Genève
#finissage

La Maison de Dorothy

sam 4 mai, 18:30
Genève

Barbi Recanati

dim 26 mai, 20:00
Thonon-les-Bains

Roller Disco Pride

sam 25 mai, 17:00
Brigue

Regenbogenbombe!

sam 11 mai, 13:00

E.T. phone homo

Communiqués de presse contre l’homophobie, invitation faite aux gays de quitter l’Eglise, distribution de tracts dans les prides: le mouvement raëlien met tout en œuvre pour séduire la communauté LGBT. Malaise? Analyse d’une opération séduction et rencontre avec le Maître en personne.

Leur gourou ne connaît pas vraiment son sujet dans le détail, mais qu’importe… Depuis quelque temps, le mouvement raëlien n’en finit pas de se soucier du bien-être des homosexuels. Une exaction homophobe est commise par un dignitaire de l’Eglise anglicane au Nigeria? Aussitôt les raëliens invitent – par communiqués de presse, envoyés aux médias homos – tous les gays et les lesbiennes de ce pays à quitter leur Eglise. La Banque royale du Canada prend des mesures pour faciliter l’intégration des gays dans l’entreprise? La voilà aussitôt félicitée par le biais d’un communiqué signé des raëliens. Quant au Pape, aucun de ses coutumiers dérapages homophobes ne passe entre les mailles de la vigilante surveillance de Sa Sainteté Raël. Sur rael.org, un lien mène à un site prônant l’athéisme, ciblant en particulier les gays: «Vous qui, peut-être, êtes homosexuel et donc êtes considéré comme un monstre aux yeux de cette institution, pourquoi continuer de faire partie de cette église qui vous manque de respect et vous condamne?», invective-t-il, en précisant – merci pour la comparaison – que «l’homosexualité est aussi naturelle qu’un chien ou une poule sont naturels».
Tant de sollicitude irait droit au cœur si l’on ne pouvait suspecter ce mouvement sectaire de faire son marché, entendez son recrutement de disciples, là où les Eglises monothéistes, catholicisme en tête, dérapent. Et sur le terrain de l’homophobie, il faut bien admettre que les religions traditionnelles font plutôt fort. Du pain béni pour. Raël, alias Claude Vorilhon, qui le revendique: «Nous sommes le seul mouvement qui se positionne à l’opposé de l’Eglise catholique», dit-il, et de s’étonner lorsqu’on lui demande s’il ne cherche pas simplement à se faire de la publicité en prenant en otage les causes homosexuelles: «On ne peut tout de même pas me reprocher d’avoir un ennemi commun?» (lire interview). Il n’empêche, ce professionnel de la communication ne s’en cache pas: il est un fervent adepte des coups médiatiques. Plus c’est choquant, plus ça l’intéresse, martèle en toute honnêteté celui qui, après avoir soutenu la «machine à cloner des humains», veut créer le premier homme synthétique conçu à partir d’un ventre artificiel. «Idéal pour les homos désireux d’être des parents à part entière», précise-t-il bien entendu à ses interlocuteurs homosexuels….
«Le thème de l’homosexualité est un thème porteur pour les raëliens», confirme Xavier Martin Dupont, spécialiste du mouvement en France. «Ce n’est vraiment qu’un prétexte leur permettant de se faire de la publicité. Il y a bien quelques homosexuels dans son mouvement, mais ce n’est réellement pas une majorité.» Pour Xavier Martin Dupont, ce positionnement est surtout le signe d’un essoufflement du mouvement. «Raël n’existe qu’en représentation. Il cherche constamment de nouveaux créneaux publicitaires et le marché homo, incontestablement, en est un.»
Sur le terrain, les disciples du maître ne sont pas en reste pour veiller comme des anges sur la communauté LGBT. Les voilà de plus en plus souvent présents dans les prides, à distribuer des tracts, voire à défiler sur leur propre char. «Je me souviens d’eux», explique Philippe Scandolera, membre du comité de la gay pride de 1997 à Genève, «ils voulaient distribuer leurs trucs, mais on leur a demandé de s’abstenir.» En France, également, les raëliens ont tenté de s’infiltrer auprès du collectif organisateur de la marche à Metz, «toujours sur le registre: “on vous soutient, on est avec vous”», explique Stéphane Corbin, président de l’Interpride en France. Ou encore à Strasbourg, en 2004: «Sept à huit personnes brandissaient des pancartes sur le trottoir au passage de la marche à Strasbourg. Teneur du message: anti-catholique, pour le mariage des gays», ajoute-t-il.

A la pride, des fleurs au bout des seins
Outre-Atlantique, l’expérience est allée plus loin: les raëliens se sont officiellement inscrits, ont monté un char et ont défilé pendant la pride de Montréal. Un char «assez Woodstock, avec des filles nues avec des fleurs au bout des seins. C’était vraiment très drôle», raconte Ian Abinakle, directeur du festival Divers / Cité au Québec, ajoutant: «Ce qui nous importait, c’est le questionnement face à l’Eglise, qu’ils incitent les gens à avoir des réflexions.» Car finalement, explique-t-il, «il y a un monsieur à Rome qui a son point de vue sur la sexualité, et qui n’arrête pas de le seriner et de nous rejeter. Alors leur positionnement face à l’Eglise catholique nous fait rire.»
Mais les mouvements LGBT rient jaune lorsqu’ils entendent le Dr Brigitte Boisselier, évêque raëlienne, prétendre qu’un des 13 prétendument bébés clonés par leurs soins l’a été au sein d’une famille de lesbiennes hollandaises! De quoi ridiculiser le débat sur l’homoparentalité. Le coup médiatique a ainsi impliqué les homoparents dans un débat créé de toutes pièces par les raëliens. Depuis cette affaire, les mouvements homos se méfient plus que jamais de la mainmise raëlienne sur les débats qui les concernent. En France, les organisateurs sont prévenus. En Australie, les raëliens ont été exclus des prides. Dans d’autres villes du Canada, seules les associations homosexuelles sont aujourd’hui autorisées à défiler dans les marches des fiertés: «À chaque fois il y a des problèmes, des débats sur leur présence. Cela nous prend finalement beaucoup d’énergie, car leurs messages sont controversés», conclut Ian Abinakle.
Cette méfiance n’a pourtant pas découragé les fidèles des Elohims qui ont créé une Association raëlienne des minorités sexuelles, histoire de ne plus se faire exclure des marches gays. On ne sait si le gourou a hérité d’une intelligence extraterrestre, mais il est incontestablement très malin.
Cathy Macherel et Ian Clavel

Le Mouvement raëlien
Fondé en 1974 par Claude Vorhilon, alias Raël, le mouvement revendique 65’000 adeptes (5000 au maximum, selon Xavier Martin Dupont) et une présence dans 86 pays. Son fondateur, ancien journaliste sportif né à Vichy en 1946, aurait été enlevé en 1973, par des extraterrestres, les Elohims, qui lui auraient transmis la connaissance du monde. Là-haut, dans la banlieue planétaire, l’élu a rencontré toute une pléiade de mystiques disparus: Bouddha, Jésus, Mahomet et d’autres. Comme lui, tous ces prophètes étaient des envoyés des extraterrestres. Sa mission? Construire une ambassade pour accueillir les Elohims sur Terre, à Jérusalem. Sa philosophie prône l’amour libre et promet pour bientôt la vie éternelle.