noms du clubbing lesbien, de la Chocha à Sextoy, d’Axelle le Dauphin à Benji de la house. Aujourd’hui, la direction mise sur les soirées de la semaine, notamment celles programmées par Fanny, Kill the dj et No dancing please avec Chloé, pour asseoir son prestige. Malgré l’engouement qu’elle suscite chez les hétéros, la boîte essaie de garder une identité lesbienne (voir le site): «Le vendredi et le samedi restent les soirées lesbiennes officielles de la boîte. Les mecs doivent être accompagnés de filles. Quand certains font les malins, on les dégage». Ou comment faire d’un club lesbien le dernier endroit tendance.

Melting Potes
Après avoir bourlingué pendant six ans à travers Paris, les Ginettes armées, organisatrices des soirées Je hais les dimanches, emmenées par Yauss, ont enfin posé leurs valises dans un espace à elles. Elles tiennent depuis février Le 3e lieu, club/bar/cantine au succès foudroyant. Les tarifs, particulièrement bas, la déco, entre kitch et cantine, les repas, bons et pas chers, la programmation musicale, variée et de qualité, le club au sous-sol: rien n’a été laissé au hasard. Le 3e lieu est un excellent before «à la bonne franquette». C’est Yauss, aidée de Vigo, programmatrice du Batofar, autre grand club parisien, qui concocte une programmation éclectique et pas bête. Une même soirée peut s’écouler sur de la tech, de l’oriental, du funk, du franchouillard, du rock, etc. Il y aura forcément du son que vous apprécierez et du son que vous découvrirez. Grâce à ses grandes tables, et à moins d’être un sacré misanthrope, c’est un des rares endroits à Paris où l’on peut vraiment rencontrer des gens et non pas seulement les regarder du coin de l’œil. Les Ginettes armées ont très tôt défendu le mélange. D’après Yauss, «Dans ces soirées, des filles peuvent venir, voir des mecs et tiquer, mais finalement elles se rendront compte que ça se passe bien.» Une démarche qui pour elle contribue à réduire les incompréhensions et les problèmes d’identité et lui fait dire que «les ghettos sont en voie de disparition».

Ladies first
On a beau dire, on a beau faire, même si les filles vont partout, elles auront toujours besoin de soirées où elles peuvent se rencontrer. Contrairement aux garçons, les filles ont tendance à s’en vouloir d’organiser des soirées (presque) exclusivement pour elles. Inutile de faire un dessin: les filles se lâchent beaucoup plus dans les soirées qui leur sont réservées. On sent ailleurs comme une retenue, qui ne manque pas de charme, mais une retenue quand même. C’est certainement ce qui explique le succès de soirées mensuelles comme les Pinkyboat («copains gays» acceptés), qui bénéficient d’un bouche à oreille hors du commun. Les objectifs de Maryem sont assez simples: «Donner quelque chose aux femmes, qu’elles s’éclatent comme au temps du Privilège», boîte lesbienne que tenait Elula Perrin pour laquelle Maryem avait infiniment de respect, au point de ne pas vouloir lui faire de concurrence de son vivant. En tout cas, le pari est réussi pour Maryem et pour Cédric, le co-organisateur, et les soirées sont archi-bondées. La musique est commerciale mais l’ambiance effervescente, les filles s’amusent et tout le monde a le smile. Ce qui aide à oublier les tarifs. Le succès est tel que les Pinkyboat déménagent à la Piscine, une salle beaucoup plus grande, et surtout, elles devraient bientôt investir les Bains Douches, un haut lieu de la nuit parisienne, pour des soirées mixtes.
Enfin, celles qui aiment danser engagé et 100% filles se rendront à la soirée de la Fierté Lesbienne, le 26 juin, à la Galerie. Les bénéfices serviront à la lutte contre la lesbophobie.
Bon, allez, maintenant bouge ton corps!
Edna Castello

La Chocha: www.chochacabana.com
Les Beatnikeuz: www.beatnikeuz.com
Fanny, le Pulp: www.pulp.xroot.com
Yauss: Le 3e lieu, 62, rue Quincampoix, Paris 4e
Infoline 00 33 1 48 04 85 64
Maryem: Pinkyboat, spéciale Marche des fiertés, le 26 juin
au Concorde Atlantique, 8, quai Anatole France, Paris 7e
Pinkyblue, soirées mixtes tous les dimanches à partir du 13 juin,
aux Bains Douches, 7, rue du Bourg-l’abbé, Paris 3e.

