Greta Gratos reçoit
SALIKA WENGER – Rouges les lèvres, pâle la peau; qui a dit qu’une députée du Grand conseil genevois se devait de n’avoir l’air de rien? Noire du chignon aux talons aiguilles, la dame (à qui on a oublié d’ôter les piles) n’a pas la langue dans sa poche et se fait marraine de l’antenne genevoise de «ni putes ni soumises»… et ça lui va comme un gant!
Votre humeur en ce moment?
Dubitative.
Votre genre?
C’est: pas de genre.
Ce qu’il y a de plus étrange chez vous?
Mon hypocrisie.
Et de plus conventionnel?
Mon hypocrisie.
Un truc chez vous qui vous agace:
Mon incapacité à m’empêcher de rire.
Votre première pensée au réveil:
«J’aime vivre.»
Au lever, à votre reflet dans le miroir, vous dites:
«T’as une drôle de gueule, ma vieille!»
Vous avez droit à un vœu:
Je veux 20 ans de moins.
Comment réagissez-vous quand on vous contrarie?
Je crie.
Et qu’est-ce qui vous contrarie?
À peu près tout… Non, l’injustice en tout premier lieu.
Je vous offre la lune. Vous en faites quoi?
Je la revends. Que voulez-vous que je fasse de la lune?
En traversant une frontière, vous ressentez quoi?
L’impression de vivre un archaïsme.
C’est quoi, le talent?
C’est la désinhibition.
C’est comment le vertige?
C’est quand on est amoureux.
L’endroit le plus sensible de votre anatomie?
Mon regard.
Qu’est-ce qui peut vous laisser sans voix?
Pas grand-chose, en fait.
Et vous faire pleurer?
La beauté.
Au fond du regard de l’Autre, vous cherchez quoi?
L’Autre.
Et vous y trouvez quoi?
Moi.
Comment est votre sommeil?
Profond… et jubilatoire.
Comment voyez vous votre mort?
Je ne me vois pas morte.
Votre plus ancien souvenir?
Le jour où ma mère s’est coupé les cheveux, pour la première fois.
Un rêve pour le monde?
Comment définir un rêve pour le Monde?… Non, pas de rêve pour le Monde!
