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«Le cul entre deux chaises» ou le complexe des bi·e·x·s

«Le cul entre deux chaises» ou le complexe des bi·e·x·s
Delia Giandeini on Unsplash

Invisibilisé·e·x·s et discriminé·e·x·s, les bisexuel·le·x·s se retrouvent souvent malgré elleux dans une zone grise entre hétérosexualité et communauté LGBTIQ+. On leur a donné la parole.

Les bisexualités sont structurellement invisibles, en particulier dans une société qui«valorise le dualisme entre hétérosexualité et homosexualité» écrit le sociologue Félix Dusseau. Collective, cette invisibilisation est aussi individuelle, poussée par des personnes qui nient l’existence même de la bisexualité. Elle est également intériorisée chez les personnes concernées qui, par peur de discriminations, ne sont jamais vraiment out

«Je n’existe pas»

Pauline, 30 ans, explique: «Je ne me suis jamais sentie vraiment acceptée par la communauté LGBTIQ+, d’autant que je suis en couple avec un homme cisgenre. On me le fait bien sentir et je le ressens aussi. Certes, je ne subis pas d’oppression en étant en couple hétero mais mon orientation sexuelle est invisibilisée. En même temps, elle n’est pas visible non plus… Alors je ne sais pas où me mettre, je ne suis ni hétéro, ni LGBTIQ+. J’ai juste le cul entre deux chaises.»

Diane, 32 ans, renchérit: « Je vis dans un certain isolement. Bisexuelle en couple avec un homme et mère de deux enfants, je suis trop hétéro pour les lesbiennes et les gays, et trop LBGTQI+ pour la société hétéronormée(-normative). Je me retrouve dans une situation où, soit je n’existe pas, soit je n’existe qu’à travers mon couple et mes enfants.»

Double peine

C’est souvent au sein de la communauté LGBTIQ+, pourtant espérée comme plus ouverte aux sexualités plurielles, que se joue l’invisibilisation, sinon l’ostracisme. «Des personnes m’ont dit que je ne faisais pas vraiment partie de la communauté LGBTIQ+. Ce qui factuellement n’est pas totalement faux. Mais c’était dit méchamment et non dans un objectif de débat. Je n’étais pas légitime, point. Aujourd’hui je suis en trouple poly-amoureux avec un copain et une copine et je ne suis toujours pas dans la « norme » du mec 100% gai qui devrait exister aux yeux de certain·e·x·s de la communauté LGBTIQ+ » explique Léo, 24 ans. Et d’ajouter: « Sous prétexte qu’on sort aussi avec des personnes du sexe opposé, on ne serait pas victimes de discriminations. Or, on cumule les discriminations habituelles et celles des autres orientations LGBTIQ+, c’est double peine.»

Domitille, 36 ans, ajoute: « Je pense que le fait d’être bi et non lesbienne m’a pas mal coupée d’opportunités de jolies relations avec des lesbiennes. Quand tu commences à discuter et flirter, et qu’elles comprennent, il y a comme un mur qui se dresse.»

Prise de distance

De fait souvent exclu·e·x·s par leurs adelphes gai·e·x·s et/ou trans*, les bi·e·x·s en viennent souvent à prendre elleux-mêmes leurs distances vis-à-vis de la communauté LGBTIQ+. En effet, elles sont amenées à éprouver un sentiment l’illégitimité. «On m’a bien fait comprendre que je n’avais pas ma place à la Pride. Je me suis éloignée et j’ai tracé ma route. » raconte Domitille. « Je m’entoure désormais de personnes safe et en qui j’ai confiance. Je ne veux plus avoir à me justifier d’être qui je suis. Le fait d’avoir quitté le petit milieu gai parisien m’a aussi beaucoup aidé. » explique Léo.

Le poids de l’ostracisme

Reste que les discriminations subies ont un poids. Comme le montre une étude réalisée par l’association BiCause en 2018, le moral des bi·e·x·s n’est pas bon: 67% des répondant·e·s ayant été victimes de rejets, discriminations en raison de leur orientation sexuelle et/ou affective/romantique, déclarent que cela a eu une conséquence sur leur moral ou leur santé mentale. En outre, à force de prise de distance et de difficultés à s’identifier, les bi·e·x·s ne se sentent pas ou peu concerné·e·x·s par les campagnes de prévention en santé sexuelle.

Des chiffres qui invitent à une lutte sans relâche contre la biphobie et à une véritable inclusion des bi·e·x·s au sein de la communauté LGBTIQ+