BRUXELLES
Lady intinérante

Bruxelles, la belle surréelle, possède une culture aux multiples facettes qui reste souvent confinée dans la distinction des clichés. L’espoir renaît car la mixité a enfanté une nouvelle génération de clubbers polysensuels: des nomades en quête d’une nouvelle esthétique, d’une culture pataphysique (la Science des solutions imaginaires), comme l’écrivait Alfred Jarry.
Parmi les soirées les plus raffinées: le Catclub, un concept itinérant créé par Jane Haesen (alias Lady Jane) et son clan électro. Vous y trouverez peu de chattes effarouchées et nombre d’oiseaux bien léchés. Un seul inconvénient: le lieu qui accueille l’événement change trop souvent. L’«Electropop for boys & girls in between» a en effet du mal à trouver son fief. Ses fan(ne)s tentent fidèlement de suivre le beat de sa rumeur. Malgré ses multiples déménagements, la qualité des sons se maintient. Il faut tout de même savoir que Lady Jane n’en est pas à ses débuts. Elle faisait déjà danser les filles des «Pussy Galore» (un joli titre, non?) lorsque l’électro n’en était encore qu’à ses premiers balbutiements.
Dans les deux cas, les filles qui s’aiment et les garçons qui s’attirent se rencontrent sur fond d’expérience
auditive et souhaitent longue vie aux soirées débridées. N’oublions pas les autres tendances qui apprécient tout autant les charmes de l’ambiguïté.
Si vous chérissez les rythmes de Lady, vous pourrez encore les entendre dans la pénombre des Caves de la Chapelle, dans cet endroit qu’on nomme «Le Barrio». Dr Coma & Link Leisure y ont installé, une fois par mois, leurs fabuleuses soirées «Ta Gueule». Des réunions où se marient enfin anarchie et autodérision. Des disc-jockeys aux inspirations éclectiques et aux manières atypiques, des danseurs aux mouvements érotiques, des filles un peu anorexiques: musique! Certes, «Ta Gueule» n’est pas un produit féminin mais il mérite bon gré mal gré qu’on s’y attarde tant les soirées de qualité organisées par les dames se font rares.
Sonia Rickli

Les Caves de la Chapelle: 6 pl. de la Chapelle
Le Catclub: actuellement au Lounge, Rue Henri Maus 25

GENEVE
Et mon chien, il est pas hype?

Genève, morne plaine? Depuis quelque temps, côté vie nocturne, il n’y a guère de nouveauté à se mettre sous la canine du côté de la cité de Calvin. D’autant plus dur pour les filles que les (soirées) gazelles sont une race en voie d’extinction. Que l’on se rassure, cela devrait bientôt changer.
Organisatrice de soirées mixtes très fréquentées il y a quelques années à Genève, exilée durant trois ans dans les nuits zurichoises, Laure, alias Ladybruce, est de retour «at home»; avec la ferme intention de recommencer à s’y amuser, et surtout, à amuser ses hôtes. Le ton est donné avec le label qui devrait coller à toutes ses soirées: «dykes are hype» – traduisez: «les gouines, c’est mode!» – tel sera le cri de ralliement pour «les filles branchées qui en ont marre des soirées où l’on passe des vieux tubes et qui ne sont finalement que des points de rencontres, presque des étalages de boucherie», souligne Ladybruce. «Le but, c’est d’offrir des ambiances de club, avec de vrais DJ, de la vraie bonne musique électro.» Contrairement à ce que pourrait laisser entendre l’intitulé des soirées, les dykes, et les filles en général, ne seront pas les seules de la partie. «Pour moi, la mixité est essentielle. Pas question de créer des ghettos.» Privilège des filles toutefois: entrée gratuite jusqu’à l’heure de Cendrillon.
C’est au BDM (Bout-du-Monde) qu’on découvrira ces dykes si hype, dès le mois d’août et à un rythme que l’on promet mensuel. Pas une simple soirée dance, mais un menu à rallonge, car il s’agit ici de bien soigner ses visites: ouverture dès 18h, punch à 19h, dîner à 20h – sur une magnifique terrasse en cas de beau temps –, et à 22h, en guise de dessert avant l’ambiance DJ (23h), le clou sans aucun doute de cette soirée dérision: un défilé de chiens! Tout aussi hype du collier que leurs maîtres(ses), cela s’entend…
Cathy Macherel

«dykes are hype», le 7 août au BDM (www.boutdumonde.ch), 6, rte du Bout-du-Monde, Champel, Genève
Infos sur les futures soirées: www.ladybruce.com

