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Le combat des Reines

Halluzination, le dernier spectacle des Reines Prochaines, nous promet une apparition enchanteresse. Transformées en champignons ou coiffées de bois de cerfs, les Reines veulent tout d’un coup nous faire gober leur univers pour amener nos consciences à une bacchanale gigogne. Rencontre.

Bien que libéré de l’étiquette «Pipilotti» et après 16 ans d’existence, le processus de création des Reines Prochaines ne suit toujours pas un schéma fixe. Toutes musiciennes, elles échangent constamment leurs instruments au gré de leurs humeurs. Puisant dans les traditions musicales européennes. Elles sont tour à tour chanteuses, poétesses, vidéastes et performeuses. Mais à côté du dilettantisme professionnel qu’elles revendiquent, c’est aussi la discipline de la perception et l’inspiration du moment qui les guident. Et comme les Reines Prochaines fonctionnent à «l’envers», elles ne font pas de tournées promotionnelles. En effet, ce sont leurs tournées qui donnent naissance à leurs albums. Quand on leur demande si elles aimeraient faire partie du star system, elles répondent de concert un grand: «Oui, mais nous sommes trop paresseuses!» Après le succès du Cœur en Beurre, sur lequel figure la fameuse reprise du Blue Hotel de Chris Isaak, il y a eu, entre autres, Alberta, dédié au père de la psychanalyse et sur lequel figurent plusieurs morceaux d’anthologie dont Knocking at my neighbour’s door (sur la célèbre mélodie de Knocking at heaven’s doors), une incitation aux rapports de bon voisinage ainsi qu’une très belle déclaration féministe à un spermatozoïde. Très ancrées dans la réalité malgré les apparences, les Reines Prochaines militent pour l’égalité des sexes, que ce soit dans le milieu du travail ou ailleurs. Elles semblent manifestement perplexes en constatant qu’il n’y a plus qu’une seule femme au sein du Conseil fédéral et leur combat, s’il était politique, pourrait s’intituler «Utopie Concrète». A Genève, elles seront quatre: Muda Mathis, Sybille Hauert, Michèle Fuchs et Sus Zwick. Cette dernière explique qu’Halluzination part d’une volonté de sauver l’humanité grâce à l’hypnose. Les Reines veulent en effet «manipuler» leur public pour l’amener à rêver à une réalité plus belle. Aussi, sur scène elles utilisent l’une des figures les plus prisées de Jasper Johns, la cible, qui permet de provoquer chez le spectateur un état de conscience modifiée qui le rend perméable à leurs suggestions oniriques et surréalistes. «C’est jouissif, confie Sus Zwick avec malice, de faire comme si nous étions de grandes magiciennes ou des prestidigitatrices.» Une reine parmi les Reines? Sus Zwick rétorque avec un certain goût du paradoxe que chaque Reine a une fois ou l’autre accès au trône et que même si parfois un objet ne fait pas l’unanimité chacune reste libre de ses choix. «Nous évoluons de manière associative, conceptuelle et progressive. Les créations individuelles et collectives se complètent et s’unissent tout naturellement. La musique et les performances sont marquées par nos images intérieures, nos pressentiments, nos souvenirs, nos expériences et nos fantasmes. La vie de tous les jours, la mythologie, la réalité physique, les choses populaires et le caractère national, les coutumes et l’enfance sont nos sources d’inspiration tant pour la forme que pour le contenu.» Après toutes ces considérations existentielles, la question Ardicon, inévitable, s’échappe: Qui couche avec qui? Et Sus Zwick de répondre avec noblesse: «Quelques unes couchent entre elles et d’autres non.»

Reines Prochaines en concert
le 16.10 à la Comédie de Genève, 20h30.