ZURICH
Chic et vintage

Côté gay, la scène clubbing zurichoise n’est peut-être pas énorme, mais variée: dancing alternatif, pop ou techno et sex clubs, ambiance déjantée ou soignée, il y en a pour tous les goûts. De ce joli gâteau, les filles se taillent certes la part de la souris (soirées squattées par-ci, par-là) mais compensent par un label de qualité: déco, structure et djanes, tout est pro.
C’en est ainsi chez les Rainbow-Chixx. «Notre association est née un soir d’été au bord du lac. Nous voulions offrir quelque chose de neuf, de différent. C’est comme ça que nous avons organisé notre première “beach party”, en été 2001», explique Irene, 26 ans, large t-shirt à la hip-hop et lunettes strictes. A ses côtés, Léa, 24 ans et un petit air de diva, acquiesce.
Des soirées différentes? Pari lancé… Pari tenu! Après le sable des plages, elles s’offrent le luxe de squatter un des lieux les plus branchés de Zurich, le Labor Bar. Là, depuis septembre 2003, les mercredis sont «Lesbians and friends». Leurs soirées «Ooohh 7 Days!» complètent l’offre dominicale assumée par Le Bal et la Tanzeila et ajoutent une touche plus «club» aux nuits lesbiennes. Avec son bar bien fourni, ses canapés carrés, ses parois rosâtres à la gloire du célèbre présentateur gay de la DRS Kurt Aeschbacher – eh oui, le club est aussi un plateau TV –, la déco est chic. Et l’infrastructure professionnelle, pour le plus grand plaisir de la batterie de DJ composée uniquement de femmes ou d’hommes gays, des Chixx.
Chaque semaine débarquent «entre 100 et 200 filles, de tout âge et tous les styles. Toutes sont les bienvenues. D’ailleurs, nous passons une musique plutôt facile, pop, destinée à un large public. La première heure est même salsa», explique Léa. Tout public? Certes, mais ce soir, les filles sont plutôt jeunes et branchées: piercing, tatoos et vintages Adidas sont de mise.
L’ambiance un brin électrique ravit les Chixx. «Nous ne voulons pas lâcher ça», dit Irene. Même si c’était pour ouvrir leur propre club? Irene pointe son index sur sa tempe: «Le samedi, il n’y a plus de place. Il est impossible de créer une nouvelle soirée. Quant à tenir une boîte pour filles uniquement… ce serait du suicide!» D’ailleurs même «Ooohh 7» connaît un léger tassement de ses entrées… Comme si une fois l’effet de nouveauté passé, même à Zurich, ville du fric, la scène était trop petite. Ce léger doute n’empêche pas Léa et Irene de s’activer dans tous les sens. Que ce soit sous le nom de Rainbow-Chixx ou en solo, elles mettent leur nez partout, en tant que djane (Madame Léa) ou en tant que manager. Deux agitatrices à surveiller de près donc, chères amatrices de soirées… Comment déjà? Ah oui, jeunes, branchées, agrémentées de piercing, tatoos et vintages Adidas…

Disco classique
La Tanzeila existe depuis 1987 et, à Zurich, c’est un morceau d’Histoire. Fille du féminisme, la Tanzeila est certes la disco exclusivement femmes – entrée interdite aux hommes – la plus célèbre de la cité lesbienne, mais aussi un projet associatif. «Même si aujourd’hui la plupart l’ont oublié, la Tanzeila possède avant tout un but social: offrir un lieu de rencontres, une plate-forme d’infos, et une place pour les Djanes», explique Ruth, 45 ans. Un lieu d’où l’esprit mercantile est absent. «Les bénéfices sont toujours investis dans d’autres projets: journal femmes, lignes d’écoute pour lesbiennes, festival ciné Pink Apple, etc. Nous sommes un des rares groupes de femmes à pouvoir soutenir d’autres groupes de femmes.»
Politique, tradition et un succès jamais démenti. Chaque premier dimanche du mois, entre 400 et 500 femmes se pressent à la caisse. Grâce à une programmation large, tout le monde y trouve son compte: danses de salon, pop légère puis, pour finir, musique plus pointue qui varie en fonction des Djanes invitées. «Nous sommes une des plus grandes manifestations exclusivement femmes et régulières d’Europe», souligne Ruth avec une lueur de fierté dans le regard.
France Santi

«Ooohh 7 Days!», chaque mercredi, Labor Bar, Schiffbaustrasse 3, Zurich,
Tanzeila: au Kanzlei, Helvetiaplatz, Zurich, chaque premier dimanche du mois, entrée 15.-, www.rainbow-chixx.ch
Le 5 juin, au Kanzlei, à l’occasion du CSD: «Better than chocolate», Party pour femmes & ami(e)s, DJ N’cole, Nadia Naas, MC Bahar, DJ Sabaka. Dès 22h00.
www.tanzleila.fembit.ch/welcome.html